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sur 578 notes
Quand je songe à ces lecteurs - souvent les plus jeunes, habitués à des films montés avec une broyeuse à papier - se plaindre des descriptions dans les romans, j'ai envie de leur tendre celles de Steinbeck. Car elles ont en plus le bon goût de ne pas être longues.
Page 40-41 (dans la collection Folio) : Doc ramasse des animaux marins dans le Bassin des Grandes marées. Steinbeck nous décrit en une page et demi un monde fantastique où tout ce monde sous-marin s'entredévore avec un luxe de voracité et d'ingéniosité. Ces petits êtres qu'on écraserait sans s'en rendre compte deviennent sous sa plume des Léviathan.
Page 88-89 : Mack et ses acolytes embarquent dans un camion Ford pour une chasse à la grenouille nocturne dans la rivière Carmel. En une demi page, Steinbeck croque cette rivière avec un art consommé de peintre et conclut ainsi : "elle réalise en somme l'idéal parfait de la rivière".

Ce livre n'est pas vraiment un roman. Plutôt une chronique. Celle des pauvres, des marginaux, saisonniers, prostituées, petits délinquants, marée de ce que la Grande Dépression a rejeté sur les rives de Californie. Mais rue de la Sardine, ce ne sont pas les accents bibliques des Raisins de la Colère qui résonnent, juste les rires avinés des compagnons d'infortune qui n'ont pour seul luxe et pour un temps seulement les menus plaisirs de la vie.
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John Steinbeck, auteur classique dans la littérature américaine reste fidèle à son style si particulier, il nous offre un condensé d'une fresque sociale de rue dans ce livre qui ressemble à « Des Souris et des Hommes ». C'est un lieu réel qu'il décrit, dans cette période difficile, où l'alcool et les vicissitudes humaines, l'art de la débrouille, permettent la survie. Toujours dans une grande humanité, sincère sans jamais verser dans le misérabilisme, ce livre se hisse parmi les meilleures de ses oeuvres.
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La Rue de la Sardine c'est un poème.

La Rue de la Sardine c'est du bruit, des odeurs, des écureuils fouisseurs, des chats qui s'ébattent furtivement.
La Rue de la Sardine c'est le Laboratoire de Doc, la maison de passe de Dora, c'est le Palais des Coups avec Mack et ses copains.
Ce sont les chasses à la grenouille pour faire plaisir à Doc, ce sont les compromis faits par chacun, pour vivre mieux, en parfaite harmonie.

La Rue de la Sardine c'est toute une ribambelle de personnages avec leurs tristesses, leurs bagages, tous aussi attachants les uns que les autres. Une petite et grande communauté décrite à merveille par notre Steinbeck, avec sa prose reconnaissable entre toutes.
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Après des souris et des hommes, c'est le deuxième récit de Steinbeck que je lis. Et c'est bien de récit que l'on parle. L'univers proposé et décrit par Steinbeck dans le rue de la sardine est fascinant. Les situations et les personnages ont l'air authentique et propose autant la rudesse du moment que le sourire avec lesquels ses personnages les vivent.
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Il y a deux Steinbeck : celui de Tortilla Flat, et celui des Raisins de la Colère. Celui des Souris et des Hommes et celui de Rue de la Sardine. Là où il sait dépeindre avec gravité et poésie les malheurs terribles endurés par les plus démunis pendant la Grande Dépression, il parvient aussi à en rire et à savoir apprécier l'ivresse des soirées arrosées à la bière entre amis. Il y a deux Steinbeck, mais aucun n'est plus John que l'autre.

Le plus important, c'est que finalement il raconte la même chose sous ces deux angles. La façon dont la société maltraite les plus pauvres, la façon dont elle les broie implacablement. Parfois il décide de se révolter, parfois il décide d'oublier en riant dans l'alcool. Face à l'absurdité du monde, quelle est réellement l'attitude la plus noble ? Il décide de ne pas choisir, et comment lui donner totalement tort. Nous sommes nous aussi alternativement celui qui voudrait porter haut l'étendard des luttes les plus justes, et celui qui baisse les bras et s'enivre, que ce soit d'alcool ou d'autres addictions qui ont pour but de nous aider à survivre aux lendemains qui déchantent.

