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3,67

sur 1889 notes
Mangez-le si vous aimez vous délecter de faits divers plus que dramatiques et presque inimaginables...
Mangez-le si vous aimez vous balader dans la campagne périgourdine...
Mangez-le si la foule ne vous fait pas peur...
Mangez-le si vous avez un bon coup droit, que votre genou peut encore en envoyer valdinguer plus d'un et que votre coup de tête en a assommé quelques-uns...
Mangez-le si vous avez bon appétit et que la viande fraîche ne vous rebute pas...
Mangez-le si vous ne considérez pas plus que ça votre prochain...

Mangez-le si, à l'instar de Jean Teulé, vous pensez que la haine, le mensonge, l'ignominie, la barbarie et l'inconscience font malheureusement partie de l'âme humaine, que vous aimez croquer des personnages hauts en couleurs et absolument stupéfiants et que vous êtes friands d'humour noir et décalé...
Mangez-le si les faits historiques romancés à la sauce Jean Teulé vous intriguent...
Mangez-le si vous aimez le pinard qu'offre cordialement le curé...
Mangez-le si vous voulez... car moi j'en reprends une part...
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Âmes sensibles s'abstenir ! Ce roman est d'une violence... il donne presque la nausée. Mais attention, ce n'est pas la faute de l'auteur. Non, c'est surtout de penser que cette histoire est réelle. le village de Hautefaye a, en effet, été le lieu d'une innommable barbarie. A l'heure actuelle, il y a encore une certaine honte. Une stèle commémorative ne sera d'ailleurs installée qu'en 1977, soit plus de cent ans après les faits...

Mais revenons un peu sur le déroulement : Nous sommes le 16 août 1870, un mois après la déclaration de guerre de la France à la Prusse. Les villageois, en ce jour de foire annuelle, commencent à apprendre que des défaites françaises ont eu lieu. Un des leurs vient de perdre son fils, mort glorieusement pour la Patrie. le jeune Alain de Monéys, aristocrate en charge d'un domaine, se rend à la foire. Il trouve son cousin, Camille de Maillard, résume et commente les nouvelles, allant jusqu'à lâcher : « L'empereur est foutu. Il n'a plus de cartouches. » Son ton arrogant ne plaît pas. Il effraie la population. Aussi, on l'accuse d'avoir crié « Vive la Prusse ! » le voyant poursuivi, Alain demande ce qu'il se passe et veut le défendre. Mal lui en prend :

- Eh bien, mes amis, que se passe-t-il ?...

- C'est votre cousin, explique un colporteur. Il a crié : « Vive la Prusse ! »

- Quoi ? Mais non ! Allons donc, j'étais auprès et ce n'est pas du tout ce que j'ai entendu. Et puis je connais assez de Maillard pour être bien sûr qu'il est impossible qu'un tel cri sorte de sa bouche : « Vive la Prusse »... Pourquoi pas « À bas la France ! » ?

- Qu'est-ce que vous venez de dire, vous ?

- Quoi ?

- Vous avez dit « À bas la France »...

- Hein ? Mais non !

- Si, vous l'avez dit ! Vous avez dit « À bas la France ».

Voici donc le point de départ du calvaire que va endurer par la suite Alain. Les villageois, rendus fous furieux par une haine insatiable vont le pourchasser et lui faire subir les pires tortures. Seuls trois ou quatre amis vont essayer de faire entendre raison, en vain, à cette horde déchaînée. On ne le reconnaît plus, lui qui était pourtant membre du conseil municipal et premier adjoint. On ne voit en lui qu'un Prussien, LE Prussien, celui qui va devoir payer pour le sang versé par leurs fils ou leurs pères. Teulé prend la peine, à chaque début de chapitre, de faire un croquis afin de nous montrer, suivant le déroulement des actes, où se trouve Alain. Ceci ressemble presque aux stations du Christ. Mais le pauvre homme ne finira pas sur la croix mais sur le bûcher, jeté à demi-mort dessus pour une ultime épreuve. Comble de la barbarie, les villageois feront couler sa graisse sur des tartines de pain et vont s'en délecter sauvagement et avidement. La femme de l'instituteur ira jusqu'à manger les parties intimes du supplicié, ce qu'elle appellera « les bonbons du baptême ». Quant au titre, « mangez-le si vous voulez », il vient de la phrase qu'aurait prononcé le maire.

