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Citations sur Abigaël (24)

En le voyant inspecter les lieux, le patron, monsieur Hajda fut vexé, s'imaginant sans doute que le père de la petite Matulienne n'était pas satisfait de sa place et cherchait un box plus beau ou plus propre....
Cette inspection avait quelque chose de vraiment blessant. Pour ne plus voir cela, il se retira dans son laboratoire et lorsqu'il ouvrit la porte, une odeur sucrée se répandit dans la salle. L'heureux et doux parfum du paradis de l'enfance, de gâteaux et de crème, s'associa pour toujours dans la mémoire de Gina au moment où le général se rassit à côté d'elle et lui dit doucement : "Ma petite fille, tu ne peux pas partir d'ici, ni maintenant, ni jamais, tant que la guerre durera."
Il parlait à voix basse et avec une tristesse distanciée, le ton sur lequel il évoquait la mère de Gina. Cette fois elle prit vraiment peur. Personne ne l'aimait plus que son père, et s'il ne la ramenait pas à la maison même en sachant qu'elle était malheureuse, rejetée, qu'elle s'était enfuie et même qu'elle voulait recommencer, c'est qu'il y avait quelque chose qu'elle ignorait, quelque chose qu'il allait à présent lui révéler, et qui serait comparable à une condamnation à perpétuité s'abattant sur un innocent. Sans qu'il eût besoin de le dire, elle sut que sa décision était définitive et que même un flot de larmes n'y changerait rien.
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Sa valise fut vidée, et ce qu'elle apportait, pantoufles, linge de toilette, robe de chambre, peignoir de bain, tout fut examiné en détail ; rien de ses affaires personnelles ne fut accepté, elle en reçut de nouvelles à la place, ainsi qu'une douzaine de mouchoirs blancs. Elle suivit des yeux les objets qu'elle avait mis dans sa valise avec si grand soin : le rose et le bleu ciel pelucheux des serviettes de toilette, le nuage parfumé de ses chemises de nuit ravivèrent le souvenir de la maison qu'elle avait quittée, de son père, de tante Mimo', même de Marcelle, qui avait fait faire pour elle l'amusante robe de chambre moelleuse, et le peignoir de bain avec la fantastique roselière où de petits hippocampes et des crocodiles à la gueule béante étaient aux aguets. La soeur économe lui dit de ne pas prendre un air si désespéré, elle ne voulait tout de même pas lui faire croire que de telles babioles comptaient à ce point pour une jeune chrétienne. Zsuzsanna et la soeur économe se demandèrent seulement si, eu égard eux mesures d'économie qu'imposait la guerre, on lui permettrait d'utiliser sa propre brosse à dents et son savon, mais elles finirent par décider que non. Gina avait eu la brosse à dents comme la savonnette grâce à la source d'approvisionnement secrète de tante Mimo'. La savonnette verte dégageait un fort parfum de camélia, quant à la brosse à dents au manche rouge cerise, la soeur économe déclara que même en faisant abstraction de la couleur, avec ses poils plantés en oblique, elle était choquante et non réglementaire. On lui donna à la place une brosse blanche sur laquelle l'économe inscrivit aussitôt son matricule de pensionnaire à l'encre de marquage, et un gros morceau de savon ménager.
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En revanche, pendant la méditation du soir, consciente que c'était la dernière fois qu'elle y participait, elle fut surprise de se sentir émue. Son aversion envers la rigueur de ce monde en noir et blanc se fit moins violente . (...) Et ces mois depuis l'automne ! Ils n'avaient pas été qu’amertume, non. Ils lui avaient apporté tant de lumière, de joie, d'affection, de rires ! Ce qu'elle ressentit alors, ce dont elle prit conscience, elle ne put se l'expliquer que plus tard, quand l'ensemble massif d'Árkod et de Matula surgit dans ses souvenirs, tels des rochers qui deviennent visibles lorsque la mer se retire. [p. 351]
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Ce qui est bon devient plus intense encore lorsqu'il faut se battre pour l'obtenir
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Avant de faire son lit, Gina avait posé sur sa table de nuit son petit sac orné d’un monogramme d’argent. Leur émerveillement ne la surprit pas, Tante Mimó l’avait fait faire pour elle rue Kossuth pour Noël. Elle toucha tristement la peau souple du bout des doigts, cette merveille bleue était si déplacée à côté de l’affreuse tenue de pensionnaire !

