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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Peut on parler à la place d'un autre et pourquoi le faire tant il est évident que le tri sera laborieux entre ce qu'aurait pu dire la personne, ce que son porte-parole a entendu, cru entendre, aurait aimé entendre ou ne pas entendre. Ajoutons que ce que l'on dit, n'est pas forcément en adéquation avec ce que l'on pense.

Je ne connaissais pas Abdellah Taïa. Ecrivain d'origine marocaine, 49 ans, homosexuel, origine pauvre, de nombreux livres à son actif et Vivre à ta lumière doit s'inscrire dans la continuité d'une oeuvre dont et de fait l'essence m'échappe.

Abdellah Taïa raconte donc trois épisodes de vie de sa mère Malika.
18-20 ans, la quarantaine je suppose et 65 ans.
Malika est la narratrice, d'où, qui parle à la place de qui ?

Episode un. Malika, pauvre, se marie avec l'homme de sa vie, tout aussi pauvre, mais il part à la guerre, celle d'Indochine et meurt. Malika est veuve sans enfant après à peine deux ans. Ayant quitté sa famille et rejetée par sa belle famille , elle se retrouve en errance.
Version de Taïa-Malika, Allal est mort à cause de sa famille avide d'argent via l'engagement, de la France et de la colonisation, envoyant à tour de bras de pauvre bougres mourir pour elle et des causes inutiles.
Maktoub revient souvent sous la plume de Abdellah Taïa, comprenez le destin, comme si Allal, pardon comme le libre arbitre de chacun n'existait pas.
Intérêt de cet épisode. Malika a été amoureuse, pleine puis vide de vie, sa force de caractère lui permet de ne pas couler.

Episode deux. le temps a passé, Malika est mariée et a des enfants dont Khadija, 15 ans.
Elle s'oppose à Monique, une belle française reliquat du colonialisme qui ayant deux garçons et pas de fille veut s'approprier Khadija. du moins est ce comme cela que Malika perçoit les choses. Malika lutte pour garder sa fille.
Intérêt de cet épisode ? Idem, la force de caractère de Malika.
Interprétation psychologique, une dimension parano, Malika fonctionne par certitudes, elle n'admet pas la contradiction, impose ses idées et pense bien faire, bon courage à ses proches. Et pour les problèmes c'est toujours la faute des autres.

Episode trois. 65 ans. Seule dans une grande maison car Malika a pu s'enrichir. Un Jaâfar- Ahmed-Abdellah, surgit un couteau à la main afin de lui demander des comptes. Je vous laisse découvrir de quoi il en retourne à travers ces deux personnages plus un qui ne sont qu'un.

Le mot de la fin.
Bonne chance mon fils Jaâfar.
Commentaire de celui qui se le permet. La vie n'est pas une question de chance ni de Maktoub.

Le mot du début .
Vivre à ta lumière.
Commentaire de celui qui se le permet. Les directives parentales, d'une mère qui impose en particulier, il faut savoir en garder le meilleur et s'éclairer soi même et avec l'aide des autres, pour le reste.