Bizarrement, tout retombe soudain comme un soufflé (si j'ose employer cette métaphore culinaire). le corps carbonisé du pauvre homme est mis entre deux draps dans l'Église. le lendemain, les villageois semblent sortir de leur torpeur, comme s'ils se réveillaient d'un mauvais rêve. Mais toute une journée d'inhumanité, de barbarie sans nom laisse des traces. Bien entendu, ils seront jugés. Mais il est difficile d'instruire l'affaire... comment condamner tout un village ? On prend alors les cas les plus importants, les meneurs. Quatre seront condamnés à mort, neuf aux travaux forcés (dont un à perpétuité), six à la prison et un, âgé de 14 ans, à la maison de correction jusqu'à ses 21 ans.

Les esprits chagrins et chafouins (cela va de pair en général) m'argueront qu'un tel sujet ne pouvait que plaire à Jean Teulé, qui se complait souvent, par son style cru et enlevé, dans les descriptions des pires abominations. Certes. Mais en attendant, j'ai appris ce fait réel grâce à son livre. On ne l'enseigne pas (ou plus ?) dans les manuels d'Histoire, et pour cause....
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Aie , aie , aie...Oserais-je dire qu'à l'instar de ce « tendre et savoureux«  Alain de Moneys , la rédaction de cette critique me met au supplice , à la torture...Et bien oui , j'ose...
De Teulé , je ne connaissais que ses agréables prestations télévisuelles ( Assiette Anglaise et Nulle Part Ailleurs ) et l'une de ses adaptaions cinématographiques , Darling , offrant à Marina Fois un puissant rôle à mille lieues de ses habituelles facéties drolatiques au sein de la troupe des Robins des Bois . Teulé l'écrivain , premier contact mitigé...

Comment expliquer l'inexplicable , tenter de justifier une multitude d'actes de barbarie sans nom commis par tout un village devenu dément ? La concordance d'évenements tragiques ( secheresse , faim , guerre ) suffit-elle à légitimer la folie meurtriere , les pires exactions qui soient ? La justice a tranché ( juridiquement et physiquement ) , non !
16 Aout 1870 , la foire de Hautefaye bat son plein . Alain de Moneys , jeune Périgourdin affable , s'y rend alors afin de regler de menues affaires avant de partir , comme tant d'autres , sur le front guerroyer contre la Prusse . Il y cristallisera , sur la base d'incroyables malentendus , la haine sadique et funeste de toute une populace à l'irritation exacerbée par un contexte politique et social explosifs . Malheureux bouc émissaire , livré à la vindicte populaire , se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment .

