Citations sur Le faiseur de rêves, tome 1 (121)
Personne n'est à l'abri. Les tyrans ont toujours disposé, et disposeront toujours, du peuple à leur guise. Ainsi, le roi de Syriza possédait encore un harem.
L'amour qui éclaire l'âme tel le printemps, et la réchauffe tel l'été. L'amour comme il existe rarement en réalité, comme si un grand alchimiste en avait extrait toutes les impuretés, les petites désillusions et pensées indignes, pour produire le parfait élixir, doux, profond et dévorant.
Elle avait des rides de rire autour des yeux, et de chagrin autour de la bouche.
Elle remuait encore les lèvres, murmurant en boucle la même phrase :
— Je n'ai pas pu en sauver d'autres, je n'ai pas pu en sauver d'autres.
Il n'y avait aucun écho, aucune réverbération. Au contraire, la pièce absorbait les sons. Elle avalait sa voix, ses paroles et ses sempiternelles excuses, insuffisantes. Mais pas ses souvenirs.
Elle ne serait jamais débarrassé de ses souvenirs.
— Je n'ai pas pu en sauver d'autres. Je n'ai pas pu en sauver d'autres...
Quand on néglige la passion, l'esprit dépérit
Il avait peut-être été bref, mais une grande partie d’un baiser - surtout pour un premier - réside dans l’instant qui le précède: avant que les lèvres ne se touchent, que les yeux ne se ferment, lorsqu’on est submergé par la vue de l’autre, par la force de l’attraction. C’est comme... comme... trouver un livre à l’intérieur d’un autre. Un petit ouvrage précieux caché dans un plus grand, ordinaire...
Il était une fois un homme amoureux de la lune, mais dès qu'il tentait de l'enlacer, elle se brisait en mille morceaux et le laissait trempé, les bras vides. Sathaz avait fini par comprendre que s'il entrait dans la mare et restait immobile, la lune viendrait à lui et le laisserait être proche d'elle. Seulement proche, jamais en contact. Il ne pouvait pas la toucher sans la briser. Ainsi, comme Lazlo l'avait raconté à Sarai, il se réconcilia avec l'impossible et prit ce qu'on lui offrait.
Car qu'est-ce qu'un individu sinon la somme de toutes ses bribes de souvenirs et d'expériences, soit un ensemble fini de composants dotés d'une palette infinie d'expressions?
Les vœux ne se réalisent pas tout seuls, poursuivit-elle. Ils ne sont qu'une cible qu'on peint autour de notre souhait. On doit toujours faire mouche soi-même.
Sarai connaissait les parfums des êtres humains et le rythme de leur respiration. C'était une experte des cils, qui connaissait sur le bout des doigts la façon dont ils reposaient ou battaient. Elle savait tout de la texture délicate de la peau autour des yeux, la première à se rider. Et du papillotement du globe oculaire sous la paupière. Elle déterminait d'un seul coup d'oeil si un dormeur rêvait ou se trouvait dans l'état paisible qui sépare deux songes. Personne, songea Sarai, ne connaissait mieux les yeux fermés qu'elle.