Shubhangi Swarup est née en 1982 à Nashik, dans l'État du Marahashtra. Journaliste, réalisatrice, pédagogue, elle vit aujourd'hui à Bombay.
Dérive des âmes et des continents est son premier roman. Elle a obtenu la bourse d'écriture créative Charles Pick à l'Université d'East Anglia (Norwich).
« Le silence sur une île tropicale est le bruit incessant de l'eau. Les vagues comme le son de votre propre souffle, ne vous quittent jamais. Depuis maintenant quinze jours, le gargouillis et le tonnerre des nuages noient le bruit du ressac. Les pluies tambourinent sur le toit et dérapent sur la corniche, se perdant en éclaboussures. Elles frémissent, fouettent, martèlent et glissent. le soleil st mort, vous dit-on. »
Bienvenu sur une île de l'archipel des îles Andaman ou vivent Girija Prasad Varma et Chanda Devi, jeunes mariés. Girija, scientifique est là pour étudier le glissement des plaques tectoniques.
Girija Prasad Varma a fait tout son cursus universitaire à Oxford, il est scientifique, et à son retour, il créé le Service national des forêts en 1948, peu de temps après l'indépendance de L'inde. On lui propose en mariage une jeune femme instruite. Quant à Chanda Devi, elle est ravie qu'on lui propose Girija, car ayant remporté la médaille d'or en mathématiques et en sanskrit, elle fait peur aux prétendants moins instruits qu'elle. Son autre particularité est de communiquer avec les fantômes de l'île qui sont, quelques fois, envahissants et ressent les prémices d'un tremblements de terre. Ils savent qu'ils se sont aimés dans une autre vie et cela leur permet de se trouver au milieu de cet archipel perdu. Chanda perd la vie en donnant naissance à sa fille qu'il élèvera seul avec la nounou, sans jamais vouloir se remarier.
Tout ceci fait peut-être très bolywood, mais détrompez-vous. Eux sont les figurants, la mer, la montagne, la forêt, les animaux... la nature dans tout ce qu'elle a de grandiose est le principal personnage. Sur cet île vivent les fantômes des colons anglais, japonais qui envahissent Chanda.
Girija, passionné des volcans lilliputiens a choisi de vivre sur cette petite île située sur une faille tellurique. Il perd la vie dans un tsunami et passe le relais du récit à Mary, la nounou de Teesta, sa fille.
Celle-ci décide de retourner à Rangoon où son fils,
Platon, qu'on lui a enlevé bébé, lui envoie une lettre. Il est prisonnier de la junte birmane au pouvoir. Ce sont des pages plus dures où
Platon est torturé. Heureusement, Thapa, son ami de toujours est là qui veille sur lui et Mary.
C'est au tour de Thapa et son histoire. Trafiquant en tout, il est présentement à Katmandou, où il rencontre Bebo strip-teaseuse dans un bar à touristes. Une relation, au début ambiguë, puis plus paternelle, se noue entre eux.
Dernier personnage, le petit-fils des jeunes mariés du début qui se retrouve en Himalaya, le long de la faille sismique pour vérifier que le prochain sommet le plus haut, plus haut que l'Everest sera bien en Inde.
Chaque personnage qui raconte son histoire est un lien qui relie Girijad Prasad à son petit-fils, les îles Andaman à la chaîne himalayenne.
Shubhangi Swarup nous invite à explorer les failles sismiques, les failles humaines dans une luxuriance poétique, descriptive, humaine.
Un roman polyphonique, poétique, onirique, géographique qui m'a emportée. Je me suis laissée aller à la dérive des personnages si attachants par leurs histoires, leurs parcours. Tous racontent leurs souffrances, les violences subies, l'exil, la perte, les retrouvailles. Il semble y avoir une espèce de fatalisme de la vie avec toutes ses blessures.
Entre histoires et histoire, je me retrouve charmée, envoûtée par les mots de
Shubhangi Swarup. Une lecture qui défie le confinement. Se laisser aller à la dérive des sentiments et des continents.
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