Cette ville te tuera, tome 1 :

Les nouvelles dessinées de Tatsumi explorent la vie et les émotions des marginalisés, des Japonais "en marge de la prospérité" comme le dit lui-même le mangaka.
Beaucoup de noirceur et de pessimisme ressortent de ces situations, comme presque toujours avec Tatsumi. Cette plongée dans les "frustrations" de l'époque de l'auteur permet une nouvelle fois d'obtenir un regard différent sur l'américanisation du Japon.
Une réussite !

Il fallait une solide dose de ténacité, sinon un penchant kamikaze, pour prendre à rebrousscpoil l'euphorie et la foi en l'avenir qui s'emparent du Japon au sortir de la Seconde Guerre nnondialc, ct dont le rnanga survitaminé est la transcription populaire. Cet optimisme béat ne colle pas avec ce que Yoshihiro Tatsumi (1935-2015) voit autour de lui, cette société malade de son urbanisation galopante, synonyrnc de solitude, de perdition et d'incompatibilité grandissante entre tradition et modernité. Aux récits dopés à l'utopie et aux robots, il va donc préférer raconter l'envers dramatique du décor (lanss des nouvelles crues et suffocantes qu'il enrobe dans un style hybride mêlant dépouillement et gros plans rivés sur Ic mal-être. Variante dépressive et hyper réaliste du manga, le "gekiga" était né

Après avoir déjà exhumé l'autobiographie fleuve de cc visionnairc (Une Vie dans les Marges), les éditions Cornélius ont la bonne idée de rassembler une sélection de ces histoires courtes et nerveuses dépeignant une jeunesse déboussolée.

Dans Les Piranhas, un ouvrier se fait mutiler exprès pour toucher la prime d'assurances qui devrait rendre sa femme un peu plus commode, sauf que celle-ci lui reproche maintenant de se tourner les pouces. En silence, il va ourdir une vengeance sanglante. La violence comme seule réponse aux frustrations est d'ailleurs une constante chez cet auteur obnubilé par les rapports hommes-femmes. Et qui n'hésite pas à dépeindre les déviances et les fantasmes sexuels comme dans le cinétna d'un Nagisa Ôshima. Un travail de l'ombre qui apparait avec le recul d'une incroyable... modernité

Tatsumi montre la vie des "petites" gens dans des histoires plutôt glauques où le sexe et la mort sont omniprésents. Si on peut louer son art de raconter une histoire en quelques pages, on reste dubitatif sur le contenu de celles-ci... C'est à croire en effet qu'il n'y a pas de vie heureuse chez les classes défavorisées.

Tokyo. Plongée au coeur d'une société en plein mal-être.

Stéphane Beaujean a réalisé une très belle préface qui explique à la fois le contexte social de l'époque et réalise une fine analyse de la démarche de l'auteur. « Dans les nouvelles qui suivent, Yoshihiro Tatsumi s'attarde plus précisément sur les relations entre hommes et femmes. Il témoigne de la mort du désir sexuel, de son dévoiement par le capitalisme et la modernité dans une civilisation en proie à une urbanisation étouffante ».

Cet album est le premier volume de l'anthologie des oeuvres du Yoshihiro Tatsumi (« Une vie dans les marges »), il contient 23 nouvelles crées dans les années 1960 et 1970. Les histoires sont dures, brutales mais comme elles sont toutes assez courtes, le lecteur n'a pas le temps de s'apitoyer réellement sur un personnage. On traverse une succession d'avortements, de foetus dans les égouts, de suicides, d'adultères. On voit des individus qui s'abrutissent au travail pour ne pas penser. Une ville inhospitalière. Des hommes désabusés, des femmes aigries et autoritaires et entre les deux, la communication est souvent en panne. Une sexualité à la fois contrariée, étouffée et pour d'autres, totalement débridée et pulsionnelle. C'est à la fois malsain et totalement affligeant, au point qu'on plaint ces gens en souffrance.
Lien : https://chezmo.wordpress.com..

Morbide ;-)
Pas toujours très clair et compréhensible ;-(
Parfois drôle ;-)
Lu à moitié...