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Petite pause au coeur de cette rentrée littéraire avec un livre exhumé au hasard de ma PAL, un roman roman social choral inspiré par la fermeture des hauts-fourneaux de Lorraine.

Isabelle Stibbe dresse le portait de trois hommes que tout sépare et dont les vies vont s'entrechoquer. Les ambitions personnelles des uns nourrissant les espoirs des autres.

Pierre Artigas, est métallurgiste-syndicaliste dans le dernier haut-fourneau de Moselle, à Aublange. Cet homme charismatique, fils d'une famille d'immigré espagnol, élevé aux valeurs du travail et de la solidarité ouvrière, s'implique envers et contre tout pour tenter de sauver son entreprise.

Daniel Longueville, fils d'ouvrier lui aussi mais en rupture avec ses origines sociales est un député ambitieux qui convoite le portefeuille du ministère de l'Industrie dans l'espoir de nationaliser le site d'Aublange et de sauver la production d'acier locale.

Max Oberlé, sculpteur, octogénaire atteint d'un cancer a bâti sa réputation sur des oeuvres monumentales et a pour ultime projet une sculpture pour la nef du Grand Palais à Paris.

Les pensées des trois protagonistes tissent la toile de l'intrigue de ce roman. Pierre, Daniel et Max vont se retrouver coeur de la lutte. Les espoirs des ouvriers entrent en résonance avec les trahisons des politiques et des actionnaires, la lutte humaine fait face au pouvoir implacable de la finance … la bataille est-elle perdue d'avance ?

Très largement inspiré par la fermeture des hauts-fourneaux de Florange, ce roman porte à réflexion sur la condition ouvrière, la mondialisation … et sur le monde de l'art.
D'une écriture soignée, juste, Isabelle Stibbe relate l'âpreté de cette lutte avec parfois de belles envolées lyriques. J'ai dévoré la première partie, m'immergeant dans cet univers d'acier en fusion, « ce feu qui se déverse avec une puissance incroyable », monde de bruit et de fureur. Une belle découverte.
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Magnifique roman choral sur les Hauts Fourneaux de Florange en Lorraine. Trois personnages : Un métallurgiste, un sculpteur et un député aux dents longues. A priori, ils n'ont aucun point commun...seule l'envie de sauvegarder ces Hauts Fourneaux qui ont fait vivre des centaines de familles pendant plusieurs générations et qui malheureusement vont partir en fumée. Tiré d'une histoire vraie...
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J'ai lu ce livre un peu par hasard, il fait parti de la sélection Prix Merlieux des Bibliothèque 2016.
J'ai quitté ma Lorraine natale depuis trop longtemps mais en me plongeant dans ce roman j'ai pu retourner à nos repas de famille dans la vallée des "Anges".
Ce fut un grand moment d'émotion que le destin de ces trois hommes que tout oppose mais aussi une belle leçon de solidarité.
Je serai ravie de rencontrer l'auteure en septembre prochain à Merlieux.
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Ce livre est une force et sa poésie, glorieuse. Lutte sociale mais aussi, à travers les trois personnages que l'on découvre peu à peu jusqu'en leur pensée intime, des idées liées à l'identification de classe à laquelle on appartient de naissance ou pas. Des politiques censés représenter le peuple et dont certains n'en connaissent que la bourgeoisie, l'élite. Des mondes, dont certains sont fracturés comme celui des ouvriers, qui ne se rencontrent pas : des castes en somme. Comment dans cette situation peut-on espérer compréhension, bienveillance, reconnaissance et considération ? L'humanité a encore un long chemin à parcourir avant de se révéler. Ce livre est aussi un véritable plaidoyer pour une gauche pourvue de valeurs de gauche et un avertissement bien d'actualité…
Après son magnifique roman « Bérénice 34-44 » c'est un grand pavé dans la mare sociétale que jette Isabelle STIBBE
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Très directement inspiré de la fermeture du denier haut fourneau lorrain, le site continue d'ailleurs aujourd'hui à fournir de l'acier très haut de gamme élaboré à froid, Isabelle Stibbe nous livre un roman à trois voix, qui racontent dans un laps de temps très réduit entre l'annonce de l'extinction par l'indien désormais propriétaire du groupe fleuron des Wendel, la dernière coulée et le suspens sur l'avenir du site juste après l'élection du président Hollande où la nationalisation était presque décidée ?...
Ce temps de tensions sociales extrêmes est en fait l'occasion de trois méditations, introspectives, entrecroisées sur le destin individuel, les marqueurs de l'enfance, l'ambition, les doutes, les regrets aussi, qui tiennent une place centrale.
Pierre le syndicaliste veut y croire et lutte contre son désespoir lucide, c'est aussi un ancien excellent ouvrier passionné pour la fonte "phase liquide ". Max artiste sculpteur très bourgeois-équilibré découvre la solidarité et se demande s'il n'est pas passé à côté de l'essentiel en croyant avoir réussi sa vie , il a 80 ans.... L'heure du bilan.... Daniel homme politique,
ministrable, puis ministre répond au questionnaire de Proust, ce qui structure son récit, ses doutes, sa honte d'être d'origine sociale populaire et ouvrière, honte qui le sublime au fond dans son combat pour tenter de donner un avenir au site.
Ce roman a une vraie force poétique sur ce monde des usines, des hauts-fourneaux lorrains , de la force de la culture ouvrière vue de l'intérieur.
J'ai aimé cette manière originale, structurée de traiter le sujet, par le lien entre des personnes et des événements qui à la fois les dépassent et les forgent pour devenir des héros. Pour finir et pour vous donner un aperçu de la tonalité que je trouve très juste du roman, eu égard à l'échelle des problèmes sociaux engendrés par ces suppressions de grands sites industriels régionaux et dont la rationalité économique de long terme nous échappe, je m'autorise à citer la phrase qu'Isabelle Stibbe a choisit de mettre en exergue de son dernier chapitre :
" Faire au sort violence est l'humeur des héros . Et ce désespoir-là seul et grand et sublime Qui donne un dernier coup de talon a l'abîme "
Victor Hugo
Combattre et résister c'est aussi se donner de l'air pour affronter la vie, ses nouvelles donnes subies, parfois subites ... Pour soi ou pour les autres .

