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J'avoue avoir lu cette anthologie parce que Wislawa Szymborska fut un prix Nobel « surprise » en 1996. J'ai retenu de cette lecture assez lointaine un certain nombre de thèmes.
Le christianisme d'abord : il s'en prend quelques vertes et pas mûres, même en Pologne, patrie de Jean-Paul II, où il devait être populaire pourtant (cf.La femme de Loth)
Le « mélange » ensuite est au centre de l'oeuvre de Wislawa Szymborska avec l'image fréquente de la tour de Babel.
La mort est perpétuellement vaincue : toute vie est immortelle de la propre durée selon la poétesse.
La perfection vient souvent des objets (l'oignon, sans intestins, le vin, qui rend beau) et non pas de l'homme, fort imparfait.
Mais il y a aussi les clichés pas toujours absents. Autre angle de vision : Wislawa Szymborska cherche à produire quelques « clichés originaux » d'objets de la vie ou d'ailleurs, voire quelques pensées abstraites qui sortent des sentiers battus et dénonce un certain conformisme (aimer la poésie comme un plat de lentilles… ou les compliments).
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C'est une vision très large du talent poétique de cette auteure polonaise, prix Nobel de littérature en 1996, qui est offerte à travers ce recueil, les textes s'échelonnant entre 1957 et 2009, soit trois ans avant son décès.

Pour moi, ce fut une découverte progressive, j'y suis revenue plusieurs fois , mais quand le contact avec ses mots a été établi, j'ai apprécié l'originalité , le ton unique des poèmes.

Déjà, le titre semble une boutade. De mort, il est effectivement beaucoup question, celle des torturés, des prisonniers, des proches aussi. Mais sur le mode décalé. De l'humour, assez désabusé, de la dérision très souvent jaillissent des vers:

" Quand je prononce le mot Avenir,
sa première syllabe appartient déjà au passé. "

Et dans le dernier poème du recueil, " Nous pas lire", elle fait une critique très drôle et juste de notre société-zapping:

" Pour le Proust, à la librairie
te donnent pas de télécommande
pas moyen de zapper."

Cependant cette distanciation un brin ironique n'empêche pas l'émotion de poindre, au détour d'un vers, notamment lorsqu'elle évoque son amant disparu:

" Je n'en veux pas au printemps
d'être à nouveau venu,(...)
Je comprends que mon chagrin
n'arrêtera pas la verdure."

Observatrice perspicace du monde qui l'entoure, malicieuse philosophe , Wislawa Szymborska a développé tout au long de sa vie une poésie riche, complexe, singulière et fort attachante.

Elle disait, dans son discours pour le prix Nobel:" Mais dans la langue de la poésie, où chaque mot est soigneusement pesé, rien n'est jamais ordinaire ni normal." Ses textes sont bien en osmose avec ces paroles...
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La mort est abordée sans exagération. le chant de deuil, l'élégie, se fait ici tout naturellement. La poésie, moderne, dompte pour ainsi dire l'indomptable, le temps qui passe, comme dans JOIE D'ECRIRE, lorsque la poétesse suspend les balles et le vol du temps. Ô temps suspends ton vol - ici, la requête est la même que celle De Lamartine, sans l'emphase du romantisme, évidemment. Nul vocatif ici.

La modernité permet de se jouer de la mort et de faire revivre par exemple les parents décédés autour d'une table, comme DANS LA MEMOIRE ENFIN. En même temps, la mort est, et une certaine tritesse et tendresse transparaît comme dans le poème UN CHAT DANS UN APPARTEMENT VIDE qui est à la fois innocent, à la fois révélateur de l'expérience la plus amère qui soit :

« Mourir ! – ça ne se fait pas à un chat.
Car, enfin, que peut-il faire, le chat
dans un appartement vide ?
Grimper aux murs.
Se frotter aux meubles.
Rien n'a changé par ici,
et pourtant rien n'est pareil.
Rien n'a été déplacé,
mais rien n'est plus à sa place.
Et le soir, la lampe reste éteinte.
Des pas dans l'escalier,
mais ce ne sont pas les bons.
Et la main qui met du poisson dans l'assiette
pas non plus celle qui mettait.

Quelque chose ne commence plus
à l'heure où les choses commencent.
Quelque chose ne se passe plus
comme les choses devraient.
Quelqu'un était là, tout le temps,
puis, soudain, il a disparu
et s'obstine à ne plus être du tout.

