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Citations sur Delphine (152)

Peut-être qu’en effet ma raison est troublée ; un caractère enthousiaste et passionné ne serait-il qu’un pas vers la folie ? Elle a son secret aussi, la folie ; mais personne ne le devine, et chacun la tourne en dérision.

Non, mes plaintes sont injustes ; non, je veux en vain me le dissimuler, ce n’est pas pour mes vertus que je souffre, c’est pour mes torts. Ai-je respecté la morale et mes devoirs dans toute leur étendue ? Il n’y avait rien de vil dans mon cœur, mais n’y avait-il rien de coupable ? Devais-je revoir Léonce chaque jour, l’écouter, lui répondre, absorber pour moi seule toutes les affections de son cœur ? n’était-il pas l’époux de Mathilde ? m’était-il permis de l’aimer ? Ah Dieu ! mais tant d’êtres mille fois plus condamnables vivent heureux et tranquilles, et moi, la douleur ne me laisse pas respirer un seul instant ; l’ai-je donc mérité ?

L’Être suprême mesure peut-être la conduite de chaque homme d’après sa conscience ! L’âme qui était plus délicate et plus pure est punie pour de moindres fautes, parce qu’elle en avait le sentiment et qu’elle l’a combattu, parce qu’elle a sacrifié sa morale à ses passions, tandis que ceux qui ne sont point avertis par leur propre cœur vivent sans réfléchir et se dégradent sans remords. Oui, je m’arrête à cette dernière pensée, mes chagrins sont un châtiment du ciel ! j’expie, mon amour dans cette vie. Ô mon Dieu ! quand aurai-je assez souffert, quand sentirai-je au fond du cœur que je suis pardonnée ? (Folio, p.734)
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Combien il est peu d’écrits qui vous disent de la souffrance tout ce qu’il faut en redouter ! Oh ! que l’homme aurait peur s’il était un livre qui dévoilât véritablement le malheur ; un livre qui fit connaître ce que l’on a toujours craint de représenter, les faiblesses, les misères qui se traînent après les grands revers ; les ennuis dont le désespoir ne guérit pas ; le dégoût que n’amortit point l’âpreté de la souffrance ; les petitesses à côté des plus nobles douleurs ; et tous ces contrastes et toutes ces inconséquences, qui ne s’accordent que pour faire du mal, et déchirent à la fois un même cœur par tous les genres de peines ! (Folio, p.728)
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Vous êtes la femme de Léonce, vous avez sur son cœur des droits que j’ai dû respecter ; mais je l’aimais, mais vous n’avez pas su peut-être qu’avant de vous épouser… Laissons les morts en paix. Vous m’avez adjurée de partir au nom de la morale, au nom de la pitié même : pouvais-je résister, quand il devrait m’en coûter la vie ? Mathilde, vous allez être mère, de nouveaux liens vont vous attacher à Léonce : femme bénie du ciel, écoutez-moi : si celui dont je me sépare me regrette, ne blessez point son cœur par des reproches ; vous croyez qu’il suffit du devoir pour commander les affections du cœur, vous êtes faite ainsi ; mais il existe des âmes passionnées, capables de générosité, de douceur, de dévouement, de bonté, vertueuses en tout, si le sort ne leur avait pas fait un crime de l’amour ! Plaignez ces destinées malheureuses, ménagez les caractères profondément sensibles ; ils ne ressemblent point au vôtre, mais ils sont peut-être un objet de bienveillance pour l’Être suprême, pour la source éternelle de toutes les affections du cœur. (Folio, p.705)
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Ah ! le passé, le passé ! quels liens de douleur nous attachent à lui ! Pourquoi les jours ne s’écoulent-ils pas sans laisser aucune trace ? L’imagination peut-elle suffire à toutes ces formes du malheur, qu’on appelle les divers temps de la vie ? (Folio, p.700)
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Si je puis rétablir ma réputation dans le monde, ce n’est point, j’en suis sûre, en recourant au zèle ou à l’amitié de quelques personnes en particulier ; c’est un hasard heureux dans la vie que d’être secouru par les autres ; il n’y faut point compter, il faut encore moins le demander : j’aime mieux reparaître courageusement dans la société, et me conduire comme si je méprisais tellement les mensonges qu’on a osé répandre, que je ne daignasse pas même m’en souvenir. Par degrés, les faibles, me voyant de la force, se rapprocheront de moi ; ils me reviendront dès qu’ils croiront que je puis me passer de leur secours. Il y a dans le cœur de la plupart des hommes quelque chose de peu généreux qui les porte à se mettre en garde contre les démarches les plus communes de la société, dès qu’ils aperçoivent qu’on les désire d’eux vivement. Ils craignent qu’on n’ait un intérêt caché dans ce qui leur semble le plus simple, et redoutent de se trouver par malheur engagés à faire plus de bien qu’ils ne veulent. Élise, nous ne sommes pas ainsi, nous qui avons souffert : oui, dans toutes les relations de la vie, dans tous les pays du monde, c’est avec les opprimés qu’il faut vivre ; la moitié des sentiments et des idées manquent à ceux qui sont heureux et puissants. (Folio, p.665)
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Les envieux nous avertissent de nos qualités par leur haine. (Folio, p.659)
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Pour obtenir le bonheur d’être la femme de Léonce, je ne sais quel est le supplice qui ne me paraîtrait pas doux ! Je vous l’avoue dans la sincérité de mon cœur, j’accepterais avec délice trois mois de ce bonheur et la mort. Mais je le demande à vous-même, âme noble et généreuse ! auriez-vous épousé votre Élise aux dépens du bonheur d’un autre ? voudriez-vous de la félicité suprême à ce prix ? Où se réfugier pour éviter le regret de la peine qu’on a causée ? Connaissez-vous un sentiment qui poursuive le cœur avec une amertume si douloureuse ! L’amour, qui fait tout oublier, devoirs, craintes, serments, l’amour même donne à la pitié une nouvelle force ; ce sont des sentiments sortis de la même source, et qui ne peuvent jamais triompher l’un de l’autre. L’ambitieux perd aisément de vue les chagrins qu’il a fait éprouver pour arriver à son but ; mais le bonheur de l’amour dispose tellement le cœur à la sympathie, qu’il est impossible de braver, pour l’obtenir, le spectacle ou le souvenir de la douleur. On se relève de beaucoup de torts ; la vertu est dans la nature de l’homme ; elle reparaît dans son âme après de longs égarements, comme les forces renaissent dans la convalescence des maladies ; mais quand on a combattu la pitié, on a tué son bon génie, et tous les instincts du cœur ne parlent plus. (Folio, p.648-649)
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M. de Mondoville a été élevé dans un pays où l’on tient beaucoup à toutes les idées comme à tous les usages antiques ; mais il est trop éclairé pour ne pas sentir que les illusions qui inspiraient autrefois de grandes vertus n’ont pas assez de puissance maintenant pour les faire renaître. (Folio, p.645)
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D’où vient donc ce sublime accord entre notre être et nos devoirs ? De la même Providence qui nous a attirés par une sensation douce vers tout ce qui est nécessaire à notre conservation. Quoi ! la Divinité, qui a voulu que tout fût facile et agréable pour le maintien de l’existence physique, aurait mis notre nature morale en opposition avec la vertu ! la récompense nous en serait promise dans un monde inconnu ; mais pour celui dont la réalité pèse sur nous, il faudrait réprimer sans cesse l’élan toujours renaissant de l’âme vers le bonheur ; il faudrait réprimer ce sentiment doux en lui-même, quand il n’est pas injustement contrarié !

