Lui n’aime que les westerns parce que tout y est évident : les bons sont les cow-boys, les méchants sont les Indiens. Il se vante d’avoir vu avant son mariage tous ceux avec John Wayne, Charles Bronson, et Clint Eastwood. Nous, les westerns, on ne veut pas le lui dire pour ne pas le vexer, mais on n’aime pas. Trop ringard. Nous sommes captivés par les bandes-annonces des films à voir prochainement.
Mon père restait à distance de ces gens-là, de crainte de percevoir de la condescendance ou du mépris à l’égard de l’immigré qu’il était. Faut dire que le politiquement correct n’avait pas encore franchi les limites du périphérique. Dans le quartier, on était raciste, antisémite, souvent les deux, en toute impunité, en toute liberté.
Elle se souvient qu'à l'école on lui avait appris les noms des résistantes ayant participé à la guerre de libération. On disait qu'elles étaient les vrais hommes de ce pays. Aujourd'hui, à la télé, leurs petites-filles participent à des concours de plonge. Quelle régression.
Elle acquiesce puis elle pose son voile de tristesse sur sa crinière de feu.
La vie n'est ni douce ni généreuse. Il y a des instants de bonheur ou de chance qu'il faut savoir saisir et c'est déjà beaucoup.
«La vie parfois, c'est magique, parfois c'est merdique
«En vieillissant, on est toujours rattrapé par sa race»