Jean Teulé comme je l aime, il a l art de nous faire lire l inacceptable, l intolérable jusqu a la dernière ligne avec simplicité, voire drôlerie a certains passages.
Contre le mur de jardin du curé, Anna Mondout regarde de Monéys, hébétée. Un air d'infinie bonté transparaît dans son regard à la fois prenant et fragile. Nature sensible, elle est attentive aux yeux d'Alain presque en pleurs dans cette incertitude. Il a peur. Il lui faudrait à tout prix un secours prompt et fort.
Et ces gens autour d’Alain rient, se vantent, jouent au plus ignoble pour épater le voisin, faire voir combien ils sont pour Napoléon III et ne s’en laissent
pas conter par un Prussien sauf que… de Monéys n’est pas prussien.
Langues d’aspics et de vipères, ils clament fort un mal de lui qui l’exaspère. Inouïe, l’horreur de cette humanité toute honte et crapule.
...je connais assez bien Maillard pour être sûr qu'il est impossible qu'un tel cri sorte de sa bouche: "vive la Prusse"... Pourquoi pas "A bas la France!"?
Alain est inquiet à cause des yeux de l'adolescent où fleurit l'animal:
- mais que t'ai-je donc fait, Thibassou?...
Il ne répond pas sinon d'une grimace dédaigneuse, s'approche d'Alain - sa lame a l'éclat d'une vitre- ...
J'avoue n'avoir pas pu terminé la lecture de ce livre... Trop violent.... et l'écriture réaliste de Teulé nous fait tellement ressentir les faits. Peut-être je tenterai une autre fois
Il se juge mal fringant aux gestes lourds, grotesque, dans ce corps démoli aux chaleurs d'incendie. Respirer encore, c'est bien machinalement. O ce découragement. Il s'agite en propos stériles, répète doucement le nom de sa mère alors que dehors, toujours, on crie. c'est étonnant comme ça saoule d'être dans ce cirque bête. Haletant, il pense être enfin tiré d'affaire avec les trois devant la porte, Antony et Dubois à ses côtés.
- On va tout faire pour te sauver, le rassure Pierre. Mais avec ces fous et un maire couard, ce n'est pas facile.
Il baisse les paupières. La Belle au bois dormant dort. Cendrillon sommeille. Madame Barbe-Bleue ? Elle attend ses frères. Et le Petit Poucet, loin de l’ogre si laid, se repose sur l’herbe...
Pauvre cœur mal tombé, il devient victime d'un groupe de fantômes qui dansent comme des atomes dans la chaleur accablante dont les torréfie l'été.
Antony se retrouve à nouveau rejeté en arrière par la foule ainsi que les autres alliés. Alain est seul.