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Citations sur Le Carnet (6)

Mes parents : Marie Christine et Philippe.
Que puis-je dire à propos de Marie Christine ? Marie Christine, ma Maman.
J’ai envie de la décrire. Physiquement, je lui ressemble : nous avons le même regard et les mêmes mains.
Marie Christine est la plus jolie des filles Duvivier. Lorsqu’elle est jeune, elle ressemble, paraît-il à Jackie Kennedy. J’ai tendance à le croire.
Lors d’un repas récent entre cousins, une de mes cousines dit à maman qu’elle n’a plus vue depuis 30 ans « Le souvenir que j’ai de toi est que tu étais la plus belle femme du monde »
Marie Christine assume seule l’éducation de ses enfants. Philippe est un père totalement démissionnaire. Même la très symbolique pension alimentaire est toujours versée avec beaucoup de retard pour au final ne plus être honorée. Papa ne procède à aucun suivi scolaire, médical ou autre.
Malgré ses mariages difficiles, Marie Christine assume en nouant le plus souvent très difficilement les deux bouts.
Avec nous, elle est bienveillante tout en restant exigeante voire assez autoritaire. Notre réussite scolaire est essentielle à ses yeux. Je me souviens de mes premières années d’humanités. Mon frère est en pension. Elle me fait des fiches de lecture et rédige le premier jet de mes dissertations pour m’aiguiller. Elle est présente et toujours disposée à me consacrer du temps.
J’en ai d’ailleurs vraisemblablement abusé. Je ne pense pas avoir lu tous les livres imposés par mes professeurs de français. Les trames des dissertations qu’elle me fournit, je ne les complète que très rarement. Elle s’en rend parfois compte et me somme alors de m’y mettre sous peine de ne jamais pouvoir rédiger seul.
Maman marque tout mon entourage pendant mon adolescence et ce, jusqu’à la fin de mes études.
Je me souviens de la délibération et proclamation des résultats qui boucle mon premier cycle d’études supérieures. Maman me demande le weekend précédant l’horaire et le lieu. Je lui réponds de manière détachée, n’étant pas sûr d’y assister. Les examens sont terminés et je suis en roue libre. Elle travaille comme déléguée médicale et parcourt chaque jour de nombreux kilomètres. Peut-être a-t-elle des rendez-vous professionnels ce jour-là. Mais elle est à l’heure et assiste à la cérémonie. Elle est ponctuelle au rendez-vous et assiste à la proclamation de ma grande distinction et je lis dans ses yeux ce jour-là une immense fierté. Après la délibération, j’ai le projet de retourner à mon kot et de faire la fête. Elle m’invite à rentrer à la maison et à célébrer ma réussite au restaurant en sa compagnie. Il m’est difficile de décliner son invitation. Avant de nous rendre au restaurant, elle fait un petit crochet par la maison.
Mes grands-parents et ma tante sont au courant avant que nous n’allions diner en tête à tête.
Alors que j’ai déjà un peu tourné la page étudiante, Maman revient sur mes résultats. Elle est fière, émue et souriante.
Je suis loin de m’imaginer qu’elle doit probablement avoir en tête sa période de Louvain et qu’elle a dû être soulagée et fière d’annoncer à ses parents la réussite de son fils.
Philippe est le parfait opposé de Marie Christine.
Elle est le Ying, il est le Yang.
Philippe cherche à se faire aimer. Son côté charmeur et beau parleur émouvra d’ailleurs mes petites copines lorsque je suis adolescent. Charmer sera le mot d’ordre de sa vie.
Quand Marie Christine évoque leur rencontre et leur mariage, elle parle d’un dandy qui attachait beaucoup d’importance à l’élégance. Il ne s’habille que chez des couturiers de renom, ne met que des chaussures de qualité et ne fréquente que des restaurants tenant le haut du pavé.
Un homme précieux et exigeant. Telle est la plus importante facette de la personnalité de mon père.
Ma compagne ne l’a pas connu. Nous avons pas mal de choses en commun, me rappelle-t-elle régulièrement.

