D'abord merci à Babelio et aux éditions des Presses de la cité de m'avoir envoyé ce roman. J'ai toujours plaisir à découvrir d'autres oeuvres en dehors de la littérature que je lis habituellement.
Malheureusement, le courant n'est absolument pas passé entre
les vacanciers d'
Emma Straub et moi-même.
J'ai essayé de me raccrocher à quelque chose mais peine perdue.
Commençons par la structure du récit : un jour =un chapitre, c'est clair et chronologique et donc facile à suivre. Cependant, à l'intérieur du chapitre, on saute d'un personnage à l'autre sans vraiment de cohérence et on a parfois l'impression de passer du coq-à-l'âne et de ne plus savoir de qui il s'agit.
Chaque chapitre va raconter ce qui se passe chaque jour pour chacun des protagonistes du clan Post mais je n'ai pas trouvé le style fluide. Est-ce la traduction? le style de l'auteure? J'avoue avoir eu du mal à accrocher.
Dès les premières pages, il y a eu des phrases que je n'ai pas comprises (Sylvia qui a 18 ans et dit qu'elle a assez vu ses camarades depuis 18 ans. Euh, depuis la naissance? Que veut dire confiner quelqu'un dans un poumon d'acier pour le déplacer au gré de ses envies?p.22), puis des ellipses dans la narration qui ne s'expliquent pas (dans le premier paragraphe, ils préparent les bagages sur une dizaine de lignes puis le taxi arrive et ils montent et partent. Euh, et les bagages?).
Bon, ce sont des détails mais pour moi, le premier contact avec le roman est important et là, ces détails me chiffonnent de suite.
Ensuite, dans le courant du récit, je me suis plusieurs fois demandée pourquoi tel ou tel personnage dit-il telle chose, pourquoi tire-t-il telle conclusion d'un événement?
Comme on ne s'attarde sur aucun des personnages et qu'on passe sans cesse de l'un à l'autre, on n'a pas le temps d'élucider ces mystères.
De plus, dès ces premiers pages, la famille me paraît antipathique : leur regard méprisant sur les autres et notamment sur Carmen, qui partage la vie du fils, Bobby, depuis plusieurs années.
Le couple d'amis homos ne sont pas en reste. Ils sont aussi imbus d'eux-mêmes et refermés sur leur petit monde que les autres.
Ces américains qui appartiennent à la bourgeoisie cultivée (passent leurs vacances à Nantucket, la ville balnéaire huppée de la côte Est) voyagent dans un autre pays mais ont des jugements à l'emporte-pièce et ne cherchent pas s'imprégner du lieu où ils se trouvent : Franny, par exemple est dans une épicerie où elle s'extasie sur les différentes sortes de charcuterie et part avec un pot de beurre de cacahuètes! Ou alors, ils visitent des lieux touristiques mais restent englués dans leurs petites histoires. Ils sont à Majorque mais auraient pu être à Cuba.
Ce qu'on voit de l'île ressemble à une carte postale touristique.
Je ai trouvé tous les protagonistes de l'histoire détestables : la mère et la fille qui se disputent l'attention du beau professeur d'espagnol, la mère furieuse que la propriétaire n'ait pas prévu les intempéries, Carmen dont l'idée de vacances c'est de pouvoir boire jusqu'à vomir car ce n'est pas elle qui va nettoyer...bref, leur comportement et leurs réflexions m'ont énervée.
De plus, je n'ai pas senti de tendresse de la part de l'auteure pour ses personnages; leurs mesquineries et leurs défaillances sont impitoyablement mises en lumière.
A force, je me suis demandée si derrière ses dehors de roman de vacances avec sa couverture bleue mers du Sud, ce roman n'était pas un roman à charge contre une certaine bourgeoisie bien pensante américaine et donc se voulait être une caricature des attitudes d'Américains en vacances.
D'ailleurs, le roman prend parfois l'allure de sitcom américaine avec scène comique (Jim qui urine sur son fils pour calmer une piqûre de méduse), scène dramatique publique (la dispute sur la plage) et scène de réconciliation en pleine rue (on croirait entendre les applaudissements enregistrés!).
Le personnage que j'ai trouvé le moins horrible est tout de même Carmen, celle que tous méprisent, malgré ses efforts, et finalement, elle va être "le maillon faible".
La fin en forme de happy end familial semble porter sa propre morale : l'intruse issue des couches populaires est exclue, les gentils homosexuels bien comme il faut reçoivent leur récompense et la famille américaine idéale (Papa, Maman, Junior et Fifille) se retrouve.
J'ai été soulagée d'avoir fini le livre pour pouvoir rédiger cette critique. Mission accomplie.