Au matin du 1er janvier 1900, la jeune Trine découvre le corps de son patron, roué de coups, au pied des marches de la maison familiale. le consul Frimann venait de fêter le passage au XXè siècle en compagnie de quelques amis, tous d'éminents notables de la ville de Bergen. La police de la ville est sur les dents pour retrouver le coupable de ce meurtre odieux. L'inspecteur Moland, qui jusque là n'a eu à gérer que des crimes entre ivrognes, se voit confier l'affaire. Son enquête le mène sur la piste de Maren Kristine Pedersen qui semble avoir connu intimement la victime ainsi que ses amis. Tout s'enchaîne ensuite très vite, le meurtrier est identifié et l'affaire est classée. Pourtant, des doutes subsistent. Et si le jeune paysan accusé était innocent. Au fil du temps, le meurtre du consul Frimann continuera de hanter ceux qui étaient aux premières loges ce fameux 1er janvier...
Délaissant pour un temps son détective fétiche Varg Veum, Gunnar Staalesen se lance dans l'ambitieux projet de raconter Bergen au XXè siècle. Auteur de polar oblige, il démarre son roman par un meurtre mais celui-ci est secondaire, son but étant bien de décrire sa ville au moment où elle se lance à la conquête du nouveau siècle. Deuxième ville de Norvège, cité portuaire, centre théâtral, Bergen attire ceux qui veulent quitter leurs fermes montagnardes ou leurs bateaux dans les fjords pour réussir. le pays tout entier est en pleine expansion. le chemin de fer se développe, donnant lieu à des prouesses techniques et nécessitant de la main d'oeuvre volontaire et courageuse. Mais les ouvriers ne sont pas les seuls à caresser des ambitions, la petite bourgeoisie aussi veut s'élever. On spécule, on investit, on rêve d'une ville prospère, en mesure de concurrencer la capitale.
A travers le destin de quelques berguénois issus de toutes les couches de la population, Staalesen nous emmène dans une visite de la ville, jusqu'en 1916. Bergen, en quinze ans environ, va connaître un essor considérable plongeant de plain pied dans la révolution industrielle et son cortège de progrès. Un premier tome passionnant qui augure une suite à sa mesure. Une belle preuve d'amour de Staalesen pour sa ville natale.
Autant prévenir le lecteur de suite, car s'il désire connaître la vérité sur le meurtre de ce premier tome, il lui faudra attendre l'avoir lu le sixième...
C'est dire que l'intérêt de cette énorme saga est ailleurs!
Gunners Staalesen est natif de Bergen. On peut affirmer qu'il a planché son sujet et que cette oeuvre romanesque de 1600 pages est un véritable travail de sociologue.
Sur un siècle d'histoire de la ville, il déplie une saga de familles diverses, d'origines sociales différentes, offrant un vrai panoramique de la cité et de son expansion.
Bergen en est le premier personnage, construite, détruite, reconstruite. Elle vit, grandit, se transforme avec ses habitants, la révolution industrielle, la guerre, l'occupation allemande, le feu, les épidémies et la découverte du pétrole.
La description de la ville est précise, et invite au voyage. J'ai même vécu cette lecture avec un plan en mains pour mieux suivre les personnages. Ils sont légions et il est à noter que les arbres généalogiques n'apparaissent que dans les derniers livres.
Tableau du xxème siècle norvégien, fresque historique et sociale dont le fil rouge est un assassinat, cette lecture demande le souffle du coureur de fond mais on est largement récompensé par la connaissance et l'érudition acquise concernant la Norvège et cette belle Bergen.
Osez cette lecture. C'est une oeuvre majeure et remarquable.
J'entame cette saga de six volumes sur les conseils d'un ami Babélio (comment, au fait, doit-on dire, babélionaute, babéliaute, babélioiste ???)... Je l'en remercie vivement. PGilly, merci ! Je termine ce premier tome enchantée, ravie, j'ai appris plein de choses...
Sous un prétexte et une étiquette de "polar nordique", ce livre est multigenre, et j'apprécie énormément.
