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sur 577 notes
"La Rue de la Sardine, à Monterey en Californie, c'est un poème ; c'est du vacarme, de la puanteur, de la routine, c'est une certaine irisation de la lumière, une vibration particulière, c'est de la nostalgie, c'est du rêve."
Et pourtant ce quartier pauvre, où la vie est rythmée par l'industrie de la pêche à la sardine, ne vend pas beaucoup de rêve. Dans ses rues malfamées et puantes, les habitants vivotent comme ils peuvent. Certains travaillent, comme l'épicier chinois, ou Doc, le propriétaire du laboratoire de biologie, ou encore Dora et ses "filles" au bordel du coin. D'autres tirent au flanc sans vergogne mais sans aucune méchanceté, tels Mack et ses potes bras cassés, qui dépensent leur énergie à trouver comment se remplir la panse et le gosier sans se fatiguer, c'est-à-dire sans travailler. Ce petit monde vit en bonne entente, entre les petites escroqueries et les grosses castagnes, dont les uns se repentent aussitôt et que les autres pardonnent aussi vite, puisque de toute façon elles partaient d'une bonne intention.

"Rue de la Sardine" est une chronique de la vie ordinaire d'un quartier pauvre de Californie dans les années 30. Comme dans "Tortilla Flat", Steinbeck fait la part belle à la farce et à des personnages hauts en couleurs qui enchaînent les mésaventures rocambolesques et improbables. de prime abord plein d'humour et de dérision, ce court roman est aussi une fresque sociale douce-amère dans laquelle Steinbeck met en scène des traîne-misère, personnages qui lui sont chers. Au-delà de ces cocasseries, il fait preuve à leur égard, comme toujours, d'empathie, de tendresse et d'une profonde humanité.

Empathie, tendresse, humanité... et santé: mes meilleurs voeux à vous pour 2021!
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Il y a deux Steinbeck : celui de Tortilla Flat, et celui des Raisins de la Colère. Celui des Souris et des Hommes et celui de Rue de la Sardine. Là où il sait dépeindre avec gravité et poésie les malheurs terribles endurés par les plus démunis pendant la Grande Dépression, il parvient aussi à en rire et à savoir apprécier l'ivresse des soirées arrosées à la bière entre amis. Il y a deux Steinbeck, mais aucun n'est plus John que l'autre.

Le plus important, c'est que finalement il raconte la même chose sous ces deux angles. La façon dont la société maltraite les plus pauvres, la façon dont elle les broie implacablement. Parfois il décide de se révolter, parfois il décide d'oublier en riant dans l'alcool. Face à l'absurdité du monde, quelle est réellement l'attitude la plus noble ? Il décide de ne pas choisir, et comment lui donner totalement tort. Nous sommes nous aussi alternativement celui qui voudrait porter haut l'étendard des luttes les plus justes, et celui qui baisse les bras et s'enivre, que ce soit d'alcool ou d'autres addictions qui ont pour but de nous aider à survivre aux lendemains qui déchantent.

En furetant un peu j'ai appris en plus que le plus noble des personnages hauts en couleur de cette rue de la Sardine, le Doc poète, amoureux de musique classique, n'ayant pas renoncé à tenter de séduire les femmes plutôt qu'à les « consommer » au bordel du Drapeau de l'Ours chez Dora, que ce Doc tellement généreux qu'il pardonne christiquement à ceux qui l'ont le plus offensé, est en fait inspiré d'un des meilleurs amis de Steinbeck, Ed Ricketts. le Laboratoire, lieu pourtant le plus improbable de cette Rue de la Sardine, avec ses bocaux remplis d'étoiles de mer, de crabes ou de grenouilles, est en fait le plus réel de tous ces lieux et peut encore être visité à Monterrey.

