Je suis hésitante pour faire la critique de la pièce de théâtre de
Gérard Streiff « Camarade
Duras » au titre un peu trompeur et surtout à la construction assez rigide.
Ce n'est pas l'histoire de
Marguerite Duras communiste qui est racontée mais le sujet est vraiment très intéressant. L'auteur évoque la soviétisation du PCF à la fin des années 40 et les pratiques d'exclusion des camarades qui ne se plient pas au mouvement réaliste prolétarien grandissant ou qui critiquent les dirigeants.
Ce qui est bien décrit ce sont les courants germanopratins et on voit bien les luttes de clans entre intellectuels : les existentialistes avec
Sartre, les réalistes prolétariens avec
Aragon et le groupe de la rue
Saint-Benoît avec
Duras.
Dans les cellules du PCF, il y avait de l'ambiance et les camarades passaient des heures en réunions pour débattre. Mais après l'euphorie de l'après-guerre il y a eu des tensions et un soir, au café
Bonaparte à Saint-Germain-des-Prés, les amis se lâchent et se moquent de Laurent Casanova, membre du comité central du PCF et chargé des relations avec les intellectuels, en le traitant de mac. C'est une occasion pour exclure ceux qui ne sont pas dans la ligne.
Militante de terrain,
Duras s'est engagée mais n'a jamais été dans la compromission. En 1949, elle voulait déjà quitter le parti mais comme Streiff l'indique : à l'époque on ne quitte pas le parti c'est lui qui vous quitte. Ceci-dit, on ne peut pas parler de procès. Il y a eu une réunion de cellule où la majorité a voté mollement pour l'éviction de plusieurs membres dont
Marguerite Duras puis une commission d'enquête qui ne les afflige pas mais qui leur reproche leur manque de confiance en l'union soviétique. Il ne pouvait donc pas en être autrement.
Moments particulièrement importants pour comprendre comment les choses se passaient de l'intérieur. Mais le texte m'a semblé un peu sommaire et, bien que je ne l'ai pas vu jouer, je n'aime pas la mise en scène avec alternance entre passé et présent. Il y a 4 actes dans 4 lieux, le café
Bonaparte, l'appartement de la rue
Saint-Benoît, la réunion de cellule et la salle d'attente de la commission d'enquête. Et Chaque fois,
Duras jeunes avec ses amis qui alterne avec
Duras âgée parlant à un jeune journaliste et expliquant la scène (au cas où on n'aurait pas compris). Je n'aime pas beaucoup ce parti pris de mise en scène qui donne un côté documentaire. Je pense que le théâtre permettait d'apporter quelques choses de plus.
Enfin, si la pièce est montée, c'est sûr, j'irai la voir.