AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,5

sur 10 notes
5
3 avis
4
1 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Merci à la Masse critique de Babélio ainsi qu'aux éditions le Tripode pour l'envoi du livre "Etats d'urgence" de François Szabowski.

Un état d'urgence est une situation (temporaire) d'exception et de restriction des libertés fondamentales comme notamment celle de circulation, déclarée par le gouvernement et qui place ainsi la démocratie sous contraintes. Sa prolongation ou sa reconduction ont pour conséquence de subvertir en profondeur l'Etat de droit dans un pays (celui des Droits de l'Homme en ce qui nous concerne) qui se revendique comme tel.

Voilà d'entrée, le profil de cette farce contemporaine et on ne peut plus d'actualité que nous propose François Szabowski et qui ressemble à notre situation depuis plus de deux ans. Ici il n'est pas question d'un méchant virus échappé d'un laboratoire mais d'un mal plus commun qui met à mal les finances publiques : les accidents courants, bref les chutes, gamelles, bobos du quotidien qui génèrent des accidents du travail mais aussi des accidents domestiques ainsi que des arrêts maladie de plus en plus coûteux.

Face à cette situation, le Président Bromont déclare donc un état d'urgence en incitant les gens à rester chez eux et adopter des "gestes enclos" (çà ne vous rappelle rien ?) en respectant une distance de sécurité entre une personne et son homologue, un couvre-feu, etc. Et il ne sera pas question de port de masque mais de lunettes virtuelles.

Avec une réelle maîtrise de l'absurde qu'il restitue avec talent, l'auteur dresse le portrait d'un jeune homme qui se retrouve confronté à cette situation et acteur de celle-ci et de son, évolution compte tenu de son passé d'informaticien.

En adaptant à sa façon (en mode absurde et humour) les derniers mois que nous connaissons et qui ont chamboulé notre quotidien, l'auteur nous mène à une réelle réflexion sur les rapports entre les citoyens et la politique, l'acceptation des contraintes (dans l'intérêt de tous) mais aussi la déshumanisation de nos rapports.
Commenter  J’apprécie          360
Imaginez une société confinée.
Imaginez des interactions sociales, avec vos collègues, vos amis, et même votre famille, très limitées.
Imaginez que l'Autre devienne celui à éviter, celui qui risque de vous nuire.

Vous n'avez aucun mal à l'imaginer? Je vous comprends, moi non plus.
Dans ce roman, il ne s'agit pas d'un virus qui vient polluer la vie des humains mais d'accidents en trop grand nombre qui saturent les hôpitaux. On ne parle pas forcément d'accidents graves mais également de petits incidents de la vie de tous les jours, comme une coupure en épluchant des légumes ou une petite foulure en glissant sur un sol mouillé. Tout cela conduira à une situation ubuesque, «pour le bien de tous, bien évidemment», les distanciations sociales et les gestes enclos la norme, les oeillères remplaçant nos masques.

Cette lecture parlera au plus grand nombre, elle a eu en tout cas une résonance très forte chez moi. Si le pari de l'auteur était de nous faire réfléchir, je peux dire qu'il l'a gagné avec moi. Combien de fois ne me suis-je pas dit, «mais ça je le pense» ou «ça je l'ai vécu» ou «ça je l'ai vu». Mais l'être humain a une capacité d'adaptation étonnante. Combien de fois ne me suis-je pas fait la réflexion , en regardant une série, «mais pourquoi ils ne portent pas de masque alors qu'ils rentrent dans un restaurant?»; ou bien, «mais pourquoi s'embrassent-ils pour se dire bonjour?» Et même, pire, je me souviens avoir regardé bizarrement quelqu'un qui rentrait dans le métro sans porter de masque, comme les personnages de ce roman s'étonnent de voir des gens sortir sans oeillères. Alors qu'on oublie que c'est le fait de porter un masque, ou des oeillères dans le cas présent, qui n'est pas naturel voire normal.

Alors oui, ici, on pourra avancer que François Szabowski grossit le trait. D'accord mais comment peut-on traiter l'absurde par autre chose que l'absurde? S'il avait écrit ce roman il y a trois ans, on en aurait ri, on aurait trouvé ça ridicule, on se serait moqué des personnages, se disant, quand même, que jamais cela ne pourrait arriver. Si seulement...
Regardez juste la couverture en passant, elle reflète clairement ce dont parle le roman.

La plume est moderne et se prête bien à ce genre de sujet, mêlant l'ironie, le cynisme et la comédie tout en distillant une part de peur au fil du roman, comme celle que nous vivons quotidiennement, principalement sur les chaînes dites d'informations... Chronique d'une sinistrose annoncée.

Cette lecture fut très addictive, en prime de faire réfléchir, le genre de livre fait pour divertir mais pas que, le genre de livre qui fait qu'on se sent un peu moins con en se couchant le soir. Si j'avais eu sur moi des post-it, j'aurais pu noter des tas de citations que je trouve extrêmement justes. Et la fin, les larmes sont montées, preuve pour moi que ce fut un excellent roman.
Je n'avais jamais lu cet auteur mais, ça tombe bien, j'ai un autre de ses romans dans ma PAL.

Enfin, un dernier mot sur le livre objet. Je trouve le format idéal, ni trop grand ni trop petit, assez souple donc facile à manipuler. Et la police d'écriture choisie m'a donné un très bon confort de lecture.

Un grand merci à Babelio pour l'opération masse critique ainsi qu'aux éditions le Tripode pour l'envoi de ce livre.

Lu en février 2022
Commenter  J’apprécie          132
Imaginez une société où pour protéger ses citoyens de tous les accidents du quotidien, le gouvernement mette en place un état d'urgence complété de mesures coercitives de protection. Une pure fiction ? Imaginez alors un groupe hétérogène de résistants qui se foutent, pour des raisons diamétralement opposées, d'être protégés.
De ce postulat, François Szabowski décrit un monde, pas si improbable que cela, qui déraille. Un bordel ambiant, absurde et foutraque sur fond de dictature naissante. le sens des mots se délite, le désir s'évanouit alors que les hommes deviennent machines.
A l'image d'une farce grinçante, ce roman nous renvoie avec force un miroir à peine déformant.
Commenter  J’apprécie          50


Lecteurs (35) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3701 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}