On a fouillé les armoires.
Parcouru tous les rayons.
Rampé sous le tapis, au cas où.
Même violé l'interdit, et fichu
la pagaille dans les papiers.

Qu'y a-t-il à faire désormais.
Dormir on peut, et attendre.

Mais qu'il revienne seulement,
qu'il se montre tout à coup, celui-là.
On va lui apprendre, qu'avec
un chat ça ne passe pas.
On avancera vers lui
comme si on ne voulait pas,
très, très lentement,
sur des pattes fières et boudeuses.
Pas question de petits sauts, de miaous au début. »

Ce poème me brise le coeur ... (Il n'est pas très aimable de votre part, Madame, de me briser le coeur, alors je vous laisserai une étoile brisée, comme un symbole de mon coeur brisé.)

Ainsi, la vie de ceux qui survivent à la mort, même lorsqu'il s'agit de l'une des nombreuses vies du chat (ce qui n'empêche en rien à la vie d'être précieuse) se fait tour à tour joyeuse - comme sur une scène de théâtre, comme dans une farce - tour à tour pensive, comme si le souvenir de la mort advenue ou non encore advenue suspendait l'instant de bonheur (qu'il soit véritable ou factice le bonheur), comme dans IMPRESSIONS THEATRALES où les morts, au théâtre, ressuscitent, à la fin du jeu, pour se réconcilier avec les vivants, mais à la fin, une main prend à la gorge la poète-spectatrice, comme pour la tuer, ou pire, la faire pleurer, alors même qu'elle est, à ce moment-là, paradoxalement heureuse, comme si pleurer de bonheur devenait alors, intolérable justement parce que le bonheur survit aux morts et aux vivants.

Heureusement, les morts et les vivants communiquent, dès lors qu'ils restent à l'écoute les uns des autres, comme dans LETTRES DES MORTS. Mais ils communiquent encore par l'intermédiaire d'autres êtres vivants, être humains, animaux, plantes, astres, soleil, nature ... objets du quotidien.
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J'étais partie pour ne tourner que quelques pages, mais c'est finalement avec l'ensemble du recueil que j'ai passé une délicieuse matinée de dimanche.
Pourquoi? Parce que les vers de Wislawa sont comme des phrases qu'une amie vous susurre à l'oreille, ou que vous écoutez disserter et divaguer dans son coin; toujours simples, souvent d'une beauté pure, parfois drôle, parfois abscons, mais toujours ancré dans un réel qui vous est accessible et qu'elle éclaire de son oeil de poète humble, étonné, bienveillant.
Soit parce que j'étais arrivée au point d'orgue de ma lecture, soit que cela soit l'opus de la pleine sérénité de l'auteur, j'ai particulièrement aimé les poèmes de "Cas où", mais aussi l'humour malicieux des années plus mûres.
En introduction, le discours qu'elle a prononcé lors de la réception du Nobel offre une fort belle image de la poète avant de découvrir son oeuvre.
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J'ai beaucoup de mal à critiquer la poésie. Que dire quand il n'y a ni narration ni personnages et comment exprimer le plaisir de la lecture poétique?
Pourtant chez Wislawa Szymborska, le plaisir de lecture est généralisé. Nous la suivons dans de doux délires, à l'ironie tendre ou l'espièglerie grinçante, c'est selon. Rien de violent ni de tonitruant, mais une indépendance de ton et de vues, qui s'affirme impavidement.
Alors sans tarder plongez-vous dans cette revigorante lecture!
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« La vie ne fait pas de cadeau » (comme disait le Grand Jacques).
Wislawa Szymborska (1923-2012), poétesse polonaise nobélisée en 1996, a rencontré la mort le 1er février 2012, sans exagérer, dans son sommeil, à l'âge de 88 ans. La collection Poésie Gallimard propose en 2018 une anthologie courant de 1957 à 2009 et parcourant 10 recueils publiés du vivant de l'auteur dont les plus conséquents : « Sel » (1962), « Cas où » (1972), « Les gens sur le pont » (1986), « Fin et début » (1993), soit 140 poèmes traduits en français sur les 350 publiés en tout. Sous une apparente désinvolture, un vernis d'ironie, un accès aisé, le fond est troublant, inquiétant, voire étourdissant si on se penche au-dessus du puits de ténèbres : « Que les clameurs des abîmes pardonnent ce menuet ». « La conversation avec la pierre » (« Sel » (1962) est à ce titre parlant. Malgré l'obstination de la poétesse à tenter d'outrepasser les limites, invariablement la pierre lui répond qu'elle ne dispose d'aucune porte pour celui qui n'a pas le sens du partage, le désir, le germe, l'image du partage ne suffisant pas. Wislawa restera à la porte de la pierre sans possibilité de sonder un au-delà infranchissable pourtant banal, presque à portée. Peut-être le poème « Rien en cadeau » (« Fin et début » (1993) est-il le plus saisissant ? Avec un endettement « jusqu'aux oreilles » contractée à la naissance, la moindre partie du corps est en gage, à restituer lors du grand départ, sans faute, sans oubli. La poétesse clôt son inventaire avec une pirouette spirituelle : « Une âme,/Et c'est l'unique avoir/que le registre ignore ». Sous des interrogations d'apparence naïve : « Pourquoi une seule fois, en personne ?/Sur cette terre, sous cette étoile ? », la poétesse philosophe et conclut, étonnée, dans la continuité de Socrate, « qu'elle ne sait pas » : « Pardon aux grandes questions pour les petites réponses ».
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A travers ce recueil, j'ai pu découvrir l'habileté de Wislawa Szymborska à mêler le quotidien et le philosophique, le religieux tout comme le personnel et l'universel.
Même si je dois reconnaitre qu'elle avait une certaine capacité à capturer la complexité de l'existence, en y apportant parfois une note d'humour, je ne peux pas dire que ses textes m'aient amené à avoir de profondes réflexions.
J'ai toutefois passé un bon moment de lecture avec des textes relativement abordables pour un lecteur lambda.