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Aublange, 1992. Comme dans l'ensemble du Pays Haut, l'industrie va à vau l'eau, laissant des travailleurs dans l'attente et l'inquiétude, avec toutefois une lueur d'espoir quant à l'avenir proche de leur usine.
C'est cela qu'Isabelle Stibbe nous livre dans ce très beau roman à 4 voix : le syndicaliste, le sénateur devenu Ministre de l'Industrie fils d'ouvrier reniant ses origines mais totalement investi dans son mandat pour tenter de sauver le site d'Aublange, l'artiste en fin de vie et, enfin, la voix off de l'écrivain.
A lire sans modération !
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"Le P3 a été mis à l'arrêt."
Le P3 c'est l'avant-dernier haut fourneau encore en activité à Aublange. Quand la menace de fermeture définitive se précise, trois hommes se lancent dans une lutte éperdue pour empêcher l'arrêt. Trois hommes venus d'univers opposés mais tendus vers le même combat désespéré alors que la campagne présidentielle bat son plein.
Daniel, le député ambitieux, honteux de ses origines ouvrières, Max, le sculpteur célèbre qui, au seuil de la mort, fait le constat désenchanté de "n'avoir jamais connu la fraternité" et Pierre, le syndicaliste en colère au charisme flamboyant, remontent, dans de courts chapitres, aux origines de cette résistance.
Car la fermeture des hauts-fourneaux n'est pas seulement synonyme de chômage, de précarité et de désertification. Ce qui tremble de colère et de chagrin, dans le roman d'Isabelle Stibbe, c'est aussi la négation et la destruction brutales de l'histoire et de la culture des métallurgistes. Son écriture porte le drapeau de Zola, d'Hugo, de Jaurès lorsqu'elle décrit les hauts-fourneaux en marche, l'effrayante beauté de la coulée de fonte en fusion, le savoir-faire des hommes et leur "dignité combattante" malgré la fatigue des corps. Elle fouille les ressorts cachés des histoires singulières aussi bien qu'elle embrasse d'un mouvement ample et lyrique les paysages exsangues, privés des hommes qui leur ont donné une âme, génération après génération.
"Les maîtres du printemps" rend aux métallurgistes de Lorraine la part d'honneur et de dignité qui leur a été arrachée. C'est un grand et un très beau roman !
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l'écriture énergique de l'auteure rend attachant le monde de l'industrie métallurgique tout en faisant des portraits percutants de ses personnages.

