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Citations sur De la mort sans exagérer : Poèmes 1957-2009 (39)

FIN ET DÉBUT 1993



CIEL
Extrait 2

Les montagnes les plus hautes
ne sont pas plus près du ciel
que les vallées profondes.
Pas un endroit où il y en aurait davantage
que dans un autre endroit.
Un nuage est aussi lourdement
écrasé par le ciel qu'une tombe.
Une taupe ne se trouve pas plus au septième
qu'un hibou qui agite ses ailes.
Une chose qui tombe dans le vide
tombe du ciel dans le ciel.


p.227
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FIN ET DÉBUT 1993



CIEL
Extrait 1

Voilà par où il fallait commencer : le ciel.
Fenêtre sans rebord, sans feuillure, sans vitres.
Ouverture et rien d'autre,
mais ouverte largement.

Nul besoin d'attendre une nuit sans nuages,
ni de lever la tête,
pour regarder le ciel.
Je l'ai derrière mon dos, sous ma main, sur mes paupières.
Le ciel m'enveloppe fermement,
ne soulève par en dessous.


p.227
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CENT BLAGUES 1967


MOUVEMENT

Toi tu pleures, eux ils dansent.
Eux ils dansent dans ta larme.
Eux ils jouent, eux ils s'amusent,
eux, n'en savent rien du tout.
On dirait, miroirs scintillent,
on dirait, bougies grésillent.
Est-ce arcades, balustrades ?
Manches blanches, gestes lestes ?
Deux H fricotent avec O.
Coquins chlorure et sodium.
Danse en rond, azote fripon.
On remonte, on redescend,
sous la coupole virevoltant.
Toi tu pleures, ça leur plaît.
Eine kleine Narchtmusik,
Qui es-tu mon joli masque.

p.103

joli et masque vont-ils encor de pair
ou sont-ils devenus un oxymore dan-
gereux en cette trouble période ?
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ICI 2009



EXEMPLE

La tempête
arracha cette nuit toutes les feuilles de mon arbre,
sauf une
orpheline
pour qu'elle se dodeline sur la branche toute nue.

À travers cet exemple
la force brute annonce
que parfois, pourquoi pas,
elle aussi a le droit de rigoler un coup.

p.297
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CENT BLAGUES 1967



ACROBATE

D'un trapèze à
à l'autre trapèze, dans le silence après
après le tambour soudain silencieux, à travers
à travers l'air encore surpris, plus rapide que
que le poids du corps qui, à nouveau,
à nouveau, n'eut pas le temps de tomber.

Seul. Ou alors moins encore que seul,
moins parce qu'infirme, parce qu'à défaut
à défaut d'ailes, défaut énorme,
défaut qui le contraint
aux survolées honteuses sur son attention nue,
son attention déplumée.

Laborieusement léger,
et patiemment agile,
fruit d'une inspiration très calculée. Regarde
comme il s'est embusqué avant l'envol, sais-tu
à quel point il conspire de la tête jusqu'aux pieds
comme celui qu'il est, sais-tu, oh ! vois-tu comme
il se faufile, rusé, à travers son image,
et, pour reprendre en main le monde qui se balance,
il tend ses bras tout neufs, tout juste nés du corps ‒
plus beaux que tout maintenant, en cet unique instant,
instant qui, par ailleurs, n'est plus que du passé.

p.99-100
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CENT BLAGUES 1967



VIVANT

Nous l'enlaçons seulement.
Enlaçons le vivant.
Rien que d'un bond du cœur
pouvons-nous le saisir.

Scandalisant l'araignée
notre parente lointaine
nous ne le mangerons pas.

Nous permettons que sa tête,
graciée depuis des siècles,
repose sur notre épaule.

Pour mille raisons confuses
nous avions pris l'habitude
de l'écouter respirer.


p.84
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QUATRE HEURES DU MATIN

Heure de la nuit au jour.
Heure du flanc droit au gauche.
Heure pour avant la trentaine .

Heure vite balayée avant le chant des coqs .
Heure où la terre semble nous renier.
Heure où nous glace le souffle des étoiles éteintes.
Heures de qu'est-ce-qui-pourra-bien-rester-de-nous.

Heure vide,
sourde, aride.
Fond du fond de toutes les autres heures.

Personne n'est vraiment bien à quatre heures du matin.
Si les fourmis sont bien à quatre heures du matin
bravo les fourmis. Mais que viennent vite cinq heures
si tant est que nous devons survivre.
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Non, rien de plus bestial
que la conscience tranquille
sur la troisième planète du Soleil.
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Né.
Ainsi donc, lui aussi, né.
Né comme tout le monde.
Comme moi qui mourrai.

Fils d'une vraie femme.
Venu du fond du corps.
Voyageur vers l'oméga.

Menacé
de sa propre absence
de partout
à chaque instant.

Et sa tête
c'est la tête contre le mur
complaisant jusqu'à nouvel ordre.

Et ses mouvements
sont des esquives
devant l'universelle sentence.
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D'un regard il me fit plus belle,
et je pris cette beauté sans remords.
Heureuse, j'avalai une étoile.

S'il veut bien, qu'il me réinvente
à l'image de mon reflet
dans ses yeux. Je danse, je danse
dans les flots de mes ailes soudaines.
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