Manquer de culture représente un grave handicap. Il faudra que je pense à acquérir l’annuaire des inventions humaines, ce qui m’évitera bien des déboires. Mais tout cela n’exclut ni les rêves ni mon besoin latent de trouver. Le tout est de trouver ce que personne n’a jamais pensé à chercher.
Je n’ai besoin que d’une ligne droite pour réinventer la géométrie et de quelques débris d’alphabet pour recréer l’algèbre.
Certains rêvent quand ils ferment les yeux, moi je ne vois rien ; jamais. Parfois une couleur quand j’ai le soleil dans les yeux, sinon du noir. Rien d’autre.
Il faut se résigner à suivre simplement. Sans savoir quoi, ni pourquoi. Suivre en admettant que je ne suis pour rien dans cette affaire et que tous mes réflexes sont téléguidés par quelque gigantesque société anonyme qui m’emploie, me dirige et me fait accomplir des actes dont je ne comprends ni le sens ni la portée. Les robots savent-ils qu’ils sont des robots ? Parfois peut-être, confusément. Comme moi.
Revivre, il faut bien dire que c’est pratique. Il suffit de se laisser aller dans l’imparfait, décontracté, sans complexes.
L’homme ne vit pas seulement de pain.
Voilà qui me fait revenir aux réalités. Rien de tel que les chiffres pour vous rappeler la journée. Je paie, donc je vis.
Aujourd’hui seul apprend à se composer un présent pour se faire un passé dans un avenir très proche.
L’homme ne serait donc qu’un crayon ou un taille-crayon ? Mais oui, il faut bien l’admettre. Autrefois, il n’était qu’un roseau pensant, il se contentait de penser sous la rosée. Mais les temps sont devenus beaucoup plus durs, le monde a bien changé. On a coupé les roseaux et on en a fait des flûtes. C’est le progrès, il faut progresser pour engraisser.
Tant qu’il y a de la femme, il y a de l’espoir.