– Elles ont oublié de te donner une sacoche, dit Piroska Torma. Regarde le bien, cet objet d’art, parce qu’on va te le prendre avec tout ce qu’il y a dedans.

– Ici, on a des sacoches, expliqua Mari Kis. Les sacs à main sont interdits. Dans la sacoche, on met tout ce qu’il faut. Il faudrait que tu refasses tes nattes, tu as l’air épouvantable. Il y a une glace dans la salle de bain. Tu veux qu’on te montre ?

Qu’est-ce qu’elles disent ? On va lui prendre son sac et tout ce qu’il y a dedans ? On va lui prendre le petit album avec les photos de son père, de tante Mimó et de Marcelle ? Et de Feri en train de franchir une haie avec son cheval Bombyx ? Et son argent, un billet de cent pengös et la monnaie restée après l’achat du cendrier, et son poudrier, son agenda, son peigne, et la clé de la maison ? Il faut tout ranger, tout cacher avant qu’on ne le découvre, mais où ? Dans le lit ? Impossible. Ici, on fouille sûrement sous les matelas. Où peut-elle cacher les derniers trésors qui lui rappelle son ancienne vie disparue ?
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"Elle comprit tout à coup ce qui l'affectait, outre tous ses autres problémes entre les murs de la " Forteresse". La beauté, l'harmonie auxquelles elle était habituée lui manquaient dans ce monde austère et sans grâce oú les objets n'étaient qu'utilitaires ."
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J'ai d'abord perdu mon mari, puis mon fils, Je ne veux pas que d'autres perdent leurs hommes dans une guerre aussi absurde et dont le but nous est étranger. C'est bien assez que je sois seule et malheureuse. p.416
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Des vies dépendent de ce que je vais te dire. Je n'ai pas voulu te mettre au courant, non que je n'aie confiance en toi, mais je ne voulais pas t'effrayer ni t'imposer des soucis que je te croyais trop jeune pour porter. Mais si je te laisse ici sans explications, en t'ordonnant simplement de rester sans que tu saches pourquoi, tu te sauveras peut-être de nouveau, ou tu te mettras à douter de moi et de l'affection qui nous lie. Alors je vais te parler, mais cela aura son prix. A partir de cet instant, tu ne seras plus une enfant, Gina, tu deviendras une adulte et plus jamais tu ne pourras vivre comme les autres enfants. Je remets ma vie entre tes mains, avec la tienne et celle d'autres personnes. Sur quoi jures-tu de ne pas nous trahir ? p.154
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Lorsqu'il avait décidé d'envoyer Gina à Arkod, il n'avait évidemment pas envisagé qu'elle n'aurait pas d'amies, qu'elle serait complètement seule et que même ses soupirs seraient censurés, il ne pouvait pas le savoir à l'avance. Qu'importe, les choses finiront bien par s'arranger avec la classe, elle s'y intègrera tôt ou tard. Il savait que sa fille attendait une réponse, non avec l'espoir, mais avec la conviction qu'elle ne pourrait qu'être favorable. Il la serra contre lui pour éviter son regard, ne pas voir son visage se décomposer sous l'effet de la déception. Il la prit par les épaule et lui dit ne pas lui demander cela, il ne l'emmènerait pas, il ne pouvait pas la ramener à la maison pour le moment. p.151
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Les filles se plaignaient constamment de la discipline, mais on leur l'avait si bien inculquée que dès qu'un des éducateurs lâchait la bride et se montrait moins sévère que les autres, elles se moquaient de lui. p.85
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