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Critique de Brooklyn_by_the_sea


C'est un livre patchwork aux couleurs sombres.
Dans ce roman, Sébastien Spitzer imagine la vie de Frederick Demuth, le fils adultérin de Karl Marx, né à Londres ("le coeur battant du monde") en 1851. Recueilli par une pauvre immigrée irlandaise, Freddy connaîtra une jeunesse miséreuse dans l'Angleterre industrielle du XIXe siècle, tandis que son géniteur se consacrera entièrement à l'écriture du "Capital".
L'auteur alterne les chapitres dédiés à Freddy et ceux relatifs à Marx et Engels, et ce sont ces derniers qui m'ont le plus intéressée -et déçue. Spitzer s'est bien documenté, et la description qu'il fait des deux théoriciens de la lutte des classes m'a beaucoup agacée : Marx est incapable de gagner sa vie et de gérer son argent, et en attendant de toucher son héritage, il se fait entretenir par son fidèle Friedrich, qui dirige l'usine de son papa, et se détend en chassant le cerf et le renard. Bon, l'une des rares choses que j'ai retenues de mes cours de philo, c'est que philosopher est un luxe qui nécessite temps et argent ; Marx illustre tout à fait ce principe, et je savais que la vie de ces deux hommes n'était pas à la hauteur de leur légende, mais quand même... J'ai également eu du mal à m'attacher aux autres personnages, qui me paraissent manquer d'étoffe et de cohérence -à l'exception de Tussy, la benjamine de la famille Marx, la seule à apporter une touche lumineuse dans ce roman.
Mais ce qui m'a le plus rebutée dans ma lecture, c'est le style de l'auteur. J'avais pourtant beaucoup aimé "Ces rêves qu'on piétine", mais j'ai eu énormément de mal à lire celui-ci. J'avais parfois l'impression que Spitzer cherchait à imiter Pierre Lemaître -mais Lemaître est inimitable ! Cette écriture m'a semblé heurtée, confuse, et de ce fait, j'ai souvent eu du mal à me repérer dans l'intrigue.
Toutefois, j'ai apprécié l'aspect historique du roman, notamment la reconstitution de l'Angleterre victorienne, à la fois crasseuse et conquérante, dure avec les faibles et douce avec les forts, traversée par la "famine du coton" et la révolte des Fenians. En outre, la condition des femmes de cette époque est particulièrement bien décrite. C'est donc un livre que je conseillerais davantage aux lecteurs férus d'Histoire plutôt que de littérature, tant il me semble que l'auteur a assemblé divers morceaux de réalité avec du fil romanesque.
Mais un peu trop épais à mon goût, ce fil.
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