La plupart des esclaves, musulmanes de naissance, habituées dès l’enfance à s’effacer devant les hommes en général, considéraient le sultan comme un être d’essence divine et gardaient envers lui un comportement respectueux, d’esclaves soumises. Roxelane était différente. Elle s’adressait à lui en femme, sans tenir compte des distances qui les séparaient. Elle résistait, et il devait la conquérir. Précieux attrait pour un sultan auquel personne ne se permettait ; de tenir tête et dont le désir secret était de se sentir aussi un homme comme les autres !
Cette boisson, le « kahwé », ainsi que le désignait son nom, « ce qui ôte l’appétit et le sommeil. » avait été découverte trois siècles plus tôt par un cheikh arabe qui avait observé l’effet vivifiant de ses fèves sur les chameaux ; il ne s’était répandu à Istanbul que depuis quelques années. Sa consommation s’entourait du plus grand secret – elle devint presque générale trente ans plus tard – et les musulmans orthodoxes veillaient rigoureusement à ce que ce « maudit jus noir » ne vienne altérer les mœurs pures de l’Empire.
Bien des femmes dans le passé ont régné sur le cœur des sultans ! Pas une cependant n’a su, comme toi, transformer son maître en esclave ! Tu es la perle de toutes les sultanes ! Jamais les murs du harem n’ont connu une hasséki comme toi !
La musulmane ne saurait être une vulgaire compagne de plaisirs et de distractions. Elle est maîtresse du foyer, s’occupe des esclaves de son maître, de sa maison, veille sur sa vie intime.
Chez les musulmans, la naissance d’une fille n’avait parfois rien de réjouissant. Dans le peuple on l’accueillait le plus souvent avec indifférence, alors que la venue d’un héritier mâle était saluée comme un bienfait du Ciel !