Cette aura de réalisme qui nimbe cette reconstitution baroque d'une ville côtière de le Californie, c'est la petite touche qui manquait pour rendre encore plus touchant ce roman de Steinbeck, et lui donner le sceau de chef d'oeuvre qu'ont déjà atteint pour moi ses autres oeuvres. le final festif où se mélangent beuveries et lecture de poésies est parfaitement à l'image du personnage Steinbeck, attachant comme peut l'être un frère de coeur.
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Troisième roman de Steinbeck que je dévore (malgré la piètre qualité d'imprimerie de mon édition Folio…), troisième atmosphère distincte : celle de la Rue de la sardine, ses ambiances, ces personnages. « Mais comment les saisir sur le vif ? », se demande l'auteur dans une introduction grouillante de vie et de couleur. C'est ce qu'il s'escrimera à réaliser durant ces 200 pages, que je ne saurais mieux vous résumer qu'avec ses propres mots :
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« La Rue de la Sardine à Montery en Californie, c'est un poème ; c'est du vacarme, de la puanteur, de la routine, c'est une certaine irisation de la lumière, de la nostalgie, c'est du rêve. La Rue de la Sardine, c'est le chaos. Chaos de fer, d'étain, de rouille, de bouts de bois, de morceaux de pavés, de ronces, d'herbes folles, de boîtes au rebut, de restaurants, de mauvais lieux, d'épiceries bondées et de laboratoires. Ses habitants, a dit quelqu'un, ce sont des filles, des souteneurs, des joueurs de cartes et des enfants de putains ; ce quelqu'un eut-il regardé par l'autre bout de la lorgnette, il eût pu dire : ce sont des saints, des anges et des martyrs, et ce serait revenu au même. » (incipit)
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C'est exactement ça ! La première impression sur les personnages vient d'un regard extérieur, la seconde vient du lecteur de ce roman qui apprendra à les connaître. J'ai vibré avec Mack et sa bande de marginaux débrouillards, qui ont négocié un hangar auprès de l'épicier Lee pourtant si dur en affaires, chez qui en échange ils ont arrêté de voler leur nourriture ; J'ai appris à pêcher dix mille grenouilles dans la marre d'un officier, lui siffler son whisky et l'un de ses chiots, puis à échanger à l'épicier les grenouilles contre de quoi offrir une surprise-party à ce bon vieux Doc qui est toujours là pour la communauté ; j'ai regardé cette fête mal tourner, comme tout ce qu'entreprend Mack et sa bande de marginaux qui ont, pourtant, toujours les meilleures intentions du monde et une imagination bien trop débordante à maîtriser. J'ai regardé des gens aménager dans une chaudière et des tuyaux (?!), des écureuils déménager par manque de gonzesses, j'ai observé la communauté rejeter les siens puis pardonner, j'ai vu des gens se battre et d'autres se soigner.
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(En chuchotant :) Je vous fais une confiance, vous le gardez pour vous mais j'ai aussi entendu des gros balèzes pleurer devant un dernier poème, et j'ai moi-même été attendrie par cette communauté loufoque, soudée mais libre, qui provoque des (més)aventures improbables, où chacun tente de se débrouiller avec son business tout en respectant celui qu'il tente d'arnaquer pour survivre, où les personnages nouveaux sont intégrés dès qu'ils font le premier pas, et où on ne pleure pas ceux qui disparaissent sans explication. C'est juste la vie, et tant que les gars sont là et qu'ils sont réglo avec vous, vous donnez en retour, sans arrière pensée, sans calcul - même si parfois ça fait tourner la mayo. Cette franche camaraderie qui ne cherche pas à retenir mais donne en permanence de soi même dans la pauvreté crasse, en même temps qu'elle prend sans se gêner ou presque, va me manquer en refermant ces pages.
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Merci pour ces rencontres, Monsieur Steinbeck, ces potes attachants qu'il vaut mieux connaître en roman qu'en vrai, mais qui me marqueront pourtant. Votre Rue de la Sardine, en effet, est tout un poème et bien plus que cela encore.
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« Même à présent,
Je sais que j'ai goûté la haute saveur de cette vie,
Que j'ai vidé les vertes coupes, au grand festin.
A peine le temps d'une vie
J'ai entrevu ma bien-aimée. Et j'ai vu son corps déployer
Le flot de l'éternelle lumière. »
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Je continue tranquillement ma découverte de l'oeuvre de Steinbeck avec cette Rue de la Sardine.
La Rue de la Sardine, c'est avant tout une fresque sociale, un instant volé au temps dans un quartier pauvre de Monterey.
Steinbeck, raconte avec beaucoup de tendresse une tranche de vie de certains acteurs de ce quartier plutôt mal famé. Ici, ce sont les rois de la débrouille qui côtoient les filles de mauvaise vie et on ne peut s'empêcher de les trouver attachants .