Vivre à ta lumière. Un livre bien écrit, qui raconte sans recul et avec une objectivité qui n'en est pas une. Mais il est parfois bon d'entendre, ce que l'on aimerait entendre. Je m'excuse et à chacun sa mère.
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VIVRE À TA LUMIÈRE, un roman troublant de Abdellah Taia
🍃
Ici, on donne sa 𝙛𝙞𝙡𝙡𝙚 à un frère, lecteur, et son 𝙢𝙖𝙧𝙞 à l'ennemi. Là-bas les meskine de Béni Mellal sont riches de ce qu'on ne voit pas.
🍃
Et on ne sait plus très bien qui est libre, qui est 𝙥𝙧𝙞𝙨𝙤𝙣𝙣𝙞𝙚𝙧, qui est dedans, qui est dehors. On en vient à se demander si la meilleure façon d'aimer un mort n'est pas de l'enterrer, si le 𝙘𝙤𝙣𝙙𝙖𝙢𝙣é ne serait pas, finalement, le plus libre, ou si la mère courage n'est pas en fait une 𝙨𝙤𝙧𝙘𝙞𝙚𝙧𝙚.
🍃
Abdellah Taia fait bouger toutes les lignes, toutes les frontières, fait voler en éclat les certitudes éphémères. Je veux pas mettre ma djellaba verte, lecteur, je veux pas ouvrir la grande porte, je veux juste m'assoupir un instant à l'entrée des ruines de Shellah, reposer mes yeux près du bassin des anguilles sacrées et m'endormir, un 𝙥𝙤𝙞𝙜𝙣𝙖𝙧𝙙 dans la cuisse.
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Il y a une certaine continuité dans les romans d'Abdellah Taïa, une certaine constance, en tout cas un fil conducteur que j'apprécie de suivre au gré des publications de l'auteur.
Cette fois, il donne la parole à Malika, sa mère, sur trois périodes distinctes de l'histoire marocaine.
D'abord sous l'ère coloniale, Malika est mariée toute jeune à un homme qui est envoyé aussitôt au combat en Indochine d'où il ne reviendra pas, laissant Malika, jeune veuve sans enfants, rejetée par sa famille.
Puis durant les années 60, l'Indépendance venue, Malika s'est remariée, est mère d'une nombreuse fratrie, et qui doit lutter pour la liberté de sa fille que le père veut envoyer au service d'une famille française aisée.
Enfin, en 1999, à la veille du décès de l'ancien Roi, à l'aube d'un changement de génération à la tête du pays, Malika, de nouveau veuve, est menacée chez elle par un homosexuel, alors qu'elle a laissé fuir son propre fils voulant échapper aux persécutions dont sont l'objet les gays.
Abdellah Taïa déploie une écriture ciselée, rageuse, sèche et expéditive. Si le JE domine dans la bouche de Malika, il s'autorise de nombreuses variantes en faisant naviguer le JE d'un personnage à l'autre, dans des dialogues peu différentiés et à la ponctuation rare. Quelques pages, et nous voilà plongée dans un style bien à lui pour dire à la fois la puissance et la vulnérabilité de la Femme marocaine, à la fois résignée à son sort et en lutte contre les injustices.
Les thèmes récurrents de l'auteurs tels l'anticolonialisme, la violence en prison, la maltraitance envers la communauté gay qui ne peut vivre au grand jour et assumer ce qu'elle est, la pauvreté héritée de l'histoire qui se perpétue indéniablement au fil des générations se retrouvent au coeur de ce court et singulier roman, sensible et puissant.

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Voici un roman beau et déroutant.

A travers trois époques de la vie de sa mère, l'auteur Abdellah Taïa nous raconte Malika.

Malika la jeune femme de Beni Mellal, qui tombe amoureuse d'Allal et l'épouse.

Malika, la mère de Rabat, en colère, qui fera tout pour sa fille Khadija.

Malika, la mère menacée, que l'on retrouve à Salé, et qui n'a aucune nouvelle de son fils Ahmed depuis qu'il est parti en France.

Ces trois épisodes se déroulent entre 1954 à 1999, une période assez vaste, qui permet de voir l'évolution de Malika, ses griefs contre les Français colonisateurs, ses chagrins, ses espoirs, ses remords, sa colère surtout, contre les riches et les puissants. C'est une femme pleine d'amour pour les siens, pleine de haine pour ceux qui lui retirent ceux qu'elle aime.

Cette lecture, c'est aussi une plongée au coeur du Maroc, les traditions, la manière de vivre, la politique et l'Histoire de ce pays : l'Indochine, les colons, l'indépendance, Medhi Ben Barka...

"𝘕𝘰𝘶𝘴 𝘯𝘦 𝘴𝘢𝘷𝘰𝘯𝘴 𝘱𝘢𝘴 𝘷𝘰𝘪𝘳. 𝘓𝘦𝘴 𝘩𝘰𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘯𝘦 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘥𝘰𝘶𝘦́𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘶𝘯𝘦 𝘴𝘦𝘶𝘭𝘦 𝘤𝘩𝘰𝘴𝘦 : 𝘪𝘯𝘷𝘦𝘯𝘵𝘦𝘳 𝘥𝘦𝘴 𝘮𝘦𝘯𝘴𝘰𝘯𝘨𝘦𝘴 𝘦𝘵 𝘷𝘪𝘷𝘳𝘦 𝘥𝘦𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘦𝘯 𝘤𝘳𝘰𝘺𝘢𝘯𝘵 𝘴𝘦́𝘳𝘪𝘦𝘶𝘴𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘤'𝘦𝘴𝘵 𝘭𝘢 𝘷𝘦́𝘳𝘪𝘵𝘦́."

