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Akli Tadjer, livre après livre, ne cesse de me toucher. Empathie immédiate pour ses personnages, savant dosage d'humour, de mélancolie et de sensibilité. L'air de rien, il parvient avec justesse à dire beaucoup de choses sur notre époque, tiraillé entre deux cultures. J'ai eu le plaisir de discuter avec l'auteur, ses romans sont à son image chaleureux et attachants.
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Mohamed est un artiste ébeniste installé à Paris, passage du Grand-Cerf. Père et mère (des émigrés de la première heure... un père travaillant dur -et ne supportant pas sa «nouvelle colonisation»- dans une usine d'équarrissage de peaux et une mère passant son temps à dépenser l'argent amassé durement auprès des vendeurs de babioles) décédés. Il vit seul, célibataire, goûtant de temps au temps aux joies des amours passagères. Heureux en apparence mais malheureux comme pas possible. Car, il a eu deux vies... totalement contraires.

Une enfance et une jeunesse presque heureuses (à noter que sa maman vivait comme une malédiction d'avoir mis au monde un rejeton avec une tête à s'appeler Patrick... une tête de roumi et des yeux clairs), avec une scolarité en dents de scie, assez médiocre car plus porté sur l'art du travail sur bois... et, surtout, sur la jeune et belle Nelly (fille d'un «ancien d'Algérie» revenu en France «avec le dégoût de tous les Mohamed»), qu'il aimait et qui l‘aimait. Des pelles roulées à pleine bouche, en veux-tu en voilà ! En attendant bien plus et bien mieux quand ils seront grands... et, aussi, un jeune frère, Lyès, qu'il protège, le chouchou de maman, un «intello» qui a réussi sa scolarité les doigts dans le nez, bien plus porté sur la réflexion et le rêve que sur l'agir.

Un jour, c'est le départ en famille pour l'Algérie. Vacances d'été et visite au «bled». El Kseur... Cap Carbon... les joies de la mer... le retour tardif... la nuit... la panne de la voiture (le tacot du papa)... le drame... Tout va alors basculer. Ils avaient oublié que le pays était alors en pleine période de terrorisme.

le lecteur trouvera en lisant l'ouvrage un déroulé presque incroyable d'événements ainsi que les conséquences des faits survenus et qui bouleverseront les vies des uns et des autres, en Algérie et à Paris. D'autant que, bien plus tard, Mohamed va croiser, par hasard, Nelly sur les lieux mêmes de leurs premiers baisers (une salle de cinéma, of course !). Bien sûr, l'amour (de jeunesse) finira par triompher (ou presque). Mais la famille, elle, va subir un sort moins heureux... cassée par le terrorisme de la décennie noire qui, profitant des «bienfaits» de la loi d'amnistie de 1999, va se continuer, sous d'autres formes, dont le salafisme. Plus soft, pratiquant l'entrisme tous azimuts, et pernicieusement dangereux pour l'équilibre de la société.

C‘est pour cela que l'auteur (du roman) nous gratifie de passages consacrés à une description assez (sur-) réaliste (quelque peu déplacés à mon avis, car exagérés et se limitant aux propos et aux comportements «populaires» et «populistes» recueillis ou vus ça et là… à l'aéroport, à l'hôtel, en taxi, dans la rue...)... de la ville (Alger) et du pays, la «paix» retrouvée. Très compréhensible de la part d'un visiteur, simple passager venu d'un «autre monde» fait d'art et de libertés... d'un visiteur traumatisé par des «chocs» ayant mis à mal bien de ses certitudes.
Avis : Pour un conteur, c'est un conteur. Un très bon conteur même qui arrive à vous garder «scotché» à un récit à rebondissements, souvenirs d'enfance et de jeunesse, vie d'émigrés (en France), art, amour... et terrorisme mêlés... et beaucoup (un peu trop ?) d'Algérie. Se lit d'un trait.
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Le narrateur, Mohammed, vend la maison de ses parents. A cette occasion, les souvenirs remontent, accompagnés d'une enveloppe de photos. Son père, ouvrier dans une tannerie, a quitté l'Algérie colonisée pour venir être exploité en France. Qui n'a d'yeux que pour Lyès le fils ainé, Nelly, Ines, les amis…
Et puis, dans les années 90, Lyes allait avoir 20 ans. Mais il ne fêtera jamais son anniversaire….Mohammed reste hanté par les souvenirs de ce qui leur arrivera ce jour-là, à lui et à son frère. Il y a un avant, et un après. Il faut se reconstruire, laisser le temps faire son oeuvre, mais la faille est toujours là, sous la carapace.
Le temps, il en est souvent question, des souvenirs, de la mémoire, du travail pour oublier ou pardonner. Mais le temps n'efface pas la douleur et la culpabilité.
Vingt cinq ans plus tard, les souvenirs ressurgissent avec d'autant plus de force que des indices le mettent en contact avec un(e) inconnu/e semblant les connaitre, lui et son frère…
Que va-t-il retrouver sur les traces de son passé ?

