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L'édition de poche dans la collection folio classique de cet ouvrage comporte 5 nouvelles D'Anton Tchekhov écrites entre 1888 et 1903, un an avant sa mort de tuberculose. Si "Le Duel" est la plus longue nouvelle de ce recueil (156 pages), "La Fiancée" sera la toute dernière oeuvre de ce géant de la littérature russe, décédé à seulement 44 ans, mais qui nous a laissé une récolte riche et variée.

C'est sûrement la mort tragique du grand poète et écrivain russe Alexandre Pouchkine dans un lamentable duel en 1837, à l'âge de 37 ans, qui a incité Anton Tchekhov à écrire un bon demi-siècle plus tard, en 1991, la présente nouvelle.
Il n'est d'ailleurs pas le seul. Ivan Tourguéniev a évoqué également un duel dans son célèbre roman "Pères et fils" de 1862.

Ivan Laïevski est un jeune homme malheureux de 28 ans, aveugle pour la beauté violente de la région du Caucase où il réside, il se rend la vie impossible et l'existence de ses proches difficile par pure nostalgie de Saint-Pétersbourg, la capitale culturelle de la Russie de l'époque.
C'est surtout la belle Nadéjda, avec qui il forme un couple, qui souffre de cette situation. Si Ivan peut compter sur l'indulgence amicale du médecin-major Alexandre Samoïlenko, en revanche le zoologue Nicolaï von Koren, homme influent dans la petite communauté d'intellectuels, ne supporte absolument pas son attitude.
La tension monte entre les 2 hommes et une confrontation extrême devient quasi inéluctable...

Dans ma critique du 3 mars 2020 d'un autre recueil de 5 nouvelles de Tchekhov "Une plaisanterie et autres nouvelles", j'ai déjà, inspiré par une approche de Virginia Woolf, souligné la place cruciale de l'âme humaine dans les écrits du grand écrivain. "Le Duel" constitue ainsi le récit d'une âme en peine.

Bizarrement ces 2 recueils contiennent comme dernière nouvelle l'ultime de Tchekhov "La Fiancée" qui est également la plus courte (38 pages seulement ).

"Lueurs", la seconde nouvelle, nous transporte dans la steppe lointaine, où le narrateur s'est égaré et a trouvé refuge dans le campement de l'ingénieur Ananiev et son assistant l'étudiant von Sternberg (même nom que le cinéaste autichien Josef von Sternberg 1894-1969). Les lueurs sont celles d'une ligne des chemins de fer en construction à travers cet espace désertique apparemment sans fin.
Une occasion pour le trio de se lancer dans un débat sur "la fragilité et le néant des choses, sur l'inanité de l'existence, sur l'inéluctabilité de la mort, sur les ténèbres d'outre-tombe..."
Rappelons que la nouvelle que l'auteur considérait lui-même comme son chef-d'oeuvre s'appelait "La Steppe".

Dans "Une banale histoire" nous faisons la connaissance du professeur émérite Nicolaï Stépanovitch, 62 ans, un homme absolument irréprochable, mais physiquement "terne et laid", qui souffre d'insomnies et de pertes de mémoire. Il a des difficultés à reconnaître dans la "vieille femme obèse", qui ne sait parler que de dépenses, sa mince Varia qu'il a aimée passionnément et qui lui a donné un fils et une fille.

Dans "Ma vie : Récit d'un provincial" Tchekhov nous raconte l'histoire surprenante de Missaïl Polozniov, fils de l'unique architecte d'une ville russe dont le nom n'est pas mentionné, de se faire simple ouvrier. Une décision idéaliste qui suscite évidemment de sérieux remous, à commencer dans sa propre famille, où son père fou furieux menace de le déshėriter. Missaïl n'est pas un révolutionnaire violent, mais un jeune homme de 25 ans calme et réfléchi qui estime que l'inégalité sociale est inacceptable. Sa soeur, Cléopâtre, qui a un an de plus que lui, essaie d'amener son frangin à d'autres sentiments. Réussira-t-elle ?
Voilà la question.

Comme toujours en lisant des nouvelles D'Anton Tchekhov je suis impressionné par la fine caractérisation de ses multiples personnages dans un univers historique très large d'un pays immense. Les nouvelles retenues dans ce recueil sont plus sombres que celles de "Une plaisanterie", mais probablement plus authentiques comme reflets d'un régime en crise.

Pour citer un de ses personnages à la page 354 : "La pourriture ronge l'herbe, la rouille le fer et le mensonge l'âme. Seigneur, sauve nous, pauvres pécheurs !"
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Fin du 19ème, sur les bords de la Mer Noire en Crimée où l'armée d'occupation russe a pris ses aises. Tiens, tiens, déjà à l'époque, la possession de cette excroissance sur la mer Noire suscitait la convoitise du grand voisin...
Farniente et boissons à gogo pour quelques fonctionnaires dépravés. Dont Laïevski qui ne supporte plus sa compagne Nadejda, une femme mariée qu'il a prise à un autre. Cet homme aux moeurs dissolues, a toutefois des problèmes de conscience et surtout d'argent et se confie à l'ami de tous : Samoïlenko, un médecin qui tient une maison d'hôtes.

