NOS DOUTES ÉTAIENT COMME L’ÉCUME DE LA MER…
Nos doutes étaient comme l’écume sur la mer, répandue
partout, étalée, allant et venant sur le sable gorgé de coquilles
et de mousse.
Notre anxiété était pareille à une nuée de criquets, si
dense qu’elle voilait un moment le soleil et s’abattait dans un
grand bruissement métallique sur les cultures et les jardins.
Attachés aux jeux de la mort, la vague, la nuée, le vent
tirant par les cheveux ce qui encombre son passage,
renversant, entraînant, navrant, déracinant…
L’un de nous intervenait : « Cessons de dire comment
nous ressentons les choses, cela ne peut faire que les
retourner. » L’une d’entre nous ajouta : « Écrire est
dangereux. Les métaphores donnent de l’air mais font des
trous dans la pensée. Il faut raccommoder les trous, colmater
les brèches, combler les sillons pervers que font les images. En
pure perte d’ailleurs. Nous n’échapperons pas à notre
destinée. »
Extrait :
Lorsque CELA s’était produit nous étions sur la plus lointaine avancée de terre prenant appui sur les hauts-fonds de la mer de corail. Après l’assourdissant éclair, des vents brûlants chargés de poussières embrasées nous avaient chassés vers les hautes terres où nous survivions par miracle, investis (le souhaitions-nous ?) d’une impérative mission. était-ce l’aura de notre survie ? Dans une réserve quantique un promeneur de passage se serait demandé ce que nous faisions là, si nous étions des « élus » de la planète terre ou de simples touristes.
Le monde avait perdu ses « briques ». S’il voulait se reconstruire il faudrait lui rendre les tout premiers mots, armes nécessaires, pointes de flèches et pierres taillées, pour le retour au primitif et le choix des bifurcations. Telle devait être notre tâche.