Citations sur La marque des anges, tome 1 : Fille des chimères (23)
Dans la grande artère qui longeait le fleuve, les trams et les bus fonçaient, ancrant la journée dans le 21e siècle, tandis que dans les petites rues adjacentes, plus paisibles, le calme hivernal aurait pu être celui d'un autre temps. La neige, les pierres et la lumière fantomatique, ses propres pas et le plumet de fumée qui s'élevait de son gobelet de café, il n'en fallait pas plus pour ramener Karou à des préoccupations prosaïques : l'école et les courses.
- Les vœu sont artificiels. L'espoir est authentique. L'espoir est un puissant sortilège.
Karou aurait aimé être du genre à se satisfaire d'elle-même, à être bien dans la solitude, sereine. Mais ce n'est pas le cas. Elle se sentait seule, et craignait que ce sentiment de manque qui l'habitait ne l'envahisse complètement et finisse...par la faire disparaître.
— Je ne connais pas beaucoup de règles de vie, avait-il dit. Mais en voilà une, très simple: n'encombre pas ton corps de ce qui ne lui est pas indispensable. Pas de poisons, pas de produits chimiques, pas de tabac ou autres substances qui se fument, pas d'alcool, pas d'objets pointus - drogues ou tatouages - ni non plus de... pénis superflus.
— Pénis superflus ? avait répété Karou, ravie de la formule malgré son chagrin. Y en aurait-il un seul qui ne le serait pas ?
Il plongeait son regard dans ses yeux comme s'ils recelaient des univers entiers, des merveilles à découvrir.
Quelque chose les liait, plus fort que tout, quelque chose capable de diriger son sang et son souffle comme une symphonie, de sorte que tout ce qu'elle faisait pour s'y opposer sonnerait faux, en totale dysharmonie avec son moi profond.
Il y a d'autres façons de vivre. Il ne tient qu'à nous de faire autre chose que tuer.
Telle était sa vie : magie, honte, secrets, dents et, au fond d'elle-même, un vide lancinant où assurément il manquait quelque chose d'essentiel.
Quand elle était petite, elle avait l'habitude de demander à Sulfure où était exactement "ici", ce à quoi il répondait avec humeur "ailleurs".
-I know. You know what I think? I think the butterflies are always there in your belly, in everyone, all the time.
-Like bacteria ?
-No, not like bacteria, like butterflies, and some people’s butterflies react to other people’s, on a chemical level, like pheromones, so that when they’re nearby, your butterflies start to dance. They can’t help it - it’s chemical.