J’ai le souvenir d’un homme constamment imbibé et méprisant. J’ai toujours pensé qu’il dissimulait derrière son humour british un mépris des autres. Ses traits d’esprit se faisaient toujours au détriment d’autrui.
Il ne se soucia pas de ce que nous faisions même s’il se disait très fier de ses deux enfants. Je me souviens d’une scène lors d’une de nos dernières rencontres.
Nous sommes dans un café proche de chez ses parents. Je viens de terminer quatre ans d’études supérieures durant lesquelles il ne se manifeste qu’à de rares occasions. Il apprend ma réussite la veille et m’en félicite. Il me propose de venir le chercher chez mes grands-parents pour un dîner en ville. Lorsque j’arrive, il n’est pas au rendez-vous. Je le cherche dans la maison de mes grand parents, les interroge mais ne le trouve pas. Je le retrouve au café du coin. Papa n’a pu attendre et a anticipé les festivités avec les soulards du coin ; il a raconté une fable de son invention.
Il est fier de son fils diplômé. Ces études, il prétend les avoir monitorées et financées. C’est sa réussite à l’entendre. Je ne suis pas étonné et m’amuse à rentrer dans son jeu. Je partage quelques bières avec lui et l’écoute pérorer. Ses amis sont quelque peu étonnés. Ils ne m’ont plus vu depuis des années et Papa n’a pas dû leur parler régulièrement de moi.
Je rentre alors dans son jeu. Je lui pose la question qui fait mouche.
« Papa, il est maintenant temps pour moi de te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi ces dernières années. Sans toi, je n’y serais pas arrivé .Au fait, pourrais-tu me dire ce que j’ai entrepris comme études ? Combien de temps et dans quelle institution ? »
Il est scotché et blêmit. Il balbutie. Il pense que j’ai étudié les langues étrangères à Mons.
Je l’interroge, dans la foulée, sur les raisons pour lesquelles il ne versa pas un centime de pension alimentaire durant ces quatre années.
Selon lui, l’obligation de pension alimentaire s’éteignait avec les études supérieures. Depuis mon entrée aux études, il ne s’est plus senti obligé de contribuer à mon entretien.
En l’espace de 4 ans, il me remettra deux ou trois fois un chèque représentant la pension alimentaire. Il me fera remarquer, grand seigneur qu’il m’octroye aussi la part destinée à mon frère. Ces quelques chèques étaient, par ailleurs, en bois.
Avant de quitter le café, je le remercie, devant les piliers de comptoir de l’assemblée, pour sa générosité, sa bienveillance et pour l’équivalent de deux mois de pension alimentaire perçus en l’espace de 4 ans. Je lui confirme, dans la foulée, lui devoir en partie ma réussite.
Durant ces quatre années, j’ai, en effet, appris à ne pas dépendre de lui de quelque manière que ce soit. Et ce fut un fameux moteur de motivation. J’ajoute avec l’ironie
blessante qu’il affectionne tant : « la réussite fut assez facile, Papa. Tu avais mis la barre tellement bas qu’il me fut aisé de faire mieux »
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La sulfureuse histoire entre Alain et Marie Christine s’étale sur quinze longues années. Leur aventure commence au début de mon enfance. J’ai cinq ans lorsque nous emménageons à Gottignies et je termine mes études et me prépare à quitter la maison lorsque leur rupture éclate. Quinze années, hantées par l’ombre de mon beau père.
Du début à la fin, mon frère et moi avons été désignés comme les principaux artisans de leur romance ratée. Après leur première déchirure en 1985, Alain revient à la charge et promet la lune à sa femme. Il plaide sournoisement le fait que nous avons grandi et que nous ne sommes donc plus les petits boulets et les petits bâtards qui l’ont empêché d’exprimer le plus beau côté de sa personne. Leur idylle peut enfin voir le jour. Un scénario digne de Walt Disney que Maman écoute en mangeant des popcorns.