Le personnage central, Doc, un homme empreint d'humanité et de respect envers ses congénères humains concentre autour de lui une belle brochette de personnages tous plus pittoresques les uns que les autres. La bande de Mack et de ses tire-au-flanc remporte la palme dans la catégorie sourire. Comment rester sérieuse quand Steinbeck nous raconte une improbable et fort pittoresque chasse à la grenouille ?
Cette Rue de la sardine est une histoire beaucoup plus riche qu'en apparence. On ne peut s'arrêter à l'humour certes présent dans ce livre, car la vison de Steinbeck du monde qui l'entoure et surtout celui des petites gens est pleine de réalisme même s'il y souffle un vent d'optimisme.
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Rue de la sardine Monterey, publié en 1945.
Monterey est un port californien connu pour ses conserveries de sardines . C'est la pêche , les bancs de sardine qui rythment la vie de Monterey . Comment vous parlez mieux que l'auteur de cette Rue à nulle autre pareille: "La rue de la Sardine, à Monterey en Californie, c'est un poème; C'est du vacarme, de la puanteur, de la routine, c'est une certaine irisation de la lumière, une vibration particulière, c'est de la nostalgie, c'est du rêve. " le décor est planté reste à faire la connaissance des habitants . L'épicier Lee Chong celui chez qui on trouve tout ce dont on a besoin, surtout celui à qui toute la rue doit de l'argent. A côté Mack et ses amis habitent le Palais des coups, de l'autre côté du terrain vague Dora tient le Drapeau de l'ours lieu de rencontres incontournable , et puis de l'autre côté de la rue habite Doc le propriétaire du Laboratoire Biologique de l'Ouest. Les temps sont durs, l'argent manque à tous mais avec alcool, bonne humeur et joie de vivre il semblerait qu'on vive pas si mal que cela Rue de la Sardine. ... Alors bien sur dans ce court roman Steinbeck use et abuse d'un ton enjoué, de péripéties cocasses mais ne vous y fiez pas trop , Steinbeck une fois de plus nous parle des plus pauvres, des démunis . Quelle plume , quel roman !
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Galère de lecture avec cette édition folio de 2022 où l'impression est vraiment mauvaise un peu à la façon d'une photocopie sur photocopie. Heureusement le contenu est meilleur que le contenant. Quel bonheur de relire Steinbeck grâce à une lecture commune suivie d'un joli échange sur cet auteur à redécouvrir. Des personnages attachants, de l'humour, de la débrouille pour ces jeunes fauchés mis en lumière par la beauté de l'écriture.
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Venez les potes, venez les copains, les filles, les paumés, venez chiens, chats, grenouilles qui croassent la nuit, venez même ceux qu'on connait pas à la fête de Doc, rue de la Sardine! Et pis si on se connait pas et que ça s'passe mal, on se foutra sur la gueule, Mack s'en charge, y sera pas seul de toute façon car chez les filles, y'en a quelques-unes pleines de courage, sans parler des potes, et même Doc, oui même lui pourrait s'y mettre s'il est de bonne humeur!
Rue de la Sardine, c'est pas dur à trouver: Californie - Monterey. A l'aéroport, louez ou empruntez (c'est mieux) une vieille camionnette cabossée et laissez-là vous mener à travers les rues jusqu'à ce que petit-à-petit les mauvaises herbes envahissent les trottoirs, que les grandes maisons cossues laissent la place à des cabanes et des bâtiments croulants. La plage n'est pas loin, une plage encore sauvage aux embruns salés où vivent toutes sortes de petites bestioles qu'on vient ramasser pour Doc. C'est le soir, des rires et des éclats de voix sortent d'une grange, vous descendez de la camionnette et jetez un oeil: des hommes sont affalés sur de vieux canapés éventrés, jetant des morceaux de viande à une jolie petite chienne enthousiaste. Vous êtes arrivés: la lumière solitaire qui brille, un peu plus loin, c'est chez Doc, et cette silhouette derrière la fenêtre qui va-et-vient tranquillement un livre à la main, c'est lui, le scientifique de la rue de la Sardine, un homme un peu spécial et aimé de tous. Il se prépare pour son anniversaire-surprise. Courez lui acheter un cadeau chez Lee Chong, c'est la caverne d'Ali-Baba chez lui et si en route vous croisez les filles de Dora, celles du bordel, faites-leur un gentil sourire, elles les méritent!
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Un livre doudou, à lire et relire en ronronnant les jours de grisaille.
"La rue de la sardine" est un univers entier, et par commodité je le range dans un monde parallèle affranchi du temps afin de pouvoir le réactiver à loisir : un climat de bout du monde et de bord de mer, un bazar foutraque fait d'hommes dolents et jouisseurs, de grenouilles et whisky, de beuveries joyeuses et de noblesse d'âme, où l'épicerie De Lee contient toutes les besoins matériels et où le bordel de Dora tient lieu d'église.
Toute l'humanité douce amère de Steinbeck dans ce petit livre qui fait du bien.
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Je continue tranquillement et tardivement ma découverte de Steinbeck.

