La littérature russe du dix-neuvième siècle a une immense réputation, tellement immense que j'ai longetmps hésité à m'y mettre. Il y a seulement quelques années j'ai osé commencer à lire
Dostoïevski, Goncharov ou
Gogol, craignant d'être déçu. Mais à chaque fois ça m'a plu, c'est pourquoi cette fois-ci je me suis tourné vers Tcheckhov.
Anton Tchekhov est plus connu pour son
théâtre, mais son récit
le duel m'a énormément enthousiasmé. Même si ces personnages représentent visiblement certains groupes russes de l'époque, - le scientifique von Koren, le fainéant Laïevski, le bon mais naïf Samoïlenko, le religieux Pobédov(mentionné comme 'le diacre' dans la suite de l'histoire), et la femme de moeurs légères Nadéjda-, Tcheckhov arrive à les peindre de façon très humaine.
Tchekhov a toujours affirmé qu'un auteur ne devrait pas juger ses personnages, et dans
le duel il y arrive à merveille.
J'ai été impressionné notamment par von Koren, qui tout en dégainant de (pour nous) douteuses idées socio-darwinistes et nietzschéennes garde un côté sympathique et juste. Même si en ces temps de deuxième vague de coronavirus son discours fait un peu froid dans le dos. En plus d'être humain, Tcheckhov se trouve aussi être actuel.
Autre point fort c'est qu'il n'est pas clair tout de suite entre qui
le duel du titre va se passer. le lecteur passe d'un personnage à un autre, comprend ses considérations, et prend part des passions et frustrations diverses. Quand finalement
le duel a lieu, le résultat est quelque peu déconcertant. On sait que l'écrivain n'était pas forcement très satisfait de cette oeuvre, j'imagine que ce soit surtout à cause de cette fin. Après
le duel, il y a encore un après-duel, moins convaincant.
N'empêche, ce récit de
Tchekhov c'est une preuve de plus que sa réputation, la littérature russe d'il y plus d'un siècle elle ne l'a pas volée.