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EAN : 9782370553133
283 pages
Le Tripode (03/02/2022)
3.5/5   10 notes
Résumé :
Dans un avenir proche, un président aux abois décrète du jour au lendemain que la société n'est plus en mesure de faire face aux accidents de ses citoyens, et doit donc s'organiser pour en réduire le nombre. Pour ce faire, il estime qu'il n'a d'autre choix que de mettre en place un état d'urgence où les rapports humains seront, au moins temporairement, drastiquement limités. Les premières mesures sont prises dès les jours suivants...

Avec son goût hab... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Merci à la Masse critique de Babélio ainsi qu'aux éditions le Tripode pour l'envoi du livre "Etats d'urgence" de François Szabowski.

Un état d'urgence est une situation (temporaire) d'exception et de restriction des libertés fondamentales comme notamment celle de circulation, déclarée par le gouvernement et qui place ainsi la démocratie sous contraintes. Sa prolongation ou sa reconduction ont pour conséquence de subvertir en profondeur l'Etat de droit dans un pays (celui des Droits de l'Homme en ce qui nous concerne) qui se revendique comme tel.

Voilà d'entrée, le profil de cette farce contemporaine et on ne peut plus d'actualité que nous propose François Szabowski et qui ressemble à notre situation depuis plus de deux ans. Ici il n'est pas question d'un méchant virus échappé d'un laboratoire mais d'un mal plus commun qui met à mal les finances publiques : les accidents courants, bref les chutes, gamelles, bobos du quotidien qui génèrent des accidents du travail mais aussi des accidents domestiques ainsi que des arrêts maladie de plus en plus coûteux.

Face à cette situation, le Président Bromont déclare donc un état d'urgence en incitant les gens à rester chez eux et adopter des "gestes enclos" (çà ne vous rappelle rien ?) en respectant une distance de sécurité entre une personne et son homologue, un couvre-feu, etc. Et il ne sera pas question de port de masque mais de lunettes virtuelles.

Avec une réelle maîtrise de l'absurde qu'il restitue avec talent, l'auteur dresse le portrait d'un jeune homme qui se retrouve confronté à cette situation et acteur de celle-ci et de son, évolution compte tenu de son passé d'informaticien.

En adaptant à sa façon (en mode absurde et humour) les derniers mois que nous connaissons et qui ont chamboulé notre quotidien, l'auteur nous mène à une réelle réflexion sur les rapports entre les citoyens et la politique, l'acceptation des contraintes (dans l'intérêt de tous) mais aussi la déshumanisation de nos rapports.
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Imaginez une société confinée.
Imaginez des interactions sociales, avec vos collègues, vos amis, et même votre famille, très limitées.
Imaginez que l'Autre devienne celui à éviter, celui qui risque de vous nuire.

Vous n'avez aucun mal à l'imaginer? Je vous comprends, moi non plus.
Dans ce roman, il ne s'agit pas d'un virus qui vient polluer la vie des humains mais d'accidents en trop grand nombre qui saturent les hôpitaux. On ne parle pas forcément d'accidents graves mais également de petits incidents de la vie de tous les jours, comme une coupure en épluchant des légumes ou une petite foulure en glissant sur un sol mouillé. Tout cela conduira à une situation ubuesque, «pour le bien de tous, bien évidemment», les distanciations sociales et les gestes enclos la norme, les oeillères remplaçant nos masques.

Cette lecture parlera au plus grand nombre, elle a eu en tout cas une résonance très forte chez moi. Si le pari de l'auteur était de nous faire réfléchir, je peux dire qu'il l'a gagné avec moi. Combien de fois ne me suis-je pas dit, «mais ça je le pense» ou «ça je l'ai vécu» ou «ça je l'ai vu». Mais l'être humain a une capacité d'adaptation étonnante. Combien de fois ne me suis-je pas fait la réflexion , en regardant une série, «mais pourquoi ils ne portent pas de masque alors qu'ils rentrent dans un restaurant?»; ou bien, «mais pourquoi s'embrassent-ils pour se dire bonjour?» Et même, pire, je me souviens avoir regardé bizarrement quelqu'un qui rentrait dans le métro sans porter de masque, comme les personnages de ce roman s'étonnent de voir des gens sortir sans oeillères. Alors qu'on oublie que c'est le fait de porter un masque, ou des oeillères dans le cas présent, qui n'est pas naturel voire normal.

Alors oui, ici, on pourra avancer que François Szabowski grossit le trait. D'accord mais comment peut-on traiter l'absurde par autre chose que l'absurde? S'il avait écrit ce roman il y a trois ans, on en aurait ri, on aurait trouvé ça ridicule, on se serait moqué des personnages, se disant, quand même, que jamais cela ne pourrait arriver. Si seulement...
Regardez juste la couverture en passant, elle reflète clairement ce dont parle le roman.