Ces quinze années ont été longues et dramatiques. Ma relation avec Maman est singulière et la vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Elle et moi, c’est un peu les montagnes russes. Notre relation est contrastée, marquée par les événements que son mari nous fait subir. Elle est différente de celle qu’elle entretient avec mon frère.
Mon frère sera parfois moins proche d’elle mais aussi moins hostile. Il ne lui fera jamais les reproches que j’ai parfois pu lui formuler. Je suis à ses côtés dans l’adversité mais je la rends aussi personnellement responsable de la vie infâme qu’elle nous impose au nom de son choix, enfin de leur choix pour reprendre son expression. Mon frère ne lui reprochera pas aussi ouvertement et aussi durement cette responsabilité pour deux raisons principales. Il coule sa scolarité en pensionnat et n’assiste pas aux colères auxquelles je suis presque quotidiennement confrontées. Il continue à voir mon père un weekend sur deux alors que je vais couper les ponts avec lui à l’âge de 8 ans.
Mon frère ne voue pas non plus le même ressentiment que le mien à Alain. Il nous arrivera des années plus tard de nous quereller lorsque je mets le sujet sur la table. Je demande des comptes et exige des explications et ne supporte pas qu’on clôture le sujet et qu’on passe à autre chose.
Les tensions sont vives avec mon frère mais aussi avec Maman. Je suis à ses côtés durant les années noires. Je suis le seul témoin des coups qui lui sont portés et des insultes qu’elle reçoit. Je suis aussi à ses côtés lorsque nous devons nous enfuir au beau milieu de la nuit parce que nous ne sommes plus en sûreté. Je suis là lorsque nous débarquons au milieu de la nuit chez ma tante qui habite à cinquante kilomètres de chez nous et qui nous héberge pour quelques nuits. Maman me réveille en pleine nuit alors qu’elle vient de se faire rouer de coups par son mari et nous nous enfuyons comme des voleurs dans la nuit noire. Je suis encore présent lorsqu’elle évoque la scène en présence de ma tante en minimisant la gravité de la situation ou en masquant les corrections qui lui ont été infligées.
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C’est la première fois qu’elle reçoit des coups de la part de l’homme avec lequel elle vit depuis à peine deux ans. Cette scène de violence n’est pas un incident isolé mais l’inauguration d’un acte qui deviendra rituel et fera partie de la routine quotidienne.
Maman me donne alors la raison « officielle » du coup de sang de son mari et embraye ensuite sur les circonstances atténuantes. La rage d’Alain est liée à sa famille : ses parents sont de retour dans le Nord de la France et la situation est un peu tendue avec sa fille Isabelle. Une relation délicate avec sa fille et le déménagement de ses parents sont les raisons de sa première raclée.
Elle continue à dérouler les circonstances atténuantes. Elle précise « sous l’emprise de l’alcool » lorsqu’Alain la bat. Ce n’est en réalité pas Alain qui la frappe mais Alain sous l’emprise de l’alcool. Ce n’est pas le même personnage mais son double qui la cogne car son gentil mari n’est pas qu’un homme délicat et tellement attentionné, il est aussi sobre comme un chameau. On retient de lui celui qui n’a jamais rien bu d’autre que du café et du Coca Cola. Donc, quand Alain est imbibé, ce n’est pas Alain. C’est un autre homme mais pas lui.
Elle continue son récit. Elle reçoit donc une raclée de l’homme qu’elle aime et son petit écart de conduite est celui d’un être temporairement perturbé par ses histoires familiales et sous l’emprise de l’alcool.
Pour Marie Christine, ce petit écart n’est qu’une mauvaise passe et n’est que transitoire. Elle est convaincue que son second mari est tellement différent des autres et que tout va rapidement rentrer dans l’ordre.
Alain va pourtant rapidement délaisser ses boisons favorites, à savoir le café et le Coca Cola, au profit de sorties arrosées qui deviennent routinières. Il semble moins attentionné et peu délicat lorsqu’il rentre le soir imbibé par l’alcool. Et les scènes de violences se chronicisent mais elle reste malgré tout persuadée que ce n’est qu’un mauvais moment à passer.