Sur la base d'un surréaliste évenement historique alors méconnu du plus grand nombre , Teulé dresse le calvaire d'Alain de Moneys , calvaire d'autant plus pénible que totalement illégitime ( si tant est qu'un acte de barbarie puisse etre justifié meme s'il le fut souvent en cas de guerre,,,) . 130 pages relatant deux heures de cruauté pure , de sadisme délirant débouchant , en point d'orgue , sur un barbecue improvisé rappelant furieusement la triste fin du non moins tristement célebre Grenouille . Teulé sait raconter , c'est indéniable . Il parvient meme à faire sourire dans les moments les plus tragiques , m'interpellant furieusement sur le ratio véracité historique / fiction . Mais le ton et la plume alerte , malgré la délicatesse du propos , restent légers et agréables . le parcours dantesque , au travers tout un village , de ce jeune sursitaire , est retranscrit scrupuleusement , par un petit dessin , en amorce de chaque chapitre , rappelant ce jeu des points à relier ou le personnage final à découvrir n'est autre que la mort ! Ludique...
Ce qui m'a le plus géné , tout d'abord , c'est le manque d'empathie ressenti face à ce gentil gentilhomme visiblement exempt de tout défaut : poli , serviable , honnete , droit...n'en jetez plus , la coupe est pleine ! Beaucoup trop lisse pour m'attacher à quelqu'un qui le sera , hélas , un peu plus tard...Et que dire de cette succession endiablée d'atrocités immorales , véritable petit musée des horreurs , égrénées sans véritable temps mort . L'on trouve cela forcément révoltant , injuste mais bizarrement , l'on s'y fait , misant deja sur les prochains tourments de ces paysans en veine d'inspiration pour le coup ! Sorte de terrible lassitude , de triste fatalité face à cette hydre humaine protéiforme qui nous inculque que l'acharnement bestial n'est l'apanage d'aucun sexe , d'aucune tranche d'age , d'aucune caste ! La litanie des tortionnaires manque de personnalisation , frustrant .
Certains surnagent comme le bon abbé Saint-Pasteur qui , pensant calmer les esprits en offrant une tournée générale , ne fera que les échauffer et les exciter un peu plus...Les vignes du seigneur sont impénétrables . Que dire des rares protecteurs encore lucides mais totalement impuissants face au plus grand nombre...J'ai peu gouté aux divers propos se voulant , j'imagine , aussi droles que décalés : étonnant ce garçon qui , souffrant mille morts , parvient encore à voir en ses bourreaux ses amis d'hier ; ridicule ce « dites à ma mere que je serai en retard «  alors que le dénouement fatal est proche...je trouvai ces réflexions plus décrédibilisantes qu'autre chose . Dernier reproche et non des moindres , ce proces final expédié en deux coups de cuiller à pot ! Je suis bien conscient que l'auteur se soit focalisé sur l'évenement propre et non sur les tenants et les aboutissants d'ou ce sentiment d'inachevé ! Un récit plus explicite m'eut plus plu...
Qu'en retiendrais-je au final ? le souvenir choquant d'un acte inoubliable . La démonstration éclatante de la dangerosité d'une foule au sein de laquelle tout individu pense pouvoir se fondre , s'identifier jusqu'à se perdre , donnant alors libre cours à une licite sauvagerie puisque pratiquée par la majorité...Un atroce fait réel relaté dans un bouquin , certes concis , mais qui m'aura , cependant , peu touché de par sa pénurie d'informations annexes . le moment de lecture fut agréable à défaut d'etre mémorable...

Mangez-le si vous voulez . Non merci , j'essaye d'arreter....
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Profondément révoltée, tel est mon sentiment profond en refermant ce livre.
L'homme est un loup pour l'homme certes cela pourait résumer la situation...
Notre héros, petit hobereau du Périgord, se rend à une foire à quelques semaines de partir pour la guerre contre les Prussiens. Nous sommes en1870, il aurait pu échanger son numéro de conscrit contre quelque argent mais il n'a point voulu manger de ce pain là notre adjoint au maire fraîchement élu et pourtant sa boiterie aurait pu l'exempter.
Suite à un malentendu qui le fait passer pour un ennemi de la France, un prussien, il se fait torturer,brûler vif tel Jeanne en son bûcher et manger par ses concitoyens et néanmoins amis.
Ces mouvements de foules ne sont pas sans rappeler la "grande peur" en l'an de grâce1789 ou plus proche de nous les hooligans des stades: l'homme réduit à l'état de bête!
Je ne retiendrai cependant que le pardon des descendants de la victime envers les descendants des bourreaux qui eut lieu un siècle plus tard lors d'une messe...
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C'est une histoire à vous couper l'appétit à défaut du souffle : celle d'un jeune aristocrate intelligent, bon, sensible qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Pris à partie par une foule en furie, il finira lynché et même dévoré par celle-ci. le préfet, sorte de Ponce Pilate du XIXe, qui était censé intervenir pour le sauver, aura ces mots funestes et prémonitoires qui condamneront à une mort certaine un innocent : mangez-le si vous voulez.
le lecteur a l'impression d'une descente en enfer qui ne s'arrête que lorsque l'épouvantable est commis, et que la foule semble se réveiller de sa démence.Effroyable mais vrai.
.
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« La connerie engendre la connerie : si vous êtes en colère, vous trouverez d'autres gens en colère. » ( Maxime Rovere ; « Que faire des cons ? » )
C'est ce qui se passe dans ce livre.
Lisez-le si vous voulez : c'est l'histoire vraie de la mise à mort d'un homme par ses voisins ;
Lisez-le si vous voulez : c'est pire que « le dernier jour d'un condamné » de Victor Hugo ;
Lisez-le si vous voulez : c'est la caricature du comportement dit « humain » ;
« Mangez-le si vous voulez » : ce sont les mots du maire qui s'en lave les mains !
.
Aout 1870. Alain de Moneys est un jeune noble périgourdin respectueux et empathique qui, en allant à la foire du village voisin, s'enquiert de la santé et des problèmes des personnes qu'il rencontre. Arrivé à Hautefaye, il voit son cousin s'enfuir dans les champs.
Suite à un échange verbal mal compris, Alain n'est plus « Alain l'adjoint au maire » pour ses voisins, mais un Prussien qu'il faut tuer !
Il fait chaud, et les corps sont incommodés ;
Il fait sec, et les champs, non irrigués, vont fournir une pauvre récolte ;
Ils sont patriotes, et les nouvelles du front alsacien sont mauvaises ;
Ils sont des paysans, et Alain est noble…
.
Jean Teulé est un écrivain éclectique que j'aime bien, et qui, sur le plan historique, s'intéresse à des situations véridiques surprenantes. de lui, j'ai apprécié :
« Héloïse ouille ! » ;
« Entrez dans la danse » ;
« Charly 9 » ;
« Mangez-le si vous voulez ».
.
En réfléchissant à ce dernier opus, je me dis les sociologues ont, à mon avis, un travail à faire : comment identifier avant passage à l'acte, et désamorcer une colère collective, une hystérie collective ? Comment quelqu'un pris pour bouc-émissaire peut-il s'en sortir ?
J'ai vécu cette situation, qui s'apparente au harcèlement en psychologie. Pour moi, la parole, défense utilisée par de Monéys et ses vrais amis, est inefficace : seules la révolte, la fuite, et éventuellement la menace judiciaire permettent une solution acceptable.
A Bayonne, dernièrement, Philippe Monguillot, chauffeur de bus, a été battu à mort par des jeunes imbibés d'alcool et shootés, pour une histoire de ticket :
La barbarie s'arrêtera-t-elle un jour ?
La locution : « L'homme est un loup pour l'homme » est fausse ;
L'homme est pire.
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Selon l'expression consacrée, ce roman est" inspiré d'un fait réel".
Et l'on peut en rester tout pantois !