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Recueil de poèmes de Wislawa Szymborska, prix Nobel de Littérature 1996.

Le Challenge Nobel sur Babelio me pousse à lire de la poésie et à découvrir les poètes lauréats du 20è siècle. Mais pour la plupart, je reste totalement insensible à leur poésie.

C'est encore le cas avec ce recueil de Wislawa Szymborska, poétesse polonaise. A part quelques poèmes où je me dis "bonne trouvaille", ou "ah c'est amusant cela", je n'ai pas accroché. Les poèmes du recueil m'ont fait pensé à des petites anecdotes, des petites historiettes, rien de transcendant. Ils parlent d'un peu de tout, de bric et de broc, il y a même beaucoup d'humour, mais parfois on sent bien que c'est fait exprès, pour accrocher. J'ai eu l'impression de perdre mon temps.

Pour moi, il manque la "musique" du poème que l'on récite ou que l'on apprend par coeur pour son propre plaisir, il manque la transcendance, la beauté dépouillée de tout artifice. Ce quelque chose qui nous dépasse qui fait que l'on s'arrête entre deux poèmes, émerveillé de ce que l'on a lu, touché en plein coeur et l'âme transportée de joie.

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J'ai été d'abord surprise de découvrir des poèmes parfois assez cocasses, dont certains vers sont comme des oisillons qui sauteraient de notes en notes… J'ai toujours le sentiment que la poésie à quelque chose de grave, qui ici, est très doux. le temps passe, les amoures meurent, mais avec tendresse, sans jamais oublié l'impulsion de vie qu'il y a eut à un moment, quelque part.
L'espièglerie de certains poèmes m'amènent à me demander si ce texte serait adapté à des adolescents ? Pour les réconcilier avec une poésie souvent floue et alambiquée.
Ici, la plupart des textes sont encore très actuels et parlent de choses très réelles, certains avec un langage franchement simple.

Quelques odes à la Pologne se trouvent là bien évidemment, mais de manière générale le recueil oscille entre l'univers, presque onirique, de l'inconscient et des états de faits qui ont quelque chose de distant et de froid. Ce mélange, ces deux vitesses qui ne cessent de se succéder l'une à l'autre rendent la lecture particulièrement prenante. Je ne sais pas parler de poésie comme de littérature ou d'essais.

Ces images servent bien évidemment à parler du temps qui passe et à la réflexion autour de l'écrit et de poésie, comme beaucoup de poète Wislawa Szymorska traite de ces thèmes. Elle le fait avec brio et j'éprouve une énorme admiration pour ces textes, notamment sur le temps qui passe et la vieillesse car je les trouve remarquable. Mais je vous les laisse découvrir par vous-même, sinon je vais recopier le recueil entier.
Comme dernier extrait du recueil, j'ai choisi de vous présenter un poème entier. Je l'ai choisi pour justement illustré ce dont j'ai parlé en introduction : le langage abordable et dynamique, les thèmes très actuels et hypers accessibles.
Lien : https://barauxlettres.wordpr..
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