La plume est moderne et se prête bien à ce genre de sujet, mêlant l'ironie, le cynisme et la comédie tout en distillant une part de peur au fil du roman, comme celle que nous vivons quotidiennement, principalement sur les chaînes dites d'informations... Chronique d'une sinistrose annoncée.

Cette lecture fut très addictive, en prime de faire réfléchir, le genre de livre fait pour divertir mais pas que, le genre de livre qui fait qu'on se sent un peu moins con en se couchant le soir. Si j'avais eu sur moi des post-it, j'aurais pu noter des tas de citations que je trouve extrêmement justes. Et la fin, les larmes sont montées, preuve pour moi que ce fut un excellent roman.
Je n'avais jamais lu cet auteur mais, ça tombe bien, j'ai un autre de ses romans dans ma PAL.

Enfin, un dernier mot sur le livre objet. Je trouve le format idéal, ni trop grand ni trop petit, assez souple donc facile à manipuler. Et la police d'écriture choisie m'a donné un très bon confort de lecture.

Un grand merci à Babelio pour l'opération masse critique ainsi qu'aux éditions le Tripode pour l'envoi de ce livre.

Lu en février 2022
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Livre reçu par Masse Critique. Je vais prendre le risque de surinterpréter, peut-être que l'auteur n'a pas tout cela en tête et qu'il veut simplement écrire une histoire absurde en se basant sur une situation qu'il trouve grotesque (les restrictions de liberté mises en place à l'occasion de la pandémie en cours). Mais pour moi que ce soit volontaire ou non, si une oeuvre résonne par rapport à un sujet qui interpelle politiquement le lecteur, c'est une oeuvre politique. J'ai bien aimé ce roman qui cherche à démontrer les dangers que court notre société si elle veut trop maîtriser les risques au lieu d'accepter les aléas de la vie. Il dénonce également la dérive qui depuis un demi-siècle fait que les intérêts de la classe dominante commencent à diverger de l'intérêt général, ce qui conduit pour tout résumer dans une formule à "mutualiser les pertes et privatiser les profits", ce qui veut dire qu'il y a un véritable système mis en place pour faire passer l'argent des poches des contribuables et des ménages vers les comptes offshore des déjà plus riches, et pour optimiser cela ils contraignent les états à réduire leurs dépenses, notamment de santé. C'est ce qui conduit dans États d'urgence le président Bromont à prendre des mesures pour réduire le nombre d'accidents domestiques "qui coûtent trop cher à la collectivité".
À cette occasion l'auteur nous montre les "ficelles" c'est-à-dire que grâce à sa loupe grossissante de l'absurde et de l'humour il met en évidence les stratégies utilisées dans la réalité : cela commence par une campagne de communication, avec le concours de journalistes sans éthique et de faux experts avides d'exposition médiatique. Une fois que la population est prête à accepter des mesures quasi-totalitaires, on commence petit, en promettant que c'est temporaire, puis on serre progressivement la vis et on prolonge ... comme dans la fameuse histoire de la grenouille qui se laisse ébouillanter si on chauffe l'eau doucement. J'ai fait une recherche rapide, cela semble faux, ce mythe viendrait d'une étude ancienne qui a été infirmée par des expériences postérieures.
D'un point de vue littéraire, l'histoire est fluide et amusante. Ce qui me gêne est que je ne voudrais pas que le propos de l'auteur soit qu'il ne fallait rien faire contre la Covid qui serait "juste une grippe". Certaines des mesures prises étaient justifiées, on a l'impression à certains endroits du livre de lire un argumentaire anti-masques, anti-vaccin, d'un chloro-raoultien qui serait à l'heure où je vous écris dans son camping-car assiégé par les gendarmes sur un rond-point à Waterloo en train d'essayer de rejoindre Bruxelles au sein d'un auto-proclamé "convoi de la liberté" afin d'exiger la levée des restrictions sanitaires ... Bref s'il est vrai qu'il y a des dérives inquiétantes en cours en France actuellement, elles ne datent pas de la pandémie (qui n'est pas pour autant terminée juste parce que le gouvernement le dit et veut remonter sa cote de popularité pour les élections présidentielles qui approchent ...), il ne faut pas tout confondre et jeter le bébé avec l'eau du bain.
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Ce livre me rappel quelque chose… Un monde où les hôpitaux sont tellement surchargés qu'ils n'arrivent plus à soigner les petits bobos, un confinement avec fermeture de frontières et distanciation sociale. Un monde avec un président qui ment ouvertement au peuple pendant cette épidémie d'accidents et où les journaux télés et internet font tout pour faire planer la panique à bord à coup de phrases chocs… Vous aussi ça vous parle, hein ?
L'auteur maîtrise parfaitement l'ambiance « covid » qu'on a eu au début, ce moment où on était tous un peu paniquer et où l'hôpital, ne pouvant soigner les blessures bénignes, tout finissait par être grave, sauf qu'ici ce n'est pas une pandémie mais plutôt une épidémie de malchance qui frappe la France. Dans un avenir proche et même très proche du nôtre, on se méfie encore plus de l'autre, les rares liens qui nous unissait se tarissent pour laisser place à la technologie, un peu plus avancé qu'actuellement. François Szabowski critique à merveille ce moment que l'on a (enfin) passé, la société en général qui ferme de plus en plus le lien social, la politique qui ment, éborgne, on sent toute l'inspiration de l'actualité de ces trois dernières années pour écrire ce roman.

