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Critique de wooter


Petites magouilles, grandes fripouilles, petites fractures et grosses coupures sur fond de paris clando' ça vous branche ?

Gallmeister tape dans les classiques et profite du succès de Walter Tevis, écrivain qui se refait un teint hâlé grâce aux feux des projecteurs qui ont récemment porté à l'écran le jeu de la dame.

Ici exit les échecs, car même s'il le roman en est ponctué, on parle plutôt de feutre de boules et de queues. Mais non je n'suis pas devenu vulgaire gratuitement et je n'associe pas un couvre-chef à une description familière d'attributs masculins.. Laissez-moi reformuler, il est question de canne, de billes et de tapis…de billard, vous vous en doutiez, n'est-ce pas ?

Une traduction est toujours un acte délicat et éminemment individuel, mêlant intimement sémantique, interprétation personnelle, et souci de retranscription fidèle.
Celle que nous propose ici les éditions Gallmeister file un bon coup de souffle sur l'ancienne version. Tel que pourrait le faire un joueur de billard après avoir frotté le bleu, cette craie appliquée sur le procédé de la canne pour éviter tout coup manqué lors du contact avec la bille blanche, Marc Boulet, modernise le ton et les termes employées pour accrocher le lecteur et contrer tout coup manqué.

Sans vouloir dénigrer le travail de Marcel Duhamel qui s'était penché sur la traduction il y a plus de 30 ans, et en avait livré un travail jugé digne de publication, j'ai vraiment goûté cette nouvelle mouture d'une fraicheur bienvenue.
L'atmosphère des salles de billards y est admirablement retranscrite, les termes choisis ont été triés et la sélection s'en ressent immédiatement sur le plaisir de lecture qui se fait sans cet arrière-gout de désuétude que m'avait laissé l'édition précédente.
Quel travail de l'auteur pour nous plonger dans l'état d'un jeune joueur talentueux, poulain racé fougueux, intrépide et téméraire, jeté dans la cour des grands. Quelle précision, quel talent pour retranscrire une ambiance, un mindset et basculer avec une facilité déconcertante de la vision macro à micro dans un match ou l'intensité du jeu se prolonge jusqu'à des heures outrancières.

Il y a un peu du mythe d'Icare et pas mal de clichés de ces polars US des sixties. Si le traitement du personnage féminin dans ce roman est déplorable, un petit grain de sel suffit a remettre un peu de sens et à prendre le recul nécessaire pour ancrer l'oeuvre dans un contexte aujourd'hui fort heureusement résolu. J'enlève une demi étoile car ce choix de l'auteur de donner un peu de cadre et un peu de relâche entre des parties intenses décrites avec intensité semble un peu malhabile tant ils manquent de profondeur et semblent posés avec nonchalance sans dextérité comme un patchwork bricolé par un ouvrier exténué, ça freine inutilement un récit immersif à souhait.

C'était le seul petit reproche à une oeuvre que je suis très content d'avoir relu sous une nouvelle version qui lui donne une saveur nettement plus accrocheuse et que je recommande à tout lecteur féru de feuillu ambiancé magouille sauce yankee.
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