LE MIROIR DES MORTS
LE MIROIR
Le mort vient de dérober
Un long miroir à la vie,
Une poignée de cerises
Où titube du soleil.
Ses yeux brillent dans leur bleu
Et ses mains dans leur blancheur.
En lui bat une âme heureuse
Et rapide comme un cœur.
Il regarde dans la glace
Rougir mille cerisiers
Et des oiseaux picorer
Que nulle pierre ne chasse.
Il se voit monter aux arbres,
S’étonne que les oiseaux
Dans ses mains se laissent prendre
Pour y mourir aussitôt.
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Vœu
Mon peu de terre avec mon peu de jour
Et ce nuage où mon esprit embarque,
Tout ce qui fait l'âme glissante et lourde,
Saurai-je moi, saurai-je m'en déprendre ?
Il faudra bien pourtant qu'on m'empaquette
Et me laisser ravir sans lâcheté
Colis moins fait pour vous, Eternité,
Qu'un frais panier tremblant de violettes.
HAUT CIEL
[...]
Le ciel de noires violettes
Répand une odeur d'infini
Et va chercher dans leur poussière
Les soleils que la mort bannit.
Une ombre longue approche et hume
Les astres de son museau de brume.
[...]
Les étoiles restent seules contractées au fond de leur fièvre
Avec leur aveu dans la gorge
Et l'horreur de ne pouvoir
Imaginer une rose
Dans leur mémoire qui brûle.