De quelles bizarreries les hommes n’ont-ils pas été capables ! Le Créateur les avait préservés de la cruauté par la sympathie ; le fanatisme leur a fait braver cet instinct de l’âme, en leur persuadant que celui qui en avait doué leur nature leur commandait de l’étouffer. Un désir vif d’être heureux anime tous les hommes ; des hypocrites ont représenté ce désir comme la tentation du crime. Ils ont ainsi blasphémé Dieu, car toute la création repose sur le besoin du bonheur. Sans doute, on pourrait abuser de cette idée comme de toutes les autres, en la faisant sortir de ses limites. Il y a des circonstances où les sacrifices sont nécessaires ; ce sont toutes celles où le bonheur des autres exige que vous vous immoliez vous-même à eux ; mais est toujours dans le but d’une grande somme de félicité pour tous que quelques-uns ont à souffrir ; et le moyen de la nature, au moral comme au physique, ce sont les jouissances de la vie. (Folio, p.642)
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Les stoïciens, comme les catholiques, croyaient que le malheur rend l’homme plus vertueux ; mais leur système, purement philosophique, était infiniment moins dangereux. Chaque homme, se l’appliquant à lui seul, l’interprétait à sa manière ; il n’était point uni à ces superstitions religieuses qui n’ont ni borne ni but. Il ne donnait point à un corps de prêtres un ascendant incalculable sur l’espèce humaine ; car l’imagination répugnant aux souffrances, elle est d’autant plus subjuguée quand une fois elle s’y résout, qu’il lui en a coûté d’avantage ; et l’on a bien plus de pouvoir sur les hommes que l’on a déterminés à s’imposer eux-mêmes de cruelles peines, que sur ceux qu’on a laissés dans leur bon sens naturel, en ne leur parlant que raison et bonheur.

L’un des bienfaits de la morale évangélique était d’adoucir les principes rigoureux du stoïcisme ; le christianisme inspire surtout la bienfaisance et l’humanité ; et, par de singulières interprétations, il se trouve qu’on en a fait un stoïcisme nouveau, qui soumet la pensée à la volonté des prêtres, tandis que l’ancien rendait indépendant de tous les hommes ; un stoïcisme qui fait votre cœur humble, tandis que l’autre le rendait fier ; un stoïcisme qui vous détache des intérêts publics, tandis que l’autre vous dévouait à votre patrie ; un stoïcisme enfin qui se sert de la douleur pour enchaîner l’âme et la pensée, tandis que l’autre du moins la consacrait à fortifier l’esprit en affranchissant la raison. (Folio, p.640-641)
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