Ca m'a beaucoup plu, je trouve le ton juste et les personnages apportent tous quelque chose à l'histoire, par exemple Emma, apporte de la contradiction face à notre héros, François, elle amène aussi une révolte intérieure comme extérieure tandis que François lui reste placide face aux évènements, sans vous dévoilez la fin, la donne change un peu par la suite mais le couple se complète bien. Les autres personnages de l'immeuble apportent un peu de sel à l'histoire et de l'humour aussi car mine de rien, sans se claquer les genoux, le roman est plutôt drôle avec le recul.
Bon moment de lecture, j'aime cet absurde qui ressort aussi.
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Imaginez une société où pour protéger ses citoyens de tous les accidents du quotidien, le gouvernement mette en place un état d'urgence complété de mesures coercitives de protection. Une pure fiction ? Imaginez alors un groupe hétérogène de résistants qui se foutent, pour des raisons diamétralement opposées, d'être protégés.
De ce postulat, François Szabowski décrit un monde, pas si improbable que cela, qui déraille. Un bordel ambiant, absurde et foutraque sur fond de dictature naissante. le sens des mots se délite, le désir s'évanouit alors que les hommes deviennent machines.
A l'image d'une farce grinçante, ce roman nous renvoie avec force un miroir à peine déformant.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
p. 63 Je ne sais pas ce qu’ils ont en tête. Mais tout ce que je sais, c’est qu’un régime libéral, ce n’est pas un régime qui protège les gens. C’est un régime qui leur dit : débrouille-toi. Alors quand un gouvernement ultralibéral te parle de solidarité, méfie-toi.
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Que depuis un an nous vivions l'histoire de la grenouille dans la casserole, qui s'enfuit si on la met dans l'eau bouillante, mais qui se laisse mourir si on la plonge dans l'eau froide, et qu'on la fait bouillir peu à peu.
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- Si t'essaies jamais de résister, tu pourras jamais te rendre compte que c'est peut-être possible.
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p. 99 Elle m’a expliqué que ce n’était pas pour rien que tous les employés de même grade avaient une apparence unique : les liens personnels étaient interdits sur le temps de travail, à cause de la perte de productivité, mais aussi les risques de conflits. Plus d’intimité signifiait aussi plus d’inimitiés, de tension.
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p.267 Se sentir bien, c’était déjà une très bonne façon d’occuper le temps qui restant à vivre jusqu’à la mort.
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Videos de François Szabowski (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Szabowski
Ravi de vous retrouver pour ce 2e épisode de la Voix des libraires, consacré aux derniers coups de coeur de nos équipes !    Les livres chroniqués, disponibles en librairie, sur decitre.fr (https://www.decitre.fr/) et furet.com (https://www.furet.com/) :  
L'étoile absinthe - Jacques-Stephen Alexis - Ed. Zulma Final Fantaisie - François Cusset - Ed. POL Etats d'urgence - François Szabowski - Ed. le Tripode Que faire de la beauté - Lucile Bordes - Ed. Les Avrils Le chemin de la liberté - Jennifer Richard - Ed. Albin Michel Les pantoufles - Luc-Michel Fouassier - Ed. Folio Tu as vu le visage de Dieu - Gabriela Cabezon Camara - Ed. de l'Ogre Les abeilles grises - Andrei Kourkov - Ed. Liana Lievi Un long si long après-midi - Inga Vesper - Ed. La Martinière Le rat, la mésange et le jardinier - Fanny Ducassé - Ed. Thierry Magnier La passeuse de mots - Alric et Jennifer Twice - Ed. Hachette Romans Lore Olympus - Rachel Smythe - Ed. Hugo BD
Musique : Joakim Karud - Longing
Retrouvez notre autre émssion, La Voix des auteur(e)s : https://smartlink.ausha.co/la-voix-des-auteur-e-s 
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