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Citations sur Les pâturages du ciel (34)

Après les indispensables obligations de vivre et de se reproduire, l'homme a, de plus, besoin de laisser quelques archives de lui-même, une preuve, peut-être, qu'il a vraiment existé. Il laisse cette preuve sur le bois, sur la pierre, ou dans la vie des autres gens. Ce désir profond existe chez tous les êtres, depuis le garçon qui écrit des mots impurs dans une toilette publique, jusqu'au Bouddha qui grave son image dans l'esprit de sa race. La vie est tellement irréelle. Je pense que nous doutons terriblement de notre existence et que nous tentons toujours de nous prouver qu'il est bien vrai que nous vivons.
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Vous savez que je ne mange jamais de poulet. Je ne souffle jamais mot à personne pourquoi je n'en mange pas. Je me contente de dire que je n'aime pas le poulet. (...) Quand j'étais gosse — âgé de douze ans — j'avais l'habitude de livrer quelques provisions d'épicerie avant d'aller à l'école. Bon. Près de la brasserie, vivait un vieillard infirme. (...) Il avait une jambe coupée, à hauteur de la cuisse (...). Avec sa béquille, il allait et venait assez bien, mais plutôt lentement. Un matin, comme je passais par là avec un panier rempli de marchandises, ce vieillard était dehors, dans sa cour, occupé à tuer un coq. Ce coq était le plus gros Rhode Island rouge que j'aie jamais vu. Ou peut-être était-ce parce que j'étais si petit que le poulet paraissait si énorme. (...) Ce vieillard tenait une hachette dans son autre main. Au moment où il visait le cou du coq, sa béquille glissa un peu, le poulet se tortilla dans la main du vieux qui lui coupa complètement une aile. Et alors, ce vieux-là devint presque fou furieux. Il se mit à donner des coups et des coups de hache toujours au mauvais endroit, dans la poitrine et dans l'estomac. Puis la béquille glissa un peu plus et lui fit perdre complètement l'équilibre, juste comme il allait frapper. Il coupa net une des pattes du poulet et trancha du même coup son propre doigt. (...) À ce moment-là, le vieillard laissa carrément tomber le coq par terre et rentra dans la maison en clopinant, en soutenant son doigt. Et ce coq, dont les boyaux pendants traînaient par terre, se mit à ramper en faisant entendre une espèce de croassement. (...) Eh bien, Mr Banks, je n'ai jamais tué un poulet depuis lors, et je n'en ai jamais mangé un seul. J'ai essayé d'en manger, mais à chaque fois, je vois ce damné Rhode Island rouge se sauver en rampant.
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Bien qu’elle n’y fût jamais venue encore, Miss Morgan, quand elle y arriva, reconnut la propriété des Maltby. Sur le sol, les barrières se couchaient à demi, d’un air las, écrasées sous leur surcharge de ronces. Les arbres fruitiers étendaient leurs branches nues émergeant d’une forêt de mauvaises herbes. Des plants de mûriers sauvages grimpaient jusqu’en haut des pommiers ; des écureuils et des lapins filaient sous ses pieds, et les colombes aux douces voix s’enfuyaient, dans le sifflement de leurs ailes. Dans un haut poirier sauvage, un congrès de geais bleus se livrait, à grand renfort de cris rauques, à une dispute cacophonique. Puis, auprès d’un orme que la splendeur d’un matin de gel revêtait d’un manteau velu, Miss Morgan aperçut les bardeaux tordus et moussus du toit de Maltby. À voir sa tranquillité, on aurait pu croire que ce lieu était abandonné depuis une centaine d’années.

(p. 150-151)
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Hélène Van Deventer était une grande femme, au visage effilé, beau, et aux yeux tragiques. Un sentiment puissant de la tragédie avait dominé sa vie. À quinze ans, elle avait pris des airs de veuve, après qu’on eût empoisonné son petit chat persan. Pendant six mois, elle le pleura, non d’une manière démonstrative, mais d’une voix amortie, et avec des manières silencieuses. Quand elle eut pleuré son chat pendant six mois, son père mourut, et le deuil continua sans interruption. On l’eût dite affamée de tragédie, et la vie lui en avait fourni en abondance.

(p. 95)
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Les broussailles prenaient fin à la lisière d’une petite vallée et un verger leur succédait. Les arbres étaient feuillus et la terre soigneusement cultivée. C’était le verger de Bert Munroe. Souvent, quand la terre était déserte et parcourue par des esprits, Tularecito était venu ici la nuit, s’allonger sur le sol, sous les arbres, et avec la main il faisait des gestes doux comme pour cueillir les étoiles.

(p. 90)
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Un après-midi, Miss Morgan grimpa le long du versant d’une falaise crayeuse, pour graver ses initiales sur la blanche étendue. Dans son ascension, elle se déchira le doigt avec une épine, et, au lieu de graver ses initiales, elle griffonna : « Je suis venue ici et y ai laissé cette partie de moi-même », et elle pressa son doigt sanglant contre le rocher spongieux.
Ce soir-là, elle écrivit dans une lettre : « Après les indispensables obligations de vivre et de se reproduire, l’homme a, de plus, besoin de laisser quelques archives de lui-même, une preuve, peut-être, qu’il a vraiment existé. Il laisse cette preuve sur le bois, sur la pierre, ou dans la vie des autres gens. (…) La vie est tellement irréelle. Je pense que nous doutons sérieusement de notre existence et que nous tentons toujours de nous prouver qu’il est bien vrai que nous vivons. »

(p. 84-85)
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Quand elle sortait avec des garçons, elle parlait d'idéal avec beaucoup d'émotion. Mae savait peu ce qu'était l'idéal, si ce n'est qu'en quelque sorte il décidait de la qualité des baisers qu'on recevait en rentrant de voiture à la maison après le bal.
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oh... eh bien, il est presque impossible de lire une belle chose sans éprouver le désir d'en faire autant soi-même, n'importe.
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Une fois tous les trois mois, Pancho prenait ses économies et partait en voiture à Monterey, pour confesser ses péchés, faire sa pénitence, recevoir l’absolution et se saouler, dans l’ordre indiqué.

(p. 71)
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Julius ne savait rien du mépris de ses voisins pour lui. Il était toujours magnifiquement heureux. Sa vie était aussi fantastique, romantique et sans importance que sa pensée. Il lui suffisait de s'asseoir au soleil et de laisser ses pieds tremper dans le ruisseau. S'il n'avait pas de bons vêtements, au moins il n'avait à aller nulle part où l'on exige de bons vêtements.
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