En furetant un peu j'ai appris en plus que le plus noble des personnages hauts en couleur de cette rue de la Sardine, le Doc poète, amoureux de musique classique, n'ayant pas renoncé à tenter de séduire les femmes plutôt qu'à les « consommer » au bordel du Drapeau de l'Ours chez Dora, que ce Doc tellement généreux qu'il pardonne christiquement à ceux qui l'ont le plus offensé, est en fait inspiré d'un des meilleurs amis de Steinbeck, Ed Ricketts. le Laboratoire, lieu pourtant le plus improbable de cette Rue de la Sardine, avec ses bocaux remplis d'étoiles de mer, de crabes ou de grenouilles, est en fait le plus réel de tous ces lieux et peut encore être visité à Monterrey.

Cette aura de réalisme qui nimbe cette reconstitution baroque d'une ville côtière de le Californie, c'est la petite touche qui manquait pour rendre encore plus touchant ce roman de Steinbeck, et lui donner le sceau de chef d'oeuvre qu'ont déjà atteint pour moi ses autres oeuvres. le final festif où se mélangent beuveries et lecture de poésies est parfaitement à l'image du personnage Steinbeck, attachant comme peut l'être un frère de coeur.
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Marseillaise, j'ai adoré ce roman court et drôle, dans lequel les personnages m'ont rappelés ceux croisés ici et là sur la côte marseillaise. La suite de ce roman " Tendre Jeudi " est tout aussi drôle et bien écrit : Deux romans dont le style diffère des autres romans, plus dramatiques, de Steinbeck.
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Imaginez le petit port de pêche de Monterey en Californie dans les années 1930. La grande dépression est passée par là et chacun essaie de survivre avec les moyens du bord. On va faire connaissance de la rue de la sardine. Là, vous avez le terrain vague, en face, la boutique de Lee Chong, un dur en affaires, plus loin, la maison close de Dora qui accueille les marins en escale et quelques habitués. Juste à côté, le laboratoire biologique de l'ouest, tenu par le Doc au grand coeur (il faudra qu'on fasse quelque chose pour son anniversaire), vous trouverez aussi l'ancienne chaudière de l'usine Heliondo convertie en maison d'habitation pour le couple Malloy, ils y entrent par la porte du four, le problème, c'est qu'il n'y a pas de fenêtre alors que Madame Malloy voue une véritable passion pour les rideaux. Avec les tuyaux de l'ancienne chaudière, on y logera quelques pauvres, un bout de carton de chaque côté. Et puis, il y a la grande batisse où l'on remisait autrefois la farine de poisson dans laquelle logent une bande de pieds nickelés sous la houlette de Mack.
Quand on ne peut pas payer quelques courses chez Lee Chong, on règle ses dettes avec une vieille voiture ou avec des grenouilles de la rivière Carmel qu'il pourra revendre, le taux de conversion est de vingt-cinq grenouilles pour un dollar mais il paraît que le marché des changes n'apprécie pas trop ce nouveau système monétaire.
Donc voilà, le Doc est tellement généreux avec tout le monde qu'il faudrait lui organiser une grande fête pour son anniversaire, mais comme on est tous plus ou moins fauchés, il va falloir user de débrouille et d'imagination. Si chacun met la main à la patte, Mack et ses gars, les filles de chez Madame Dora, les Malloy, Lee Chong et tous les autres, ça devrait être possible…

Un portrait social de la Californie des années 30 que Steinbeck dépeint avec une grande générosité et un certain humour. On se serre les coudes dans la galère, même si l'on n'atteint pas toujours ses buts, souvent à cause des ravages de l'alcool, c'est pas grave, demain, il fera jour et l'on va se refaire !
Dans l'esprit de Tortilla Flat pour celles et ceux qui ont aimé.

