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Citations sur Gravitations (83)

Rien qu'un cri

Rien qu'un cri différé qui perce sous le cœur
Et je réveille en moi des êtres endormis.
Un à un, comme dans un dortoir sans limites,
Tous, dans leurs sentiments d'âges antérieurs,
Frêles, mais décidés à me prêter main forte
Je vais, je viens, je les appelle et les exhorte,
Les hommes, les enfants, les vieillards et les femmes,
La foule entière et sans bigarrures de l'âme
Qui tire sa couleur de l'iris de nos yeux
Et n'a droit de regard qu'à travers nos pupilles.
Oh ! population de gens qui vont et viennent,
Habitants délicats des forêts de nous-mêmes,
Toujours à la merci du moindre coup de vent
Et toujours quand il est passé, se redressant.
Voilà que lentement nous nous mettons en marche,
Une arche d'hommes remontant aux patriarches
Et lorsque l'on nous voit on distingue un seul homme
Qui s'avance et fait face et répond pour les autres.
Se peut-il qu'il périsse alors que l'équipage
A survécu à tant de vents et de mirages?
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[…] La terre est une quenouille que filent lune et soleil
Et je suis un paysage échappé de ses fuseaux,
Une vague de la mer naviguant depuis Homère
Recherchant un beau rivage pour que bruissent trois mille ans.

-HOULE-
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Le ciel est effrayant de transparence,
Le regard va si loin qu'il ne peut plus vous revenir.
Il faut bien le voir naufrager
Sans pouvoir lui porter secours.

Tout à coup le soleil s'éloigne jusqu'à n'être plus qu'une étoile perdue
Et cille.

LA TABLE, extrait
'Le cœur astrologue' – Gravitations
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MATINALE

Mon âme donne sur la cour
Où quelque canaris pépient,
Une bonne dans l'ombre pie
Repasse ses vieilles amours.

Le lait du petit jour qu'on monte
Propose une âme et de l'espoir
Aux anneaux de l'escalier noir
Où tintent ses promesses promptes.

Ce sont les bruits clairs du matin,
Le jour nouveau qui me visitent,
Et ni moins vite, ni plus vite
Les pas serviles du destin.

Ce sont mes jambes de trente ans
Qui filent vers la quarantaine,
Sans que ni l'amour ni la haine
Ne les arrêtent un instant.

Je retrouve à la même place
Mes os d'hier et d'aujourd'hui,
Parmi la chair vive et sa nuit
Mon cœur m'encombre et me grimace.
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Nous sommes là tous deux comme devant la mer sous l’avance saline des souvenirs.
De ton chapeau aérien à tes talons presque pointus tu es légère et parcourue
comme si les oiseaux striés par la lumière de ta patrie remontaient le courant de tes rêves.
Tu voudrais jeter des ponts de soleil entre des pays que séparent des océans et des climats,
et qui s’ignorent toujours.
Les soirs de Montevideo ne seront pas couronnées de célestes roses pyrénéennes,
Les monts de Janeiro toujours brûlants et jamais consumés ne pâliront point
sous les doigts délicats de la neige française,
et tu ne pourras entendre, si ce n’est en ton cœur, la marée des avoines argentines
ni former un seul amour avec tous ces amours qui échelonnent ton âme,
et dont les mille fumées ne s’uniront jamais dans la torsade d’une seule fumée.
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Un chevreau tournant sur soi jusqu’à devenir une étoile.

-LES GERMES-
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Les cataractes de l'Iguazu
sous la présence acharnée d'arbres de toutes les tailles
qui tous veulent voir,
les cataractes,
dans un fracas de blancheurs,
foncent en mille fumantes perpendiculaires
violentes comme si elles voulaient traverser le globe de part en part.
Les cordes où s'accroche l'esprit, mauvais nageur,
se cassent au ras de l'avenir.
Des phrases mutilées, des lettres noires survivantes
se cherchent, aveugles, à la dérive
pour former des îlots de pensée
et soudain , comme un chef fait l'appel de ses hommes
après l'alerte,
je compte mes moi dispersés, que je rassemble en
toute hâte.
Me revoici tout entier
avec mes mains de tous les jours que je regarde.
Et je ferme les yeux et je cimente mes paupières.
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L' ESCALE PORTUGAISE

L'escale fait sécher ses blancheurs aux terrasses
Où le vent s'évertue,
Les maisons roses au soleil qui les enlace
Sentent l'algue et la rue.

Les femmes de la mer, des paniers de poissons
Irisés sur la tête,
Exposent au soleil bruyant de la saison
La sous-marine fête.

Le feuillage strident a débordé le vert
Sous la crue de lumière,
Les roses prisonnières
On fait irruption par les grilles de fer.

Le plaisir matinal des boutiques ouvertes
Au maritime été
Et des fenêtres vertes
Qui se livrent au ciel, les volets écartés,

S'écoule vers la Place où stagnent les passants
Jusqu'à ce que soit ronde
L'ombre des orangers qui simule un cadran
Où le doux midi grogne.
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[…] Il s'agit d'être réveillé comme la foudre qui va tomber
Que le vent dur comme fer
Casse les oiseaux contre terre!

Je ne veux plus, cœur traître, de tes salutations dans ma poitrine,
Je te veux triangulaire, séché au soleil des tropiques
Durant trente jours.
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LA CHANSON DU BALADIN

« Il avait tant voyagé
Que son cœur très allégé
Précédait son corps moins leste.

Puis un jour, bon gré, mal gré,
Sa cervelle avait viré
En une bulle céleste.

Et longtemps après sa mort
Ces accessoires encor
Dans les ténèbres agrestes
Tournaient avec leur chant fou
Mais horlogé de coucou. »
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