"En décembre 1919, le journaliste Henri Béraud et les écrivains Francis Carco et Roland Dorgelès décernent le prix du plus mauvais livre de l'année. C'est le traité de Versailles."
"Il fallait qu'elle dure encore et encore, cette guerre. Et après celle-là, il y en aurait d'autres. 'La der des der", ça me faisait bien rigoler ! C'était comme ça depuis Cro-Magnon. De la guerre du feu à celle pour le pétrole pu les bananes, et toujours la même chanson - la chanson des os qu'on broie -d'aucune raison que ça cesse !"
Les sammies qui avaient apporté des machines à écrire, des baignoires, du savon, des tondeuses à gazon, des ambulances, des médicaments pour soigner la chtouille et des trains, mais pas un seul canon, pas d'avions, ni chars ni mitrailleuses, se battaient avec notre matériel et celui des Anglais.
On était à CRAONNES et on venait d'hériter de toutes les véroles à la fois.
Avant la guerre, tu écrivais des petits romans d'aventure à deux sous, assez mal fagotés. Ici tu tenais ton journal dans un cahier que tu planquais. Tu rapportais au jour le jour nos vies misérables. C'était du vécu bien ficelé ... Et puis un obus t'a coupé en deux. On n'a pas retrouvé ton cahier, et avec lui, nos misères, consignées par tes soins, nos cris de désespoir, nos souffrances, nos hurlements de douleur, nos témoignages ont été perdus, comme enfermés à tout jamais dans une bouteille jetée dans une mer de sang et de boue.
A la onzième heure du onzième jour du onzième mois de cette année 1918, l'armistice a été signée.
Par contre, ils avaient amené les esclaves qu'on leur avait vendus, ´y a une paye, pour le coton du Sud. Ils ne les équipaient pas complètement les noirs de chez eux. Ils ne tenaient pas à en faire des héros au combat, des fois qu'après la boucherie ils relèvent la tête. Ils les voulaient terrassiers ou muletiers. Nous, au moins, les hommes des troupes coloniales on les foutait en première ligne, on les voulait morts pour la France ! On leur avait fait des promesses qu'on ne tiendrait pas, bien sûr.
Mais d'un périscope à un autre, c'était la même cible, la même idée, et le même pauvre bougre qu'on assassinait au nom de la patrie ... Parce que nous étions tous des enfants d'une patrie et que c'était bien là notre malheur.
Tu fermes ta gueule toute ta vie. La seule fois où tu l’ouvres, c’est quand tu meurs
Malgré l’habitude, c’était pas plaisant de voir à quoi on ressemblerait à coup sûr d’ici la fin de la journée