Quand Alain débarque dans la famille de Marie Christine, c’est la surprise. Le décalage entre son milieu d’origine et celui de sa nouvelle femme fait grincer des dents. Alain, le principal intéressé, est le seul à ne pas s’en rendre compte mais ne manque pas de courage pour combler le fossé entre ces deux mondes. Il se retrousse les manches et commence à nous raconter sa glorieuse biographie. Ses archives sont là pour entériner sa légitimité et il va y aller fort, n’hésitant pas à laisser parfois son pouce sur la balance.
Le bien fondé de mon beau père, c’est le Savoir et la Science. Il sait tout sur tout et va abreuver de son savoir universel la famille de sa femme qui va se délecter et s’amuser de sa bêtise.
Alain se tourne ensuite vers un autre public qu’il déniche dans une petite auberge, proche de notre foyer. C’est dans cette petite taverne qui ressemble à un buffet de gare qu’il se découvre de nouveaux amis. Il y étale son érudition et sa science en couches épaisses et ses nouveaux disciples apprécient et en redemandent vu la régularité de ses sorties. Les retours de soirées sont peu poétiques mais assez pathétiques. Ses rentrées au bercail sont légendaires et sa femme va rapidement s’en lasser.
Quand il rentre de beuverie, Alain poursuit son show à domicile. Il revient généralement en fin de soirée mais rejoint la maison comme si nous étions au milieu de l’après-midi. Comme s’il était rentré plus tôt que d’habitude. Il tient à peine droit et se fait couler un petit café pour se dégriser et détendre l’atmosphère. Il commence alors à nous raconter sa journée, parsemée de trous qu’il comble avec des histoires rocambolesques et se contredit toutes les deux minutes pour répéter les mêmes âneries en boucle.
Alain aime que ses spectateurs soient captifs et circonspects. Quand il perd l’attention de son auditoire, il change de tonalité et justifie sa rentrée tardive par le fait qu’il a d’étonnantes révélations à nous faire. Il nous livre alors le fruit de ses investigations qui concernent soit mon père qu’il connaît à peine soit mes grands-parents ou encore un autre membre de la famille de sa femme. Ses révélations se situent le plus souvent en dessous de la ceinture et sont assez binaires. Il s’agit le plus souvent de Y qui est une salope ou de X qui est un cocu.
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Dix-huit mois après avoir fui Philippe, Marie Christine délaisse ses parents chez lesquels elle s’est réfugiée pour vivre avec Alain.
Les premiers contacts entre Alain et ses géniteurs sont délicats. D’emblée, Marguerite prend de la distance. Elle ne l’aime pas et le fait bien comprendre, tant au principal intéressé qu’à sa fille. Marie Christine vit avec lui depuis un an lorsque Thérèse, sa plus jeune sœur se marie. Alain n’est ni le bienvenu ni invité à la cérémonie. Marguerite, dogmatique, ne tolère aucune tractation. Marie Christine assiste au mariage de sa sœur et c’est Jacques D, l’assistant de la pharmacie familiale qui lui sert de cavalier.
Elle décide de vivre avec son nouvel amant et le rejoint dans une petite maison à la campagne, à plus de cinquante kilomètres de Charleroi.
Elle passe dans un premiers temps quelques weekends à Gottignies. Parfois nous l’accompagnons, parfois elle s’y rend seule. Nous emménageons par la suite à Gottignies qui devient notre nouveau cadre de vie. Maman a obtenu du juge d’avoir la garde principale de mon frère et moi.
Je délaisse ma petite école maternelle située à quelques centaines de mètres de chez mes grands-parents pour rentrer en première primaire à Mons, à vingt kilomètres de notre nouveau foyer. Ma classe maternelle était douce et familiale alors que mon nouvel établissement scolaire est grand, froid et austère. La rigidité, l’autorité et la discipline en sont la clé de voûte.
Mon frère s’y retrouve aussi, contraint d’abandonner l’école primaire qu’il affectionne pour rejoindre Mons. Il n’y fait qu’un bref séjour ; il contracte une hépatite et est mis en congé scolaire imposé pour quelques mois.
