— Quand je ne serai plus là, venez me voir de temps en temps au cimetière, je n'ai déjà pas voulu de ce type pour ami parce que je le voulais pour mari, alors arrêtez de jouer à l'enfant que je n'ai pas eu. Je vous ai offert quelque chose, vous l'avez accepté, vous avez droit aux quelques affaires qui vous reviendront, parce que nous nous sommes bien entendues, même si nous n'avons pas manqué de nous disputer. Quand je ne serai plus, vous aurez ce qui vous revient, ce n'est pas n'importe quoi, et n'oubliez pas que je vous ai laissée entrer là où personne n'est jamais entré. Je ne peux rien vous offrir de plus, parce que je n'ai rien d'autre. Qu'est-ce que vous voulez encore ? Je fais la cuisine, la lessive, le ménage, j'ai élevé Viola pour vous, je ne suis ni votre défunte mère, ni votre nourrice, ni votre petite camarade.
Laissez-moi tranquille. (p. 221-222)
Si l'on peut marcher faux comme on chante faux, c'est bien ce que je fis ce soir là.
L'homme de Néandertal a certainement appris à pleurer le jour où pour la première fois il a dû triompher tout seul à côté de l'aurochs rapporté de la chasse, sans personne avec qui partager les péripéties du combat, personne à qui montrer son butin ou ses blessures.
J'ai vécu avec courage, j'espère mourir de même, avec courage et sans mentir mais pour cela il faut que je dise : c'est moi qui ai tué Emérence.
Je n'ai pas écrit ce livre pour Dieu, il connait mes entrailles, ni pour les ombres, elles sont témoins de tout, me surveillent à chaque instant, éveillée ou endormie, mais pour les hommes.
Quel cours avait donc suivi le fleuve où dérivaient les brisures de ma vie ?
Aujourd'hui je sais ce que j'ignorais alors, l'affection ne peut s'exprimer de manière apprise, canalisée, articulée, et je n'ai pas le droit d'en déterminer la forme à la place de quelqu'un d'autre.
Le plus beau cadeau que vous puissiez faire à quelqu'un, c'est de l'empêcher de souffrir.
Aujourd'hui je sais ce que j'ignorais alors, l'affection ne peut s'exprimer de manière apprise, canalisée, articulée, et je n'ai pas le droit d'en déterminer la forme à la place de quelqu'un d'autre.