The Loop (
La Boucle), de Koji Suzuki, publié en 1998 (2002 en France), est...décevant. Et même inutile, selon moi, tant Koji Suzuki aurait très bien pu/dû refermer la "série"
Ring sur le deuxième tome et le goût amer qui y planait à la fin. Nous y apprenons donc l'existence de
la Boucle, un vaste programme international et pluridisciplinaire de simulation informatique de la vie. C'est dans ce programme qu'ont en réalité pris place les événements décrits dans
Ring et
Double hélice...oui...tout ceci n'était qu'une "réalité virtuelle". Et même si le roman a pour postulat de départ la contamination de "notre" réalité par le "virus
Ring" provenant de
la Boucle, sous la forme du VCMH (Virus du Cancer Métastatique Humain), le sentiment d'horreur est ici désamorcé. Et cela semble bien être le but de l'auteur: désamorcer la peur et rassurer son lectorat par des explications bien rationnelles...créant une distanciation confortable par rapport au surnaturel. Nous ne sommes plus plongés dans une enquête à proprement parler mais dans un vague "voyage du héros" ponctué de questionnements sur la "réalité" et l'existence de "Dieu" d'une banalité affligeante. Il est à noter que
Sadako Yamamura n'y fera d'ailleurs pas la moindre apparition. Ce roman, dont on sent bien qu'il a été écrit pour "boucler" (sans mauvais jeu de mot) la série
Ring sur une note "lumineuse" plus conforme aux attentes supposées du grand public, peut sans doute être classé dans le genre science-fiction...mais une science-fiction bien pauvre, aux tenants et aboutissants tirés par les cheveux (le thème de la "simulation de vie artificielle" sera repris, par exemple, avec bien plus d'efficacité par
Kiyoshi Kurosawa dans
Kairo que j'évoquais plus haut). Se dévoile aussi ici sans vergogne une facilité d'écriture de Koji Suzuki: la répétition. En effet, il ne lui faut pas moins de deux chapitres (soit une vingtaine de pages) pour nous résumer les événements des tomes un et deux...comme si nous n'avions pas suivi l'intrigue. Ce procédé était déjà un peu utilisé dans
Double hélice, mais cela m'apparaissait comme étant un peu plus justifié. Ici, même si ce "résumé" est lié aux découvertes du protagoniste de
la Boucle, Kaoru, nous avons vraiment l'impression qu'il s'adresse à des lecteurs qui n'ont pas lu les romans précédents...et les en dispense donc de fait. Inutile de prendre le risque de les (re-)plonger dans une possible "angoisse". Et puis, le "remplissage", c'est tellement pratique...
La fin de
la Boucle est parfaitement à l'image de ce que j'ai mis en évidence: Koji Suzuki reprend la scène finale de
Double hélice, mais, cette fois, vidée de toute ambiguïté et côté sinistre. Ceux-ci sont tout bonnement remplacés par un optimisme béat et rassurant...gommant ainsi toute "aspérité" intéressante possible. C'est qu'il ne faudrait pas gâcher le travail de déconstruction/reconstruction lénifiante du roman et finir sur une note inquiétante pouvant perturber le lecteur.
Le bilan est simple pour moi: plus j'ai relu ce roman, plus je l'ai détesté. de plus, ayant dépouillé la série
Ring de sa substance et détruit les enjeux des personnages, il invalidait totalement toute nécessité ou pertinence d'une "suite". Et pourtant...