C.Meaudre
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Bien, pourquoi n'ai-je pas aimé ?
Les maîtres du printemps était pour moi une promesse superbe : roman choral traversant les classes sociales, soudainement rassemblées autour du même événement - la fermeture d'une usine.

Eh bien non, une fois de plus, c'est raté. Une fois de plus sur ce thème, ce qui aurait pu être un grand roman social laisse place à une caricature lourde de prévisibilité.
Max est un bourgeois artiste (vivant dans un univers bien sûr stratosphérique et éloigné de toute réalité, mais il est gentil quand même), Daniel un fils d'ouvrier devenu député (évidemment écartelé entre ses ambitions et ses origines), Pierre un brave ouvrier qui aime son travail et se trouve, du jour au lendemain, dépouillé de sa vie (par les affreux capitalistes qui ne se soucient pas de l'Humain).
Bon.
On ne croit à aucun de ces personnages : leur ton est surjoué, le jeu des registres de langages attendu et superficiel, et leur histoire, à chacun, tout juste esquissée et parsemée d'images d'Epinal.

Désolée, j'aurais aimé écrire une critique dithyrambique sur ce livre, et l'avais acheté en espérant fortement que ce serait le cas...
Mais le sujet social demande un talent rare. Surtout quand on décide de le traiter à plusieurs voix...
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" Le P3 a été mis à l'arrêt." Chronique d'une mort annoncée, celle du dernier haut-fourneau de Moselle, inspiré de l'histoire de Fondrange. Beauté et grandeur de la fonte en fusion, dans une vallée démantelée par les plans sociaux.
Dès l'avant-propos, Isabelle Stibbe, dont c'est le deuxième roman, nous met en garde:
" mais si les cieux de Lorraine vous paraissent gris et humides, si vous préférez des paysages plus riants. Japon florissant ou élégante Italie - ,attention ! Habitués des soirées à l'opéra, des cocktails et de l'entre-soi, amateurs d'histoires de couples qui s'enflamment, se délitent ou se trompent, ou de quêtes existentielles d'intellos nombrilistes du café de Flore ou de ses succédanés, vous risquez de vous égarer. Ici vous entendrez parler acier, métallurgistes, syndicalistes, ici vous entendrez parler usines,, nationalisations, chômage. Si pour vous ces mots sont synonymes de nuisances et de laideur, s'ils vous font l'effet de répulsifs....,refermez aussitôt ce livre ou, pour les plus modernes d'entre vous, éteignez votre liseuse, en tout cas passez votre chemin, ce texte n'est pas pour vous, autant vous prévenir tout de suite. Entre le ciel et la boue , préférez le ciel, c'est moins salissant."
Voilà c'est gonflé! Mais c'est tiré de l'avant-propos de ce magistral ouvrage "Les Maîtres du Printemps" L'auteure nous aura prévenu, elle ne fait ni dans la dentelle ni dans la mièvrerie et ça laisse augurer de la suite. Et c'est beau. La poésie n'est jamais loin car Isabelle Stibbe sait tout au long de ces pages rendre belle cette Lorraine moribonde à force de plans sociaux multipliés, d'oublis et de trahisons des gouvernants successifs. Beaux aussi sont les hommes qui y vivent et surtout y travaillent, l'aiment et la défendent, croient en elle coûte que coûte.
Roman choral: Trois hommes que tout semble sinon opposer du moins séparer, vont se rejoindre et se faire echo autour du dernier haut fourneau sur le point de fermer. Ils prennent la parole tour à tour, se mettent à nu.