Les faits donc : le 16 août 1870, un certain Alain de Monéys, se rend à une foire à Hautefaye village périgourdin.

Pour un propos mal interprété le malheureux va être lynché de la plus atroce des manières !

Ce que va subir de Monéys, bien d'autres l'ont subit , le subissent, "la loi de Lynch", est celle de la violence aveugle, stupide, éhontée du groupe, du troupeau.


Les crises, les émeutes, les libérations après une occupation, d'une ville d'un pays, sont prétextes pour certains à laisser parler leurs instincts les plus vils.

Sans vouloir jouer les misanthropes blasés (quoique !), je dois dire, que je n'ai pas été surpris par la bassesse des actes et des propos rapportés par Teulé.

Notez au passage, que la bande des justiciers, compte une harpie, qui est peut-être la pire du lot (pour ceux qui idéalisent les femmes, désolé, elles sont aussi capables du pire !)

Au final, ce court roman de Teulé (pléonasme !), est assez salutaire, il nous rappelle que sous le vernis de la civilisation, la bestialité reste prête à surgir, quand les circonstances s'y prêtent !
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Une horreur !
J'ai eu l'impression d'assister à la passion du Christ : Un homme bien, plein de bonnes intentions, se fait torturer, massacrer et finalement mangé par une foule hystérique sans réelle raison.
Jean Teulé déploie toute sa verve habituelle pour nous décrire ces 2 heures abominables. J'étais tellement absorbée par les descriptions du calvaire de ce pauvre homme que j'en avais la nausée. Car tout le temps je me disais : le plus horrible, c'est que c'est une histoire vraie !
Le livre se termine sur un survol du procès et un aperçu de ce que sont devenus les principaux protagonistes.
Mais comment peut on continuer à vivre quand on a fait subir ça à un homme et à fortiori un ami ?
Je mets 3 étoiles à cause de l'ignominie de l'histoire, les qualités de l'écrivain ne sont nullement en cause.

