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Citations sur Petit traité de la joie (28)

C'est inaudible pour notre désir, car le désir, par essence, veut que le monde soit autre qu'il n'est. Il veut l'ordonner à lui et agir en ce sens. C'est inaudible mais il faut le lui dire: le monde est déja justifié. Saturé de joie, de beauté et de saveur, il est depuis longtemps la victoire de la vie sur la mort, de l'être sur le néant, du sens sur le non-sens. Tout ce que nous vivons aujourd'hui, c'est comme par surcroît qu'il nous est donné de le vivre: notre souci et notre affairement n'y changeront rien. En mille de ses points, le monde a trouvé de quoi le justifier. Au désir, toujours impatient de faire, de prendre et de ne rien perdre, il faut donc répéter ces mots de lésus sur la Croix: «Tout est accompli.» Il n'y a plus qu'à célébrer.
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Et c'est peut-être jusque-là qu'il nous faut oser aller: jusqu'à dire que ce monde, devrait-il finir demain, aura accueilli en son sein assez de beauté et de bonté pour qu'on ne puisse rien ajouter ou retrancher à sa pleine perfection. Mille fois, en mille lieux, dans le rire des enfants ou le pleur de joie, dans la beauté des cieux et la bonté des êtres, par la parole qui guérit et le geste qui sauve, le monde a trouvé son entière justification et son plein accomplissement.
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«Nous ne savons pas recevoir: nous ne croyons pas à la gratuité du don», écrit Denis Vasse. Toujours, nous croyons qu'il faut payer ou faire payer: éternelle logique du sacrifice. Pourtant, dans l'optique chrétienne qui nous intéresse ici, le sacrifice sanglant a déjà eu lieu, une fois pour toutes.
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Voilà en effet le mauvais mécanisme mental qu'il nous faut enrayer: nous partons de ce qui aurait pu - ou aurait dû - être, et condamnons ce qui est en son nom. «Je serais heureux si jétais ceci ou cela...»: bonheur soumis à condition, vie conjuguée au conditionnel. Jamais nous n'avons la présence d'esprit de partir de ce qui est, ou de faire détour par ce qui aurait pu ne pas être afin de mieux arriver à ce qui est.
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La résignation est de ces oui qu'on dit du bout des lèvres. Son intensité est lâche comme le sont ses filets: le résigné dit oui à tout, même au mal par lequel il se laisse abattre. Le consentement, au contraire, en clamant haut et fort son adhésion, offre sa voix à ce qu'il y a de puissant dans la vie. Tout oui véritable dit non à la mort. Or la résignation, en baissant les bras, en les privant soudain du tonus qui tient le mal éloigné, les ouvre à tout-va. Elle est un oui qui ne sait pas dire non à ce qui, pourtant, doit mourir. Elle n'a que l'apparence du oui puisquelle n'est jamais qu'un renoncement. Son adhésion est une adhérence: la résignation nous plombe un peu plus, comme la mouche collée au fond d'un verre s'arrête enfin de remuer les ailes.
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Jusqu'où doit aller ce refus de ce qui se fait en I'homme sans l'homme? Jusqu'au bout? Jusqu'à la mort? Jusqu'à refuser la vie reçue? Logiquement, oui. Les vertus d'abnégation, de courage, de sacrifice, de renoncement ont de tout temps signifié l'homme. Qui les possède montre qu'il n'est plus le jouet de cet instinct plus puissant que les autres: l'instinct de survie. Dans cet ordre d'idée, le suicide a pu être conçu comme un acte suprême de liberté.
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Dans cet ordre d'idées, il n'est pas absurde de penser que tous, nous sommes des accidents. Tous? Même ceux qui furent désirés par leurs parents et ont échappé au traumatisme de s'entendre dire que leur existence est une erreur, parce qu'ils nétaient ni prévus ni attendus? Accidents, nous le sommes tous dans la mesure où même l'enfant désiré n'a pas pu être désiré en tant que ce qu'il est: ce ne peut être moi, tel que je suis au plus profond de mon être, que mes parents ont voulu mettre au monde. Car que savaient-ils alors de ce que je suis? Que connaissent-ils de ce que je deviendrais? «Attendre un enfant», c'est attendre de lui qu'il soit sage comme une image, celle que ses parents se sont faite de lui, celle qui le précède et à quoi il peinera à ressembler.
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C'est donc cela: je suis à moi-même une surprise. Non point une surprise par-derrière. Pire: c'est par dedans que je suis surpris. Ma propre vie est quelque chose qui ne m'est pas d'abord propre: elle est quelque chose qui m'arrive. D'autant plus étrangère quelle n'est pas autre chose que moi-même. Au soir de retrouvailles familiales, je regarde les photos vieillies: j'identifie cet enfant comme étant celui que je fus. Mais je ne m'y reconnais pas. Les premiers mots de mon histoire, ce n'est pas moi qui les ai prononcés.
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