Il y a d'abord Max, quatre-vingts ans, sculpteur internationalement reconnu, à qui la vie a toujours souri. Issu de la grande Bourgeoisie, il n'a jamais eu à se soucier de son quotidien. Aujourd'hui atteint d'un cancer, diminué, il rejette les ravages de la maladie sur son corps. Son dernier projet, une statue d'Antigone pour le Grand Palais, devient rempart contre la maladie. Le ministère de la culture lui propose ainsi de contribuer à la survie du Site en réalisant la sculpture à partir de l'acier produit à Aublange, oeuvre qui témoignera su savoir faire de ces métallurgistes bientôt condamnés au chômage. Le vieil homme solitaire est confondu par la beauté fraternelle et virile de ces hommes qui se battent pour leur emploi, leur usine, la Lorraine. Il se laisse gagner par leur cause. Mais la vie qui lui a jusque là tout donné, lui laissera-t-elle le temps determiner sa Monumenta en acier lorrain?
Il y a également Pierre, délégué syndical (il refuse les termes édulcorés de partenaires sociaux) sincère et charismatique qui sous la plume d'Isabelle Stibbe représente le syndicaliste dans ce qu'il a de noble, fils d'émigrés espagnol, il est arrivé en Moselle au plus fort du plein emploi, sans y être préparé, il va être l'objet d'un véritable coup de foudre pour l'acier, la fonte et le métal en fusion. Il s'implique corps et âme dans l'action syndicale, galérant entre joies et désillusions des luttes collectives. Il croit dur comme fer en un avenir pour la sidérurgie et pour le site.
Le troisième homme c'est Daniel, l'homme politique. Issu lui aussi du monde ouvrier, il a honte de ses origines, les renie même. Devenu avocat d'affaires à force de travail, il est entré en politique pour assouvir ses ambitions démesurées. Député, il aspire à la consécration en briguant le portefeuille de ministre de l'industrie, la fermeture du dernier haut fourneau pourrait lui offrir une voie royale, en défendant l'potion d'une nationalisation provisoire, tous les espoirs lui semblent permis. mais il n'est pas issu du sérail, on ne lui fera pas de cadeau, les codes pour s'imposer au sein de ses pairs en politique, il doit les acquérir tout seul et c'est une peinture d'un monde implacable et cruel qui nous est dévoilée. L'expérience lui permettra de redécouvrir la dignité et la fierté de la classe ouvrière.
Splendeurs et misères de la vallée de la Fensch, dans un concentré de beautés quasi toujours présentes en dépit des laideurs et dégâts de la Finance essaimés en filigrane, l'auteure au travers des propos de trois protagonistes, nous invite à une réflexion en profondeur sur la notion de beau associée à l'univers de l'usine et de l'ouvrier, mais aussi sur l'art, l'évolution du monde et le besoin de continuer à rêver, parce que malgré tout les drames humains sous jacents ce livre est un livre d'espoir, d'espoir en l'homme surtout. Chacun des trois hommes va trouver en lui ce qu'il a de meilleur pour sauver Aublange, l'humanité en réponse à la loi, le cœur contre la bassesse politique. Le Héros est ici toujours positif et c'est une véritable invitation à l'espoir que ce livre. Invitation vraie à l'espoir de pouvoir changer le monde, pouvoir le rendre beau et plus humain .
Dans un style épuré et fluide c'est une lettre d'amour à la Lorraine, terre déchue à la robe déchirée, violentée, terre en colère que nous offre Isabelle Stibbe
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