Premièrement, être flic lui donnait une bonne raison de se sentir aussi mal dans sa peau, ce qui aurait de toute façon été le cas. Vingt-deux ans et déjà retraité de l’héroïne, aucun motif de nager dans le bonheur. Si on creusait, être junkie se résumait à faire un métier de fou. D’une certaine manière, pensait-il, il avait besoin d’une vie offrant autant de démence ordinaire que celle qu’il avait quittée…
N’importe quel amateur le savait, si tu dépouilles une tante pour lui prendre son larfeuille, tu vas pas tomber pour agression, tu vas tomber pour crime discriminatoire. Le monde entier s’offrait au pillage et au vol. On n’avait pas besoin de descendre dans une taule où la moindre gifle était un crime fédéral. À moins, bien sûr, qu’on ait d’autres raisons de se trouver là.
Beaucoup d’hommes appréciaient qu’une fille ait un arrière-train rembourré. Mais avoir à s’insérer et à s’extraire de la sorte de la Gremlin, ça n’était pas seulement indigne, c’était dangereux.
… Elle croit qu’on sait pas que la moitié du personnel se tape des vieux pour se faire de l’argent de poche. C’est pour ça qu’ils recrutent des jeunes. Une fille un peu futée peut ramasser le gros lot. Suffit qu’un palpitant hors d’âge crame un fusible au plumard, et bingo. N’importe quelle famille de rupins crache la monnaie.
Tout cela s’était déroulé pendant la présidence de Kennedy, à la grande époque de Marilyn Monroe, et certains investisseurs de confession méthodiste pensaient que le nom de « Bas-Marilyn » contenait un double sens néfaste. Aucune âme pieuse craignant Dieu ne désirerait s’enraciner à un endroit dont le nom évoquait la partie inférieure de l’anatomie d’une actrice. Pourquoi le Haut était-il décent et le Bas tabou fut une question à l’origine d’un folklore obscène et incendiaire pendant des décennies.