L'Afrique en 2040

Un vaisseau de lumière

Afrique, sais-tu ce qu’il adviendra de nous en 2040 ?
Traînerons-nous nos corps usés par le poids des jours
Ou serons-nous tous des âmes errant dans les espaces interstellaires ?
Afrique, ressembleras-tu à une vieille guitare dont on aura arraché toutes les cordes ?
Qui chantera encore la douceur de tes caresses maternelles,
Toi dont les flancs furent le berceau de l’humanité ?
Tu es notre mère à tous et pour toi je voudrais le plus grand.
En 2040, tu auras à peine pris une ride
Et tu seras peut-être complètement métamorphosée.
Il est fort à parier que tu entreras dans une ère nouvelle,
Une ère où toutes les femmes seront aussi libres que les hommes,
Une ère où toutes les femmes seront à égalité professionnelle avec les hommes,
Une ère où toutes les luttes intestines seront bannies pour toujours,
Une ère où toutes les guerres fratricides ne seront plus qu’un lointain souvenir.
On aimerait pouvoir parier sur de si belles choses et bien d’autres encore
Qui graviteraient autour de la paix sans quitter leur orbite.
Peut-être retrouverons-nous tes jardins d’autrefois,
Peut-être verrons-nous toujours passer des grues cendrées
Aux côtés des éléphants broutant l’herbe verte.
Plus personne ne boira la terre au fond des puits morts,
Plus aucune dune n’osera s’avancer au-delà de la ligne verte,
Plus aucun enfant ne tiendra entre ses bras malingres les vieux fusils de la discorde,
Plus aucune fille ne sera contrainte dans l’intimité de son corps.
On organisera pour les gazelles rassasiées des olympiades
Dont les récompenses seront immatérielles
Et ne gâcheront plus leur extraordinaire potentiel physique.
Tous pourront courir dans des zones non contaminées par les déchets nucléaires.
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Les produits chimiques n’empoisonneront plus tes rivières.
Ton vieux sang aura retrouvé sa prime jeunesse.
On attrapera les poissons à main nue que l’on fera griller sans se soucier des cancers.
Tes beaux enfants s’accrocheront comme des grappes à tes flancs dorés,
Ils n’auront plus à fuir vers une fuite plus grande encore,
Dans la savane les lions riront en les regardant passer.
Dans les villes coulera le flot du Savoir
Jusqu’aux innombrables moulins où lèvera le levain de la Paix.
Les technocrates ne seront plus dans leur tour d’ivoire
Mais dans les artères fécondes de la Cité
Où les idées danseront autour des feux de l’intelligence.
On ne se souciera plus des profits tirés sur le dos des innocents.
Les pays de l’ivoire si froids et si compassés garderont leur distance éternelle,
Une armée de rhinocéros rebelles les aura définitivement chassés.
Ceux qui viendront les mains tendues vers toi sans te piller
Seront toujours les bienvenus,
Ceux qui vénéreront ton immense corps immaculé seront toujours aimés.
Tu ne feras aucune différence entre tes enfants, riches ou pauvres, blancs ou noirs,
Du nord ou du sud, de l’est ou de l’ouest,
Des terres ou des villes, des montagnes fertiles ou des déserts,
Des côtes ou de la savane.
Tu as la mamelle généreuse qui ne thésaurise pas ses dons.
À bord de ton vaisseau de lumière, tous les purs, les bons, les désintéressés
Pourront monter s’ils le désirent vers un voyage sans fin d’émerveillement.

Idir Tas, Algérie

Déluge de la fin

Il doit prendre fin
Le déluge de conférences
Qui corrompent sa destinée

Il doit prendre fin
Le déluge de sommets
Qui pourrissent son existence

Il doit prendre fin
Le déluge de liens diplomatiques
Qui font d'elle une paramécie

Il doit prendre fin
Le déluge d'aides
Dites au développement
Qui font son sous-développement

Il doit prendre fin
Le déluge d'arnaques démocratiques
Contre l'Arche noire
Le salut d'un monde sans repères

Et quand s'arrêtera-t-il ce déluge
Est-ce aujourd'hui au coucher du soleil
Ou demain à son lever ou son zénith

Hèsouwè Moïse Akebim, Togo