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Coup de coeur pour un très bon bouquin. Et pas parce qu'Akli est un ami mais parce qu'il le vaut bien.
Sa vérité n'a pas attendu mon aurore, j'ai terminé avec délectation son dernier roman dans la nuit. C'est d'ailleurs toujours un peu son truc, il prend son lecteur par la main et ne la lâche plus. Une insistance qui n'a rien de déplacé puisqu'elle nous donne le plaisir de voir du pays. Ou de ses pays, plus exactement. Alger me manque. Je ne la reconnaîtrais pas.
Une autre habitude que l'on prend à lire (ou à relire) Akli Tadjer: cette confirmation si besoin était que l'art du récit ne s'accommode jamais des pesanteurs du style, lourdement vêtu de vains effets. Ça semble d'ailleurs si naturel chez lui cette manière de mettre à nu les mots. La narration est limpide, le sentiment précis, la vérité juste et fragile, même si l'auteur trouve toujours les chemins les plus poétiques pour nous y conduire, de surprises en surprises.
L'histoire… Et quelle histoire partagée entre les deux rives de notre Méditerranée, quels rebondissements entre violences et répits, avec ses parenthèses, ses accélérations, ses ruptures et ses destins mêlés. Ses reniements, ses silences, ses oublis, ses mensonges et, toujours, pour un temps, ses réconciliations. Comme une histoire de famille. Comme une histoire de roman, ou de « mentir-vrai » comme nommait Aragon le fondement du récit.
La « schizophrénie normale » de Tadjer qui fait obstinément le pont entre nos deux cultures algérienne et française fait tilt à chaque fois. Ses personnages écartelés, le brillant Lyes, modèle d'intégration qui chute dans l'extrême, Mohamed, ce rejeton dont les questionnements incessants soulignent une exigence morale bien souvent douloureuse, Houria la rebelle qui ne cherche qu'un vrai père, la Juliette de passage, la Nelly à jamais pour toujours.
Toute vérité est bonne à lire, jugez-en par vous-même.
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Très beau roman qui vient confirmer le choc provoqué par D'amour et de guerre, une découverte qui m'a enthousiasmée et donné envie de découvrir d'autres oeuvres d'Akli Tadjer.
Ce roman-là est un condensé des thèmes qui nous interrogent et nous fascinent… Cette histoire d'une famille émigrée comme des milliers d'autres, avec ses fractures et ses souffrances, qui a du mal à s'épanouir dans ce pays d'accueil qui n'accueille pas vraiment, qui stigmatise et qui isole et dont la progéniture va se perdre, cette histoire nous saisit aux tripes et ne nous lâche pas jusqu'au dénouement…
Akli Tadjer est un formidable conteur. Il captive son lectorat et livre des clés de compréhension, si précieuses dans cette période de radicalisation. Je vais continuer mon exploration de l'oeuvre de ce magnifique écrivain.
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Coup de coeur pour ce petit livre d'Akli Tadjer, dont j'avais beaucoup aimé déjà "les thermes du paradis".
L'écriture est un des atouts de cet auteur : il parle avec des mots choisis, précis, qui nous touchent parce-qu'il y ajoute une tendresse et une poésie, qui rendent émouvants les événements racontés, même simples, même terribles.
Ici, l'histoire est poignante, les personnages et surtout leur évolution, dans des directions si différentes et inattendues, prend aux tripes. Je ne connais pas l'Algérie mais je me souviens de tout ce qu'en disait un ami qui en était originaire, et j'ai retrouvé dans ce livre ces discussions animées, et cette envie d'aller de l'avant mêlée de nostalgie, d'incompréhension et d'amour.
J'ai adoré l'ambiance de ce livre, sobrement rendue, très très touchante, cette écriture sans fioriture mais belle, ces personnages inoubliables.
A lire absolument.
Merci aux editions JCLattès et à NetGalley pour cette belle lecture.

