IZNOGOUD : Un éléphant ! Le règne du calife pour un éléphant !
(P. S. : Joli petit clin d'œil de Goscinny à Shakespeare dont je ne suis pas certaine que la majorité des enfants puisse le déceler facilement. Il faut évidemment mesurer le décalage avec le célèbre vers iambique de Richard III : « A horse ! a horse ! my kingdom for a horse ! »)
IZNOGOUD : J'aime autant être empalé que de ne pas m'asseoir sur le trône !
DILAT LARAHT : Ne prenez pas les choses du mauvais côté. Peut-être qu'un événement fortuit viendra bientôt aider vos nobles desseins.
(ET, PAS PLUS TARD QUE LE LENDEMAIN…)
DILAT LARAHT : Patron ! Ça y est ! Un événement vient de fortuiter !
Laissons là le Mandarin Litchi occupant ses paisibles loisirs à observer le vol des canards laqués au-dessus des champs de riz cantonais…
Le calife ne fait rien, et il le fait bien. Il sort rarement de son palais, où il se distrait paisiblement en jouant aux échecs. Il ne perd jamais, car, son adversaire, en bon courtisan, lui signale les coups.
LE COURTISAN : Attention, Commandeur des croyants ! Si vous bougez votre esclave, je prends votre caravansérail avec mon janissaire et je fais échec au sultan !
Voici pékin la lointaine à l'époque de la dynastie Yuan. Sous les toits de porcelaine de Limoges vit un peuple silencieux, un peu snob, au sourire imperturbable…
LE CHASSEUR DE TIGRE : Voici un article importé qui vous fera de l'usage et vous donnera de la satisfaction. Pur tigre. Douze mille maravédis.
(Une heure plus tard…)
LE CHASSEUR DE TIGRE : À bientôt. C'est un plaisir de faire des affaires avec vous !
LE CALIFE : Il a fallu marchander un peu, mais ça valait la peine… Quatre maravédis, ce n'est pas cher !
IZNOGOUD : Ah, te voilà ! Viens avec moi à la porte du palais, j'ai des instructions à te donner tout de suite, mon homme de main !
DILAT LARAHT : Tout de suite, ou demain ?
Enseigne du magasin : TOUT À 10 % DE MOINS QU'AILLEURS
LE MARCHAND : 19,80 ! V'là le grand vizir !
IZNOGOUD : Qu'on m'apporte un fouet pour punir ce chat !!
L'HUISSIER : Le calife a interdit l'usage des fouets, il les a fait tous jeter !
IZNOGOUD : Il n'y a pas de quoi fouetter un chat ? Inadmissible !
DILAT LARAHT : Euh, pourrais-je compter sur une petite gratification d'usage en pareil cas ?
IZNOGOUD : Mon cher Dilat, je t'aime bien. Tu es une crème ; mais si tu ne veux pas être une crème fouettée, je te conseille de ne plus jamais me dire d'obscénités !