Samoïlenko héberge l'ignoble von Koren, un zoologue qui soutient les idées darwiniennes- rien de répréhensible jusque-là- mais c'est quand il verrait bien appliquer ses idées à la société qu'il devient inquiétant: exterminer les gens inutiles comme Laïevski...De là, le duel entre ce fasciste et la fripouille.

On ne peut que louer les intentions de Tchekhov qui justement n'a pas d'intention : il ne fait pas de morale religieuse ou de politique. Cette oeuvre est seulement littéraire et quelle maîtrise en une centaine de pages! Très bien construite, rien de superflu, même avec une dizaine de personnages, mais qui ont tous leurs responsabilités par des ramifications subtiles dans ce duel. Une nouvelle vive et passionnante aux bons soins du docteur Tchekhov. Un classique russe à ne pas rater!
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La littérature russe du dix-neuvième siècle a une immense réputation, tellement immense que j'ai longetmps hésité à m'y mettre. Il y a seulement quelques années j'ai osé commencer à lire Dostoïevski, Goncharov ou Gogol, craignant d'être déçu. Mais à chaque fois ça m'a plu, c'est pourquoi cette fois-ci je me suis tourné vers Tcheckhov.
Anton Tchekhov est plus connu pour son théâtre, mais son récit le duel m'a énormément enthousiasmé. Même si ces personnages représentent visiblement certains groupes russes de l'époque, - le scientifique von Koren, le fainéant Laïevski, le bon mais naïf Samoïlenko, le religieux Pobédov(mentionné comme 'le diacre' dans la suite de l'histoire), et la femme de moeurs légères Nadéjda-, Tcheckhov arrive à les peindre de façon très humaine. Tchekhov a toujours affirmé qu'un auteur ne devrait pas juger ses personnages, et dans le duel il y arrive à merveille.
J'ai été impressionné notamment par von Koren, qui tout en dégainant de (pour nous) douteuses idées socio-darwinistes et nietzschéennes garde un côté sympathique et juste. Même si en ces temps de deuxième vague de coronavirus son discours fait un peu froid dans le dos. En plus d'être humain, Tcheckhov se trouve aussi être actuel.
Autre point fort c'est qu'il n'est pas clair tout de suite entre qui le duel du titre va se passer. le lecteur passe d'un personnage à un autre, comprend ses considérations, et prend part des passions et frustrations diverses. Quand finalement le duel a lieu, le résultat est quelque peu déconcertant. On sait que l'écrivain n'était pas forcement très satisfait de cette oeuvre, j'imagine que ce soit surtout à cause de cette fin. Après le duel, il y a encore un après-duel, moins convaincant.
N'empêche, ce récit de Tchekhov c'est une preuve de plus que sa réputation, la littérature russe d'il y plus d'un siècle elle ne l'a pas volée.
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Lire Tchékhov est un émerveillement. Dans ce recueil de nouvelles, dont une s'apparente plus à un roman par son ampleur (Ma Vie), le grand dramaturge russe nous expose toutes les grandes questions sociales, économiques, politiques et philosophiques qui bousculent la Russie de la fin du XIXe siècle. La question de la connaissance et de l'accès au savoir y est centrale, notamment pour l'avenir du statut des femmes.
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Je retrouve avec ce recueil le Tchekhov que je préfère : le nouvelliste. Ici, Tchekhov a mis de côté l'humour qui caractérise ses écrits de jeunesse. Ces cinq nouvelles, longues pour la plupart (jusqu'à 150 pages environ), sont tristes et sombres. Les protagonistes, lucides, remettent en question le sens de leur vie, à une phase charnière de leur existence ou à l'approche de la mort.
 
La fiancée, la dernière nouvelle écrite par Tchekhov, est particulièrement emblématique de la vision de l'auteur et de la portée de son oeuvre, encore aujourd'hui plus d'un siècle après son décès. Un des personnages, Sacha, très affaibli et condamné par la tuberculose (comme l'écrivain), encourage une amie à rompre ses fiançailles et à commencer des études, et ainsi à troquer un futur sûr, mais vide, pour un avenir incertain, mais affranchi.
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Il s'agit d'un ensemble de nouvelles relatant la vie ou une période de la vie de différents personnages évoluant dans un milieu rural dans la Russie, aux alentours de 1890. Y sont décrites différentes classes sociales, leurs maux, leurs atouts ainsi que des schémas de pensée qui n'ont rien d'usés. le rôle du travail est quasiment récurrent dans chaque nouvelle. A lire.
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Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

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