#LaVéritéattendraL'aurore #NetGalleyFrance
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Parce que j'avais apprécié « Alphonse » d'Akli Tadjer, j'ai emprunté « la vérité attendra l'aurore » du même auteur. Et bien ce fût le même régal.
Mohamed nous raconte sa double culture, des parents algériens, une vie française, une mère désoeuvrée, un père qui fait ce qu'il peut pour subvenir aux besoins de la famille. Alors qu'en en 1993 il part au bled avec la famille il est loin de se douter que sa vie s'en trouvera chamboulée à tout jamais. Au même titre quand 25 ans plus tard il reçoit un message jamais il n'imagine qu'un deuxième bouleversement va se produire.
Akli Tadjer nous entraine sur un sujet d'actualité, non des sujets : l'appartenance à deux cultures, l'islamisme intégral. de manière plus légère qu'à l'accoutumée, avec une certaine dérision parfois il nous fait prendre conscience de la difficulté de cette deuxième génération qui a dû faire sa place en France. Il nous présente également l'emprise que peuvent avoir les religieux intégristes. J'ai apprécié ce livre qui se lit vite mais qui donne à réfléchir. En fait l'histoire est « ordinaire » racontée avec des mots de tous les jours et du coup semble tout à fait réaliste. Une écriture simple et enlevée donne le rythme qui reste soutenu, pas un seul moment d'ennui.
Humour, nostalgie, mélancolie, secret voilà les mots que j'emploierai pour vous inciter à lire ce petit bijou

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Superbe livre intéressant, captivant, mêlant amour, mixité, histoire de cette période difficile en Algérie, avec, toujours, l'espoir et les interrogations...
On ne lit pas, on dévore et les images défilent en nous..
Et, toujours, des mots doux et fort à la fois...
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Le livre inspire bien souvent le cinéma et cela donne des rencontres qui sonnent juste.
Le cinéma inspire aussi les auteurs. Cela vient du fait que c'est bien la corde sensible humaine qui engendre la création artistique.
"La vérité attendra l'aurore" a des accents de "Cinéma Paradisio" et bien des images de salles obscures viennent illuminer notre imaginaire à la lecture de ce roman.
Ce n'est pas le tout de l'attrait, qui a bien d 'autres atouts.
De même que la vérité ne se dévoile que peu à peu et parfois jamais complétement je vous laisserai vous délecter de la surprise et du style
de ce que j'appellerai un piège savoureux pour les lecteurs.

Lien : http://www.editions-jclattes..
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Familier des livres d'Akli Tadjer depuis '"Courage et patience", ce roman à l'écriture à la fois mordante et percutante, m'a emporté dans un tourbillon emotionnel sur les relations dans les fratries issues de l'immigration ici algérienne (kabyle). le destin contrarié de Mohamed, où le fantôme du frère Lyes hante constamment sa conscience dans un suspens innatendu ! le verbe de l'auteur est fluide, ponctué de métaphores humoristiques , bref un roman à découvrir absolument en cette période de confinement ! Karim SAÏDI
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