Oui, je préfère le mot sorcière à de plus jolis mots, car le concept d'une sorcière va à contre-courant de la culture de la mise à distance. Il devrait nous prendre à rebrousse-poil.
Le langage distribue le pouvoir
Le jardin est plein de choses qui doivent être tuées pour que d'autres puissent pousser.
Tous les actes d'amour et de plaisir sont mes rituels.
Nous avons tous le désir de rentrer chez nous, quelque part où nous n’avons jamais été – un lieu, à la fois souvenir et vision, dont nous pouvons seulement capter des aperçus de temps en temps. La communauté. Quelque part, il y a des gens auxquels nous pouvons parler avec passion sans que les mots nous restent dans la gorge. Quelque part, un cercle de mains s’ouvrira pour nous recevoir, des yeux s’allumeront quand nous entrerons, des vois célèbreront avec nous notre entrée dans notre propre pouvoir. La communauté signifie une force qui rejoint notre propre force pour faire le travail qui doit être fait. Des bras pour nous soutenir quand nous défaillons. Un cercle de guérison. Un cercle d’amis. Un lieu où nous pouvons être libres.
Beaucoup de femmes aujourd’hui diraient qu’elles n’ont besoin d’aucune connexion avec la masculinité, quelle que soit la manière dont elle est définie ou transformée. Pour certaines, cela peut être vrai. Pour d’autres femmes et d’autres hommes, les rôles d’homme qu’offre notre culture ont tellement souillé la masculinité qu’on ne peut l’approcher sans se salir.
Nous sommes conduits à croire que chacun peut y arriver s'il travaille suffisamment dur. Mais en réalité, les récompenses de la culture sont réservées à une petit élite, prédestinée au succès par le sexe, la classe et l'environnement. Une poignée d'autres y arrivent aussi - juste assez pour perpétuer le mythe que ceux qui tombent sur le bord de la route sont victimes de leurs propres manques et non des inégalités accumulés contre eux. Et même l'élite doit s'accrocher à ce qu'elle a, car l'abîme de l'échec s'ouvre sous ses pieds. Un faux pas et ils peuvent eux aussi tomber par-dessus bord.
Ainsi je parle de la Déesse comme d'une tisserande, une araignée, et je commence à faire attention aux araignées qui tissent leur toiles dans les coins. Je fais l'expérience de la toile comme un rythme de fils et d'espaces. Je vois qu'il y a des nœuds et des vides , et que le jeu de la matière et de l’espace donne à toute la toile une tension , la rend à la fois robuste et élastique, un ressort. Je médite que la toile et c'est cette sensation de robustesse que je retiens, que je savoure, que j'incorpore jusqu'à être capable de la rappeler à volonté. JE cherche dans ma propre vie ces nœuds, ces espaces - dans les mots, dans les relations - , et connaître la sensation de la toile me donne le pouvoir d'être capable de sentir la robustesse dans les nœuds et les espaces de ma vie.
Quand je parle en public, je demande toujours au groupe : "Voudriez-vous avoir une vision de la Déesse ? " Quand elles disent oui, je leur dis de se tourner vers la personne assise à côté d'elles et de la regarder. La Déesse immanente n'est pas une abstraction.
La magie a souvent été pensée comme l'art de faire devenir vrais les rêves ; l'art de réaliser les visions. Mais avant que nous puissions rendre réelle la vision d'une culture intégrée, nous devons la voir. Nous devons avoir de nouvelles images à l'esprit, nous aventurer dans un paysage transformé, raconter de nouvelles histoire. Mais les histoire de la mise à distance ont formé nos esprits ; comment nous libérer d'elles si une vision nouvelle n'est pas déjà là pour nous aider ?