Donc certes, il existe bien une intrigue policière, toute simple, on pourrait dire bêtasse (mais c'est fait tout exprès), on peut la révéler, un homme de la haute société norvégienne de la ville de Bergen, est assassiné premier jour de l'an 1900. Et un duo de policiers enquête.
Simplissime.
Mais, l'auteur construit son roman comme une intrigue. Tisse des tableaux qui ne s'entrecroisent pas toujours à l'évidence, met en scène des personnages, une véritable fourmillière, qui finit par brosser toute la société berginoise.
Dans un contexte historico-socio et un peu politique fabuleux : la construction du chemin de fer et le creusement des tunnels (et donc la condition des travailleurs sortis de leur campagne), l'exode rural, l'indépendance de la Norvège, la condition des femmes, aussi bien les bourgeoises que les filles de fermes et les domestiques, l'urbanisation, l'arrivée de l'âge industriel, la fée électricité, l'automobile.
On aurait pu craindre une espèce de sac à malices, de fourre-tout, vide-poches, du genre, j'y colle tout et chacun y trouvera son compte. Non, parce que c'est remarquablement construit, glissé, d'un personnage à l'autre, d'un lieu à un autre, et au niveau temporel, la synthèse allège considérablement le récit. L'écriture sait être elliptique quand il le faut.
J'ai hâte de passer au second volume.
Au matin du jour de l'An 1900, une jeune domestique retrouve le corps du consul Frimann assassiné alors qu'il regagnait son domicile après une nuit de fête. L'inspecteur Moland est chargé de l'enquête. Tout semble indiquer qu'une demoiselle Pedersen, connue de nombreux notables de Bergen pourrait bien avoir un rôle dans l'affaire.
A partir de cette intrigue, somme toute assez secondaire, Gunnar Staalesen se lance dans une chronique des années 1900 à Bergen, ville en pleine mutation. Il décrit les différentes classes sociales et leurs aspirations. La bourgeoisie commerçante qui est en pleine ascension, accumule le capital et se met à rêver de concurrencer les capitalistes de Kristiania, les fils de paysans, nés dans les montagnes et au fond des fjords qui tentent leur chance à la ville.
Staalesen montre très bien comment la ville de province se hisse au rang de métropole du sud, grâce notamment à l'arrivée du chemin de fer et à son port qui devient incontournable au fur et à mesure que les transports intérieurs s'améliorent.
Les personnages de Gunnar Staalesen ne manquent pas d'épaisseur, il prend le temps de décrire les mentalités, de montrer les valeurs. Dans ce premier tome, il met en scène une bourgeoisie triomphante, qui est prête à écraser tout ce qui pourrait faire obstacle à son triomphe qui est certes du côté du progrès économique mais continue à véhiculer des valeurs étriquées et, assez classiquement, n'entend rien aux aspirations des classes laborieuses, prête à financer la construction d'un nouveau théâtre mais se méfiant des oeuvres trop modernes.
Le livre se termine avec la description du grand incendie de 1916. Et on ne sait toujours pas qui a tué Frimann.
Il s'agit de la vie croisée de petites gens et de grands bourgeois et aristocrates habitant Bergen et sa région en 1900.
Le roman commence par un meurtre. L'enquête menée principalement par deux policiers progresse puis piétine. Mademoiselle Pedersen est un "témoin clé" de l'assassinat.
Un viol commis sur une bonne dans une maison de notable, événement qui semble habituel à l'époque dans les "grandes maisons", aura des conséquences pour la ville entière.
Un plan de Bergen, en début de livre, permet de suivre les déplacements des personnages et de situer les adresses de chacun. En pratique, j'ai eu quelques difficultés à lire les noms de rues et de lieux dans la langue de Staalesen.
Je reste sur ma faim, car j'ai bien envie de connaître le suite de cette saga de 1600 pages, tant le style de l'auteur est agréable. je dois progresser dans la lecture du norvégien. Mais pour cela, je devrai me procurer les tomes suivants.
![]() | Telerama 20 juillet 2011
La grande histoire croise ici sans cesse la petite, la chronique politique renvoie à la vie familiale. La prouesse rejoint le plaisir.
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