Depuis quelques jours, on fait une rude consommation de policiers privés. A votre place je ferais gaffe Burma.
Un larbin taciturne me conduit au bureau de l'avocat.
- Une heure de retard ! ... ça promet.
- Avez-vous déjà vu un train qui soit à l'heure ?
A vingt et une heure trente, nous arpentions le quai. Le buffet, mal éclairé, mal chauffé, mal approvisionné, ne nous tentait ni l'un ni l'autre.
- C'est râpé pour le poker. Je dois rentrer à Paris cette nuit... ordre de militaire encore en exercice ! Vous n'avez plus besoin de moi ?
- Non.
- Rien de neuf du côté du voleur de sac à mains.
- On a dû suspendre l’interrogatoire.
- ... il a mal supporté le passage à tabac, j'imagine. Sapristi, ne le tuez pas !
- HA ! HA ! HA ! HA!
- Il y a une heure, un gosse a découvert le noyé là, coincé dans ces troncs d'arbre. On a déposé le corps dans une cabane de cantonnier, un peu plus loin.
- Vous reconnaissez votre assaillant ?
- Il a un peu changé depuis hier, mais c'est lui.
- Vous l'aviez déjà vu ?
- Jamais vu.
- Ah ah ah ! C'est fini pour moi. Je vous laisse le guignol tant qu'il est encore chaud, toubib.
DORCIERES était un excellent chirurgien, d'après ses confrères. Comme docteur et pour cette raison, de l'avis de tous, c'était un tocard.
- Que dit son portefeuille ?
- Héléne PARMENTIER. Née le 18 juin 1921. Etudiante...
- Etudiante, ça m'étonne pas !
- Je sais que pour un flic, un bon étudiant est un étudiant mort, mais même le meilleur flic du monde n'a jamais réussi à faire causer un cadavre... et elle a des choses à nous dire Mlle PARMENTIER ... de plus, j'aimerais lui éviter la morgue. Dépêchons !
- Une alerte !... Et merde, encore les rosbifs qui bombardent ! ... font chier ceux-là.
- ... FAROUX, j'ai toujours pensé que vous étiez du mauvais côté !
Le lendemain, j'allai à la Bibliothèque nationale compulser divers périodiques et notamment CRIME ET POLICE une revue qui fournissait sur les criminels, célèbres ou non, les plus nombreux details. Assez satisfait, je flânai sur les grands boulevards avant de rentrer chez moi. A cette époque, les criminels n'étaient pas que dans les revues de la B.N. Ils organisaient d'infâmes manifestations, annonciatrices des pires atrocités.