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Critique de oiseaulire


L'auteur de "La jolie Madame Seidenman", Andrzej Szczypiorski, est un écrivain polonais né et mort à Varsovie (1928-2000). Il participe à la Résistance en tant que combattant de l'armée populaire et à l'insurrection de Varsovie, à la suite de laquelle il est interné au camp de Sachsenhausen, situé au nord de Berlin.
Il reste longtemps fidèle au communisme , mais finit par s'en détacher dans les années 70 pour adhérer au syndicat Solidarnosc et devient sénateur aux premières élections libres en 1989.
Il se convertit au calvinisme.

(On apprit après sa mort qu'il fut un collaborateur de la police secrète communiste polonaise pendant les années du stalinisme).
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Son roman a été édité en Pologne en 1988 sous le titre "Commencement".
A travers la vie et le destin de personnages emblématiques vivant à Varsovie durant le deuxième conflit mondial, il tente de définir la fuyante identité polonaise, maltraitée par l'histoire et pétrie par de contradictions internes : alors que les exécutions se multiplient à Varsovie, la jeune veuve d'un médecin juif tente changer d'identité ; un mouchard (juif) dénonce à tour de bras ses anciens amis pour échapper à la mort ; quelques intellectuels solitaires et de jeunes hommes essaient de venir en aide aux persécutés ; un allemand amoureux de la Pologne est pris en étau entre sa patrie d'origine et sa patrie d'adoption ; un fonctionnaire pro-nazi procède à des interrogatoires...
Le titre polonais "Commencement" évoque le parallèle fait par l'auteur entre la persécution des juifs par les nazis et quelques vingt cinq ans plus tard, la purge interne de la fonction publique et du Parti, consécutive à la guerre des six jours : 13.000 juifs durent alors quitter la Pologne.
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Toute sa vie Szczypiorski a tenté de comprendre l'origine du mal, dont l'antisémitisme est l'un des noms. A ce propos il publia en 1971 "Messe pour la ville d'Arras" qui relate, le sort des juifs de la ville d'Arras accusés en 1458 de répandre la peste.
Moyen-Âge, conflit mondial, purge de 1968 : le vieux fléau renaît toujours de ses cendres.
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"La jolie Madame Seidenman" permet d'approcher, à travers les ressentis des divers protagonistes, ce qui constitue l'identité polonaise dans ses déchirements, ses espoirs, ses luttes, son sempiternel sentiment d'infériorité, prise en tenailles comme elle l'est entre la Russie et l'Europe de l'Ouest : ce que sut parfaitement dépeindre Gombrowicz.
L'auteur ne moralise pas, il n'accable pas les bourreaux qui mourront un jour avec le poids de leur faute mais réserve sa compassion et une admiration diffuse aux petits héros du quotidien, ceux qui s'opposent au mal comme ils peuvent, qui prennent des risques au jour le jour.
J'ai beaucoup aimé cette lecture que je recommande ; le roman est suivi d'une postface très éclairante de Gérard Conio, spécialiste de la littérature russe et de ses référents culturels.
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