L'écriture est belle, saccadée, orale voire théâtrale. le lecteur est, tout comme Malika, à bout de souffle, oppressée, mais touchée par l'amour d'un fils pour sa mère, par l'hommage d'un écrivain pour celle qui l'a mis au monde.

Ce fut une très belle découverte, le premier roman que je lis de l'auteur et certainement pas le dernier.


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Coup de coeur pour ce livre émouvant et poétique , une fiction écrite à partir d'éléments biographiques . Malika est la voix de la mère de l'auteur, Ahmed le fils homosexuel de Malika est le double de l'auteur.L'image plurielle de la mère et l'homosexualité dans sa diversité charpentent le texte.
Le récit étrange, souvent déconcertant, mêle réel,rêve, sorcellerie, délire, bien et mal ;il déroule des fragments de la vie de Malika , marocaine,à trois moments de sa vie. Personnage complexe, capable d'une émancipation qui force l'admiration ,Malika devenue mère se révèle féroce, étouffante, impitoyable. Poursuit-elle un besoin de revanche depuis que la guerre d'Indochine lui a enlevé son premier mari Allal ? Ou lui est-il impossible d'échapper au carcan des coutumes et des valeurs de la société marocaine?Le poids de la colonisation traverse le récit , le personnage de Monique interroge sur la légitimité de se revendiquer d'un pays.
Le livre dit aussi la situation de la jeunesse au Maroc, la misère des homosexuels dans la société et les prisons.
Et le début du récit?
Malika raconte sa rencontre au souk avec Allal , un jeune homme pauvre.Elle sait qu'Allal et Merzougue s'aiment mais Malika est amoureuse et accepte cette situation. le mariage met fin à la maltraitance exercée sur Malika par la seconde épouse de son père .Elle évoque les souvenirs heureux aux chutes d'Ouzoud.Allal veut gagner de l'argent pour ses parents et pour lui,pour une vie meilleure. Allal décide donc de s'engager au côté de la France dans la guerre d'Indochine d'où il rapportera une solde conséquente.Mais Allal se fait tuer en Indochine et Malika veuve à 20 ans est mise à la porte par sa belle-famille.
On retrouve Malika une vingtaine d'années plus tard à Rabat, mariée à Mohammed,mère de nombreux enfants.Malika a des rêves pour sa fille de 16 ans Khadija mais Monique une bourgeoise française veut en faire sa domestique avec l'assentiment de Mohammed.Malika tente tout pour convaincre Monique de renoncer à ce projet.
La dernière partie déroule la confrontation violente entre Jaafar, un homosexuel fraîchement libéré de prison et Malika maintenant sexagénaire et veuve.Malika n'a pas protégé son fils Ahmed ...
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L'auteur a souhaité à partir de la fragilité de Malika développer les trois grandes parties d'une histoire qui se passe au Maroc de 1954 à 1999.

Son premier mari Allal est envoyé par les Français combattre en Indochine et y est mort.

A Rabat avec son second mari et ses sept enfants, elle se bat pour empêcher sa fille Khadija de devenir la bonne de Monique, riche française. Or, elle ignore que Monique est d'origine marocaine et qu'elle partage une part de son histoire.

Enfin, vers la fin de sa vie, un jeune voleur homosexuel, Jaâfar, voudra la tuer.

L'auteur place la femme au centre d'une culture marocaine et rétrograde l'homme comme pour conjurer le malheur d'une femme qui doit toujours se taire. Mais le coup de force du roman réside dans le lien conté sur l'homosexualité.

Ecrit avec sérénité dans une douleur sourde, le calme respire le récit. Un roman qui se lit d'une traite et qui tient bien en main. Une douceur dans les phrases nous invite à parcourir des lignes récitées d'un chagrin de femme où la résilience musulmane se confond dans un quotidien bouleversant.
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