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Gérard Conio (Traducteur)
EAN : 9782867463631
320 pages
Liana Lévi (02/04/2004)
3.84/5   16 notes
Résumé :
Varsovie, 1943, l'année terrible. Tourne l'Histoire, et ses folles atrocités. Tournent les destins croisés de personnes liées par une chaîne mystérieuse. Irma Seidenman a la chance d'avoir des cheveux blonds, des yeux bleus, et de vrais faux-papiers d'état-civil... D'autres ne peuvent pas en dire autant. trente ans plus tard, que sont-ils devenus ?
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'auteur de "La jolie Madame Seidenman", Andrzej Szczypiorski, est un écrivain polonais né et mort à Varsovie (1928-2000). Il participe à la Résistance en tant que combattant de l'armée populaire et à l'insurrection de Varsovie, à la suite de laquelle il est interné au camp de Sachsenhausen, situé au nord de Berlin.
Il reste longtemps fidèle au communisme , mais finit par s'en détacher dans les années 70 pour adhérer au syndicat Solidarnosc et devient sénateur aux premières élections libres en 1989.
Il se convertit au calvinisme.

(On apprit après sa mort qu'il fut un collaborateur de la police secrète communiste polonaise pendant les années du stalinisme).
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Son roman a été édité en Pologne en 1988 sous le titre "Commencement".
A travers la vie et le destin de personnages emblématiques vivant à Varsovie durant le deuxième conflit mondial, il tente de définir la fuyante identité polonaise, maltraitée par l'histoire et pétrie par de contradictions internes : alors que les exécutions se multiplient à Varsovie, la jeune veuve d'un médecin juif tente changer d'identité ; un mouchard (juif) dénonce à tour de bras ses anciens amis pour échapper à la mort ; quelques intellectuels solitaires et de jeunes hommes essaient de venir en aide aux persécutés ; un allemand amoureux de la Pologne est pris en étau entre sa patrie d'origine et sa patrie d'adoption ; un fonctionnaire pro-nazi procède à des interrogatoires...
Le titre polonais "Commencement" évoque le parallèle fait par l'auteur entre la persécution des juifs par les nazis et quelques vingt cinq ans plus tard, la purge interne de la fonction publique et du Parti, consécutive à la guerre des six jours : 13.000 juifs durent alors quitter la Pologne.
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Toute sa vie Szczypiorski a tenté de comprendre l'origine du mal, dont l'antisémitisme est l'un des noms. A ce propos il publia en 1971 "Messe pour la ville d'Arras" qui relate, le sort des juifs de la ville d'Arras accusés en 1458 de répandre la peste.
Moyen-Âge, conflit mondial, purge de 1968 : le vieux fléau renaît toujours de ses cendres.
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"La jolie Madame Seidenman" permet d'approcher, à travers les ressentis des divers protagonistes, ce qui constitue l'identité polonaise dans ses déchirements, ses espoirs, ses luttes, son sempiternel sentiment d'infériorité, prise en tenailles comme elle l'est entre la Russie et l'Europe de l'Ouest : ce que sut parfaitement dépeindre Gombrowicz.
L'auteur ne moralise pas, il n'accable pas les bourreaux qui mourront un jour avec le poids de leur faute mais réserve sa compassion et une admiration diffuse aux petits héros du quotidien, ceux qui s'opposent au mal comme ils peuvent, qui prennent des risques au jour le jour.
J'ai beaucoup aimé cette lecture que je recommande ; le roman est suivi d'une postface très éclairante de Gérard Conio, spécialiste de la littérature russe et de ses référents culturels.
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C'est un livre bien troublant que celui-ci où la jolie Madame Seidenman est le point central d'une toile d'araignée. Tout autour on trouvera un beau panel de personnages essentiellement masculins, qui se débattent entre leur conscience et la guerre.

Cette guerre met à mal Pologne et Polonais, parce que c'est une guerre mais aussi parce qu'elle oblige à penser la Pologne comme pays, à penser les Juifs et le rapport au catholicisme. Elle ouvre aussi la porte sur un avenir sombre ou un totalitarisme en remplacera un autre.

Il y a une très grande tristesse dans ce roman comme un brouillard épais qui colle aux personnages et une certaine colère face à l'inéluctable destin des hommes et du pays.

