Le bateau décolla sur des ailes d'acier, et le voyage vers le sud commença. […] Le bateau tanguait sur le passage en pleine mer du côté de Stord. […] Le sommet des vagues écumait vers nous, et je m'agrippai à mon siège. […] À l'abri de Randaberg, la mer se calma brusquement, et nous pûmes nous appliquer à remettre nos estomacs en place, au lieu de les avoir à la gorge comme à présent. La plupart des voyageurs avaient l'air soulagé, comme après des obsèques qui n'en finissent pas.
L'eau presque noire qui dansait le long des quais était tout sauf attrayante. Elle sentait fort le mazout. Un chou au rebut entouré d'un voile de mousse sale, un préservatif usagé, le cadavre d'une bouteille fermée par une capsule à visser dorée et la peau d'une orange flottaient près d'une planche pourrie : les maigres reliquats d'une soirée réussie, peut-être. ( p 111 )
On aurait dit que le visage de la vieille femme était sculpté dans un bout de bois noueux. Sous sa peau se cachaient des couches d'obscurité, dans lesquelles le deuil s'était installé, à jamais. ( p 13 )
C'est les ivrognes et les chauffeurs de taxi qui disent la vérité.
Les flocons de neige fondue me caressaient le visage comme des lambeaux de laine humide.
Je pensai à Ronald Reagan. Ce serait un véritable soulagement d'échapper à sa présidence, mais... je n'étais pas prêt à le payer de ma vie.
- Tu es un vrai philosophe, toi, sourit-elle.
[...] Non. J'ai vu un peu trop de films de Woody Allen.
J'ai toujours le même sentiment quand je me trouve comme ça : en hauteur et près de la mer. Quand tu atteins une sorte de sommet prés du littoral, tu te rends compte de l'immensité de l'océan. Ça me donne une idée claire de notre insignifiance - c'est comme regarder l'écorce terrestre, tranchée. Comme on est petit sur cette couche fine qui sépare le feu et l'éternité.
C'est des ivrognes et des chauffeurs de taxi que vient la vérité.
Elle a un tigre domestique entre les jambes et gare à vous si elle le lâche !