Challenge Multi-Défis 2023.
Challenge Riquiqui 2023.
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Ce roman très plaisant a été publié en 1945, et il s'inscrit dans la liste des romans "courts" de Steinbeck. Rue de la sardine, "Cannery Row" en version originale, nous décrit par petites touches, de façon presque impressioniste, la vie des (très) modestes habitants de cette allée de Monterey et du terrain vague qui la jouxte. Steinbeck raconte avec humour et émotion, et aussi une grande humanité, des anecdotes en apparence décousues qui finissent pourtant par brosser un tableau d'ensemble très juste et sensible. Ce livre est sans conteste de la même veine que Tortilla Flat, pour lequel je garde je crois une toute petite préférence. On notera qu'il existe une suite, intitulée Tendre jeudi, que je vais me procurer rapidement je pense.
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Rue de la sardine /John Steinbeck
« le lever du jour est un moment magique, dans la Rue de la Sardine. Quand le soleil n'a pas encore percé l'horizon gris, la Rue parait suspendue hors du temps, enveloppée d'une lueur d'argent. Les réverbères sont éteints, l'herbe prend des tons d'émeraude, la ferraille des conserveries prend des reflets de perle, de platine, et d'étain vieilli…C'est la paix absolue, c'est le repos, le temps lui-même s'est effacé ».
Jusqu'au retour des sardiniers.
La Rue de la Sardine, c'est à Monterey en Californie, grand port sardinier avec les conserveries qui trempent leur queue dans la baie au son des hululements des sifflets des usines dès que les navires rentrent de la pêche. Monterey la décrépite, la folle cosmique où la faim et la peur détraquent les entrailles des hommes qui bataillent pour leur pitance, et des hommes affamés d'amour anéantissant les choses dignes d'amour autour d'eux.
La Rue de la Sardine dans les années 30, c'est un poème, c'est aussi la puanteur ; c'est de la nostalgie et du rêve, et aussi le chaos de ferrailles, de bouts de bois, de morceaux de pavés, de ronces, d'herbes folles, de restaurants, de lieux de débauche, d'épiceries bondées et de laboratoires étranges.
Les habitants, ce sont les pêcheurs dont on ne parle jamais, les filles de chez Dora tenancière du Drapeau de l'Ours, proies des pêcheurs, les souteneurs comme Mack fondateur du Palais des Coups, les joueurs de cartes, et les enfants de putains. D'un certain point de vue, ce sont des saints, des anges et des martyrs comme on le découvre au fil des pages de ce roman étonnant grouillant d'histoires abracadabrantes. Même le sont les propres à rien qui trainent au coeur des terrains vagues et se sont retirés sous les cyprès avec leurs bouteilles de bière avant de trouver le sommeil dans d'énormes tuyaux.
Et puis il y a Lee Chong et son épicerie fabuleuse miraculeusement approvisionnée en tout, (Lee Chong qui va se retrouver au coeur d'une affaire de grenouilles devenues une monnaie en remplacement du dollar) ; il y a Henry-le peintre qui construit ad vitam aeternam son bateau à bord duquel il vit, mais qui a peur de l'océan et qui en fait ne peint pas et ne s'appelle pas Henry ! Et aussi il y a Doc, un solitaire noctambule source de toute philosophie et de toute science, le fêtard au grand coeur qui participe de sa manière improbable à la science au sein de son Laboratoire Biologique de l'Ouest sis juste en face de chez Lee Chong, laboratoire où il entrepose et conditionne une foule d'animaux marins et terrestres destinés aux chercheurs, tout en écoutant des chants grégoriens. Doc a inventé un julep guérissant tout ou presque à base d'un mélange de bière et de lait. Il en aura bien besoin au retour d'une partie de pêche aux petits poulpes qui lui réserve une drôle de surprise…
Quand Doc le philosophe parle, tous écoutent :
« Les choses que nous admirons le plus dans l'humain : la bonté, la générosité, l'honnêteté, la droiture, la sensibilité et la compréhension, ne sont que des éléments de faillite dans le système où nous vivons. Et les traits que nous détestons : la dureté, l'âpreté, la méchanceté, l'égoïsme, l'intérêt personnel sont les éléments mêmes du succès. L'homme admire les vertus des uns et chérit les actions des autres. »
Et la question fuse de l'auditoire :
« Qui souhaiterait être vertueux lorsqu'il subit la loi de la faim ? »
Ce roman, une sorte d'ovni, est en fait une chronique de la vie quotidienne d'un quartier pauvre animée par des personnages hauts en couleurs, as de la débrouille auxquels adviennent des histoires incongrues et rocambolesques. Avec humour et dérision, empathie et tendresse, Steinbeck nous rend tous ces personnages bien sympathiques.


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Steinbeck a un talent inouï pour décrire toute l'agitation, qui gravite autour de la rue de la Sardine. Cela en est stupéfiant ce collectif qui se meut au gré des idées de Mack, ce vagabond, désormais sédentaire. Mack infatigable débrouillard, maître à embobiner tout son monde, sa rue ; celle-ci acquiesçant et s'en amusant ou en tirant de solides sueurs (lee et son doigt martelant sa caisse). Mack cherche à aider Doc, qu'il apprécie, et les ennuis ou la vie commencent.
Et pourtant, moi, je suis restée un peu en rade, je n'ai pas réussi à me jeter à la mer... Peut-être du au fait qu'être portée par une histoire forte m'a manqué. Mais, en revanche, qu'est-ce que c'est bien (d)écrit!

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