Si la forme m'a étonnée au début j'ai très vite adhéré à ce roman, les allers et retours entre passé, présent et avenir donnent une vision élargie de la Pologne et chaque personnage ajoute une touche dans ce tableau.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Andrzej Szczypiorski nous entraîne dans un curieux quadrille où les personnages se rencontrent, s'abandonnent, se retrouvent dans une chorégraphie nostalgique et terrible. On est à Varsovie, en 1942-43 « dans ce désastre, dans cette fin de toutes les fins. », une Varsovie qui ne sait renoncer à la bravoure de son âme polonaise, mais contrainte et terrorisée par le ghetto qu'elle enserre. Juifs ou polonais, héros involontaires, les protagonistes soumis par le joug nazi, cherchent un sens, s'interrogent sur leur foi et leur libre arbitre, croient encore, mais pas pour longtemps, à l'image d'une Pologne noble et libre.

Point d'actions héroïque, mais un quotidien ordinaire des petites actions généreuses ou infâmes d'une survie en état d'urgence. Il émerge de ce récit la solitude individuelle des destins brisés par l'émergence des totalitarismes, solitude dans laquelle l'horreur partagée crée une sorte de solidarité fugace. La trace en restera chez les survivants, souvenir et mémoire sont un des thèmes forts du livre. Et si Andrzej Szczypiorski s'autorise finalement une lueur d'espoir, elle est nuancée, vacillante, et bien précaire.
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L'histoire d'Irma Seidenman aurait sans doute été tout à fait différente si celle-ci n'avait été blonde et jolie. Car le roman a pour point de départ quelques jours de l'année 1943, dans Varsovie occupée par les troupes nazies, et la jolie Madame Seidenman est juive.

Outre qu'elle est blonde et jolie, Madame Seidenman a une deuxième chance : elle est la veuve du docteur Ignacy Seidenman, radiologue reconnu. Ainsi, lorsqu'elle est arrêtée malgré ses bons faux papiers d'aryenne, tout un réseau d'amis et d'anciens patients du couple se forme pour la sauver de la prison nazie et d'une mort certaine.

De l'incarcération de Madame Seidenman à son retour chez elle à la fin du roman, il ne se passe pas plus de deux jours. Pourtant, les quelque 300 pages qui font le roman forment le portrait, comme concentré dans une goutte d'eau, d'une société et d'une période beaucoup plus larges. La personne de Madame Seidenman, et son arrestation, ne sont en effet presque qu'un prétexte, un fil qui apparait et disparait au fil des pages et permet de relier le temps de quelques heures les personnages disparates qui oeuvreront à la maintenir en vie : un timide spécialiste de langues anciennes, un tout jeune étudiant participant au trafic d'oeuvres afin de subvenir aux besoins familiaux, un cheminot familier des luttes sociales et politiques d'avant-guerre, un Allemand de Pologne, et leurs propres parents et amis.
Lien : https://passagealest.wordpre..
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critiques presse (1)
Marianne_
31 mai 2023
« La Jolie Madame Seidenman », initialement paru en français en 1988, vient d’être réédité, dans une traduction révisée. Un bonheur, non seulement pour les lecteurs de sa « Messe pour la ville d’Arras », réédité en 2021, grand récit à double historicité, mais pour tous les amateurs de très grande littérature.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Mais le dernier jour de sa vie fut comme le miroir et le raccourci de toute sa destinée, depuis son enfance (...)
C'est pourquoi sa mort, contre un mur de Varsovie, fut très belle et très noble. Il pardonna d'abord à ses assassins, car il savait qu'ils étaient eux aussi voués à la mort et que la mort ne rachèterait pas leur infamie. Il pardonna à tous les hommes et au monde entier, qu'il jugeait mal fait et contraire au dessein de Dieu, puisque Celui-ci voulait un monde où chacun serait libre, indépendamment de sa race, de son mode de vie, de sa nationalité, de la forme de son nez, de ses idées et de sa pointure.
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C’était une femme très belle, une blonde claire aux yeux bleus, au nez droit, fin, délicatement ciselé, à la bouche un peu ironique. Elle avait trente-six ans et possédait un bon capital en bijoux et en dollars or.
(...)
Il est vrai qu’à tout moment Stuckler se levait et regardait attentivement ses oreilles, mais il retournait aussitôt à son bureau. Elle avait entendu parler de ces sottises sur les oreilles des femmes juives.
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