Une partenaire particulière

Je m’explique : vous êtes dans cet état psychologique depuis longtemps et vous vous êtes forgée une barrière naturelle contre la dépression qui, donc, ne se déclare pas. Cette barrière est constituée de colère et d’une forme de frustration, liées à des évènements lointains. D’autre part, vous avez perdu votre binôme et vous vous en sentez responsable. Vous ne devriez pas, il a pris sa décision tout seul. Vous ne devez pas omettre ça.

Se retrouver avec un être artificiel qui déduit plus vite, fonctionne plus vite et le tout sans considération d’ordre psychologique ou simplement d’humeur évoluant au gré des jours, n’est pas simple. Seuls les individus dénués de scrupules ou d’émotions vives réagissent autrement et acceptent tout de suite qu’un androïde collabore avec eux. Comme l’androïde n’a aucun ego, ça leur permet de se mettre en avant en s’attribuant les mérites de la machine.

Elle avait perdu cet enthousiasme des débuts, lorsqu’elle s’était rendu compte que lutter contre le crime dans une grande métropole comme Paris revenait à colmater les brèches d’une société en déliquescence inexorable et qu’éradiquer complètement le mal était une pure chimère. Rendre le monde meilleur, c’était comme tenter de vider l’océan avec une cuillère à thé.

Elle savait manifestement comment caresser avec force ou douceur selon l’endroit, avec les mains ou la langue, où appuyer pour faire du bien, retarder le moment ultime avec délice et laisser exploser l’extase quand plus rien d’autre ne comptait…
Et recommencer, encore et encore… Elle était infatigable.

Ce n’est pas forcément en criant le plus fort qu’on obtient la réaction la plus adéquate. Donnez-lui un peu de temps, je suis sûre que votre androïde saura se montrer conciliant et efficace à la fois, à la hauteur de vos attentes. Croyez-moi. Et surtout, faites comme si ce n’était pas un être artificiel.