Il passe sa convalescence chez Marguerite et Henri et je me retrouve seul. Je suis délaissé mais surtout perdu dans cette école que je viens vite à détester. Mon frangin se rétablit plus vite que prévu mais ne peut regagner les cours. Il réussit son année mais est invité à ne rejoindre l’école qu’à la rentrée suivante.
Au printemps 1975, Marguerite projette une incursion à Lourdes avec ma tante invalide. Comme mon frère termine sa guérison chez elle, Marie Christine propose que son fils fasse partie du voyage. L’expédition à Lourdes est un nouvel épisode douloureux dans la relation entre Marie Christine et Henri, qui continue à gérer la trésorerie de sa fille bien que celle-ci ne vive plus chez lui. Elle sait son solde créditeur et demande alors à Henri de financer l’excursion de son fils. Le retour de ce dernier sera l’occasion de faire le décompte et pour elle de reprendre ses finances en mains. Henri solde les comptes à sa manière et remet les compteurs à zéro, en estimant que le solde restant lui est dû. C’est selon lui une forme de bonus qui lui revient en compensation du séjour que sa fille a passé chez eux.

Maman a la gorge qui se noue lorsqu’elle ravive Gottignies. Elle bredouille.
« Je n’aime pas beaucoup parler de cette période-là de ma vie »
« C’est surtout par rapport à vous ...car ai l’impression que je vous ai fait beaucoup de tort alors que ce n’était pas du tout mon intention »...
Je lui pose alors la question qui me brûle les lèvres.
« Quand a débuté ta relation avec lui ? Comment ça s’est passé ? »
Au lieu d’évoquer le timing de sa relation, je suis tenté de lui demander ….
Mais enfin, pourquoi ? Pourquoi lui ?
« Mais avant de me mettre en ménage..je vous l’ai présenté ..il vous a présenté ses enfants »
Sa réponse me déroute mais je ne relève pas. J’ai à peine cinq ans lorsque nous emménageons à Gottignies et je n’ai pas vraiment le souvenir qu’elle nous ait demandé de lui donner notre consentement.
Maman ne répond pas à ma question. Elle commence à ma décrire la petite maison à la campagne avec une forme de nostalgie. Elle me dépeint une vie heureuse, une version revisitée de la petite maison dans la prairie. Tout le monde y est heureux en dépit de quelques ombres au tableau qu’elle situe au début des années quatre-vingt.
Je la laisse parler et ne l’interromps pas. Je garde mon calme et lui fais simplement remarquer que mes souvenirs ne coïncident pas du tout avec son allégorie. Je n’associe pas Gottignies à la maison de la béatitude et que j’ai quelques aléas bien précis en tête que je situe à 1975, soit quelques mois seulement après notre arrivée. Ces réminiscences sont les premières punitions, ensuite les premières insultes à nouveau suivies des premières violences. Elle rebondit à nouveau sur le début des années quatre-vingt … et je ne peux m’empêcher de l’interrompre.
“Maman, en 1982 j’ai 13 ans et nous quittons Gottignies lorsque je suis en 2ème humanité, soit à 14 ans ....”
Je commence à décrire un avatar bien précis et lorsque je lui relate la scène, elle me sourit. Ses yeux sont gorgés de larmes.
« Tu as raison. Ca a vraiment commencé lorsque je me suis lancée dans la délégation médicale ; je suis rentrée chez Sanders en 1978 »
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Le mariage est célébré le 31 juillet 1965, soit un an plus tard.
Mais quinze jours avant la cérémonie, Marie Christine veut y renoncer. Elle n’ose pas exprimer ses doutes à ses parents. C’est trop tard, se dit-elle. Ils n’accepteront jamais l’annulation, la honte face aux amis, sans compter le retour des cadeaux, le dédit au traiteur. Elle se sent acculée. Elle ne leur avouera ses intenses hésitations que plusieurs années après le divorce.
