je suis un grand amoureux de
Jiro Taniguchi. Son style visuel, son écriture et les thématiques et ambiances de ses oeuvres me parlent et m'apaisent. Et dans sa longue et riche bibliographie, j'aime notamment beaucoup ses mangas qui traitent de la flânerie, à l'image de
L'Homme qui marche, récit important dans sa carrière, ou encore
le Promeneur qui nous intéresse ici. Si vous n'êtes pas familier(e)s avec ce versant de la carrière de l'auteur, il s'agit de récits très peu narratifs, qui racontent des promenades et les ambiances et réflexions qui y sont associées. Ainsi, au gré des allées et venues du personnage, on se retrouve baigné dans une atmosphère particulière propice au recentrage sur soi-même et à la réflexion sur sa vie et ses émotions. C'est en tout cas l'effet que me font ces récits.
Avant d'expliquer pourquoi, petit mot rapide sur l'édition. Nous avons affaire à un manga publié dans le sens de lecture français, dans une édition grand format à l'européenne (environ 30 centimètres de haut et couverture rigide). Elle est en l'occurrence de très belle qualité, comme toujours avec les oeuvres de l'auteur chez Casterman, et son format met avantageusement en valeur le travail d'ambiance et d'illustration, qui a besoin de place pour s'épanouir.
Le Promeneur est un manga divisé en huit courts chapitres, qui sont autant de balades effectuées par le personnage principal, avec lequel on ne développe finalement pas une grande proximité. On sait qu'il se nomme Uenohara (même si on aura très peu l'occasion d'entendre son nom), qu'il a une femme mais pas d'enfant, qu'il a un travail de bureau très banal et qu'il jouait de la musique avec un groupe d'amis dans sa jeunesse. le portrait d'un homme on ne peut plus normal et lisse donc. Mais ce côté quelconque permet selon moi de ce recentrer sur nous en tant que lecteur/lectrice, et se projeter non pas dans le personnage mais dans les ambiances qu'il traverse, afin de nous amener à nous questionner sur nous-mêmes.
C'est en tout cas ce que je ressens avec chacun des récits de flânerie de Taniguchi (et plus largement avec son oeuvre en règle générale qui arrive à me parler en profondeur), et celui-ci ne déroge pas à la règle. Chaque balade est l'occasion d'une rencontre, que ce soit avec d'anciens amis, des commerçants, un chien, ou encore avec des quartiers ou des moments (la nuit notamment). Chacun de ces moments est également le prétexte à une réflexion sur là où en est le personnage, comment sa vie a évolué, et chemin faisant, nous sommes amenés à se faire les mêmes réflexions…
Tout ceci tient peut-être à peu de choses, au trait de l'auteur qui arrive à nous plonger dans ses ambiances, à la façon dont sont décrites les pensées des personnages. Je ne saurai précisément identifier la « formule » qu'il y a derrière tout ça, mais le fait est que Taniguchi a un talent et un style vraiment unique qui arrivent à me parler, à me faire du bien et à m'inviter à flâner dans mon esprit pour ressortir de la lecture avec un sentiment d'apaisement précieux.
Ainsi, je ne saurai pas trop faire de paragraphe de résumé de mon avis comme je le fais d'habitude, puisque tout ce que j'ai décrit tient plus du ressenti personnel. En tout cas, je l'ai dit et je le répète,
Jiro Taniguchi est pour moi un auteur majeur, et jusqu'à présent, chacune de ses oeuvres, mêmes celles mineures comme
le Promeneur, me transportent et m'apaisent, et j'espère que vous aurez envie à la lecture de cet article, de tenter l'expérience également.
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