Pioche de février 2023 choisie par Jacline
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Tiré d'un horrible fait divers au moment de la guerre de 1870, Mangez-le si vous voulez aura eu raison de ma résistance. Je n'ai pu allé au bout de ce livre pourtant pas très épais mais où chaque page donne un peu plus envie de vomir.

Tout part d'un malentendu lors de la foire du village de Hautefaye. Pris d'une hystérie collective d'une impensable cruauté, l'assemblée se rue sur le jeune Alain de Monéys, venu profiter de cette journée avant de partir volontaire combattre les Prussiens. Ce que cet aimable personne subit pendant les heures suivantes est à peine croyable. Et pourtant...
Est-ce que la guerre et son cortège de fils, père ou mari tués au combat et la sécheresse peuvent expliquer la barbarie des actes commis par quasiment tout le village. Quelques âmes charitables s'efforcent en vain de ramener à la raison ce monstre assoiffé de chair humaine qu'est devenue la bourgade.

Il vaut mieux avoir le coeur et l'estomac bien accrochés pour aller au bout du roman. Les miens ne l'étaient pas assez, malgré nombre de thrillers et romans d'horreur lus. Comme quoi, j'avais ma limite; Jean Teulé me l'a montrée. Il faut dire qu'il ne lésine pas sur les descriptions sadiques où il donne les détails dans une énumération presque joyeuse...
Le village de Hautefaye existe toujours et se serait bien passé de cette mise en lumière. L'auteur a raconté à ce propos dans un numéro de la grande librairie que plusieurs lecteurs de son roman sont venus visité le village, livre à la main tel un guide touristique de l'horreur de cette journée. Et de poursuivre, provocateur, qu'il avait annoncé ouvrir un resto spécialisé dans les grillades aux alentours avec les revenus de la vente de son ouvrage, lors d'une séance de dédicace pas très loin de Hautefaye. Ça peut en effet faire grincer des dents... même un siècle et demi après les faits. Sacré Jean!
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Alain de Monéys est le nouveau premier adjoint de Beaussac. En dépit d'une légère claudication et d'une faible constitution, ce jeune homme généreux s'est porté volontaire pour combattre les Prussiens. Dans quelques jours, il partira rejoindre son bataillon. Mais aujourd'hui, c'est la foire à Hautefaye et Alain s'y rend pour saluer ses connaissances et rendre quelques menus services. « J'aime aussi Hautefaye et ses braves gens. » (p. 4) Hélas, il fait très chaud, trop chaud, ce jour-là. « L'effondrement du commerce, la sécheresse et maintenant la peur de l'invasion, empoisonnent le climat de la foire. » (p. 18) Il suffit d'un malentendu et Alain de Monéys, accusé de traîtrise, devient la victime de la haine villageoise. le lynchage peut commencer et il ne s'arrêtera que quand le pauvre jeune homme aura été battu, supplicié, torturé, brûlé et même mangé ! « Après l'avoir ferré comme un boeuf, on va le griller comme un cochon ! » (p. 62)

Terrible histoire, mais histoire vraie ! Avec sa passion des faits divers, Jean Teulé traite cet épisode de cannibalisme paysan avec une maestria éclatante. Entre superstition campagnarde et négligence des autorités, le sort de ce pauvre Alain est scellé en quelques instants. Il y a bien deux amis qui tentent de le sauver et le curé qui ouvre sa cave en espérant détourner les assoiffés de sang du massacre, mais rien n'y fait. « Cette gestion instinctive et collective du massacre dilue la responsabilité. » (p. 47) le lendemain, ils sont bien embêtés, les villageois de Hautefaye et tous ceux venus assister à la foire : qui n'a pas participé au massacre ? Bien peu… « Plusieurs demandent : ‘C'était qui ?' Ils ont massacré un homme tout l'après-midi sans même s'inquiéter de qui il était. » (p. 68) Mais comment juger tous ces coupables ? Ce n'est pas possible. En plus, la prison de la préfecture ne compte que 21 places : il va falloir chercher les coupables les plus coupables. Drôle d'histoire, à la fois triste et fascinante. Oui, au XIX ° siècle, en France, alors que Paris se dotait de grandes avenues claires, on pouvait mourir sous les coups de dents d'une populace enfiévrée. Ça vous coupe l'appétit ? Tant mieux, le contraire aurait été gênant !
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