Résignée, elle se console dans la recherche d’une maison. Elle la déniche rapidement ; elle est toute simple et sans prétention mais elle lui plaît vraiment. Philippe n’émet aucune objection et lui donne son aval.
Ils emménageront dans la petite maison de Genappe dès leur retour de voyage nuptial.
La jeune mariée redoute la nuit de noces ; elle est inexpérimentée et imagine que Philippe l’est tout autant, malgré sa relation passée avec Nicole La nuit se passe sans que le mariage ne soit consommé et ils s’envolent vers Palma le lendemain matin.
Le voyage de noce est calme et paisible. Les jeunes mariés séjournent deux semaines sur l’île. Marie Christine ne peut cependant chasser de son esprit les doutes d’avant mariage. Elle reste sur la sensation d’avoir commis une erreur. Le faste de l’hôtel cinq étoiles ne ravive pas sa
flamme, au contraire. Elle se sent perdue et piégée. Elle n’est à l’aise nulle part. Elle tente de faire la connaissance d’une jeune couple également en lune de miel. Seule à la piscine, elle noue un premier contact. Philippe la rejoint et coupe court à la conversation.
« J’avais l’impression qu’il essayait de m’isoler, de couper tout contact avec le monde extérieur » se souvient-elle.
C’est au cours de la troisième nuit que le mariage est enfin consommé. Et pour la jeune mariée, c’est un fiasco. Elle est vierge et son mari maladroit et précoce.
Au retour en Belgique, la réalité fait place à la douceur du voyage. L’emprise familiale et son pouvoir font leur réapparition.
Marcel et son épouse cueillent les jeunes mariés au pied de l’avion. Ce n’était pas prévu. L’itinéraire de retour n’est pas non plus celui attendu. Marcel ne reconduit pas Philippe et Marie Christine à Genappe mais chez lui. C’est une petite escale avec une surprise à la clé. Et qui est de taille pour la jeune épousée.

Pendant le voyage de noce, Marcel a loué une autre maison à Pierssoulx, laquelle appartient à un de ses amis.
Ils y vivront. Ainsi en a décidé Marcel. Il décide aussi des travaux, les orchestre et les finance. Elle ne sera habitable que trois mois plus tard. Dans l’intervalle, le jeune couple occupe celle de Genappes.
Les travaux terminés, ils déménagent. On est en plein hiver et Marie Christine est enceinte de deux mois. Entourée de prés et de deux étangs, cette bâtisse, austère et froide, est éloignée de tout. La future maman se retrouve, à la campagne, sans voiture.
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Les soirs de garde, c’est le branle-bas de combat. Pas de dérangement et humeur maussade sont au programme. Ses assistants absents, il doit interrompre ponctuellement son programme télévisé préféré pour aller ouvrir la porte de la pharmacie et honorer une ordonnance.

Je suis interdit de séjour dans l’officine d’Henri. Il m’y appelle régulièrement pour de « menus » services. Il n’aime pas sortir de son arrière-boutique. Il lui faut donc de l’aide pour démarrer la tondeuse, tondre le gazon, déposer son tiercé à la librairie en face de l’officine, lui ramener le journal et ses cigarettes.. Et il délègue maintenant à son petit-fils. Autrefois, mon père avait su se rendre indispensable de cette manière. Grâce à cette disponibilité, il fit la connaissance de maman. Autres tâches qu’Henri me délègue volontiers : le tri des ordonnances. Henri n’aime pas l’administratif.
La mission qui me plaît le plus : la promenade de Barry, son setter irlandais. J’encaisse avant chaque balade les recommandations habituelles « Ne pas lâcher la laisse, ne jamais le libérer ». Je m’empresse, évidemment, de ne pas respecter ces diktats.
Je libère Barry de sa laisse à peine sorti de la pharmacie et nous nous baladons paisiblement.
Ce chien fantastique reste toujours dans mon sillage et aime nos ballades qui deviennent quotidiennes. Il m’est très reconnaissant de ses promenades et m’écoute comme si j’étais devenu son maître.
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