Celui-ci est un roman qui m'apparaît plus mineur mais qui est néanmoins plein de charme et se lit avec beaucoup de plaisir. Il n'y a pas vraiment d'histoire et l'auteur chronique la vie des habitants de la rue de la Sardine à Monterey.

Au centre, il y a Doc, le chercheur qui fait bosser tout le monde et que tous ses voisins adorent. Il y a aussi l'épicier chinois, Dora et son bordel et surtout Mack et sa bande de bras cassés. Même s'il ne s'agit pas d'un grand roman comme A l'est d'eden ou Les raisins de la colère, Steinbeck a un talent fou pour décrire et faire vivre une équipe de « bons à rien » qu'il rend très attachants. Je dois avouer que l'épisode des grenouilles puis de la fête mémorable chez Doc m'ont fait bien rire.

La vie s'écoule doucement à Monterey, avec cette belle galerie de personnages. On s'y attache, on sourit, on rit ou on est triste avec eux.
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Je ne suis pas mécontent d'avoir lu "Rue de la Sardine", bien au contraire !... Je ne connaissait jusqu'alors de Steinbeck que le sublime "Des souris et des hommes", où, à chaque page, affleurait la psychologie de personnages que Steinbeck avait su décrire avec une humanité exceptionnelle. Nous avons là un texte bien différent…
Dans ce roman truculent, le célèbre auteur américain, a mis un art rare pour décrire avec couleur l'univers de la rue de la Sardine. J'ai eu en outre l'impression, qu'il n'est pas facile de transmettre en littérature, du temps qui passe.
Certains passages sont d'une rare beauté, et puis… Il y a l'inventivité de Steinbeck, cette inventivité rare, magique, puissante…
Et, en plus, cet homme avait le sens de la formule !...
Bref, un roman très différent de "Des souris et des hommes", mais néanmoins intéressant, d'une manière différente !...
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