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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je découvre cette auteure avec son sixième roman et très bonne pioche ! Dans le genre thriller psychologique, c'est vraiment excellent !

Le casting est impeccable : une jeune fille de 17 ans assassinée, portant sur elle de la lingerie fine ; une mère inconsolable et déterminée malgré la douleur qui la ravage à trouver le coupable ; un tueur introuvable ; un flic cynique pour mener l'enquête. Et toute une ribambelle de suspects, essentiellement des voisins ( un autre flic, un quinquagénaire célibataire, une famille avec un adolescent, des promeneurs ). Tous sont finement campés. On y croit totalement.

Là où Estelle Tharreau fait très fort, c'est dans sa capacité à immerger le lecteur dans une atmosphère ultra poisseuse, quasi en mode huis-clos dans ce quartier de la Baie des Naufragés d'une petite ville banale de province. Dès les premières lignes, j'ai été frappée par la singularité de l'univers de l'autrice. Elle aurait pu imaginer une énième mère courage admirable dans sa ténacité à démasquer l'assassin de sa fille. Au lieu de cela, elle choisit un personnage peu aimable dans sa douleur, très hermétique, presque repoussant dans son laisser-aller, ce qui provoque un malaise très pertinent, qui interroge sur la définition de la « bonne » victime.

En fait, ce thriller est l'occasion de décortiquer les mécaniques nauséabondes qui peuvent être à l'oeuvre lorsqu'un drame éclate. On se doute que le coupable est parmi le voisinage. Progressivement, le doute s'instille subtilement, se pose sur chacun et on comprend que tous détiennent une part de vérité qu'ils se refusent à révéler plutôt que de mettre à jour leur erreurs, leurs hontes, leurs regrets, leurs failles. D'où l'excellente idée de faire intervenir un Corbeau pour secouer les lâchetés de tous, sur fond de rumeurs, soupçons et délations.

Les parts d'ombre de chacun, de notre société, les nôtres donc, sont ainsi mises à nu et c'est difficile de ne pas se sentir concerné lorsqu'on voit la mère être rejetée de la communauté parce que ça va bien maintenant, hein, il faut passer à autre chose et pas faire culpabiliser la terre entière. Lorsqu'éclatent les suspicions furieusement déplacés sur la jeune fille assassinée parce que, quand même, elle avait des moeurs légères, peut-être même qu'elle se prostituait, peut-être bien qu'elle l'aurait cherché. Ces réactions malsaines oppressent et font réfléchir sur le sens des pensées qui parfois nous échappent. Malgré nous.

Un thriller très efficace, impossible à lâcher avant d'avant découvert le coupable dans un dénouement aussi cruel sombre que les eaux noires de la Baie des Naufragés.
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Lorsque le corps de sa fille est rejeté par les eaux noires de la Baie des Naufragés, Joséfa n'a plus qu'une obsession du fond de sa détresse : que l'on identifie l'assassin. Mais l'enquête piétine, tandis que ragots et suspicions font rage, aiguillonnés par les insinuations venimeuses d'un mystérieux corbeau…


Ce modeste et minuscule quartier, situé à l'écart d'une petite station balnéaire du nord de la France, ne respirait déjà pas vraiment la joie de vivre en temps ordinaire. L'atmosphère y devient carrément poisseuse, lorsque ses quelques habitants se retrouvent l'objet de tous les soupçons. Si la plupart n'ont rien à se reprocher dans cette affaire de meurtre, aucun n'a très envie d'attirer l'attention sur ses petites habitudes et ses travers cachés sous les apparences de la respectabilité. Alors, tout ce petit monde s'observe avec méfiance, dans un climat propice aux pires rumeurs et calomnies. Celles-ci n'exacerbent que davantage une nervosité qu'un rien peut incendier, sans même parler des insidieux messages anonymes agissant comme de l'huile sur le feu.


Dans ce huis clos méphitique, évoluent des personnages aux multiples failles et zones d'ombre. Tous agissent, avec plutôt moins que plus de bonheur, en fonction d'intérêts et de sentiments mal contrôlés et mal assumés, dans un quotidien étriqué où les frustrations et les rancoeurs, mêlées de honte et de culpabilité, fermentent mesquinement dans la peur du qu'en dira-t-on et le souci de l'acceptation sociale.
Comble de l'hypocrisie quand son mutisme revient à couvrir un grand crime, cette petite société finit par se donner bonne conscience en se vengeant de ses propres lâchetés et compromissions par le lynchage de ceux qu'elle croit, sans preuve, coupables de petits vices. de même, elle en arrive à se dédouaner de ses responsabilités, en se prenant à douter des bonnes moeurs de la victime et de sa mère, dont le malheur porté avec colère et agressivité dérange. L'on n'aime guère se voir tendre un miroir de ses propres faiblesses, alors, faute d'un vrai coupable, l'on accuse les victimes de l'avoir finalement bien cherché, et l'on prend sa revanche avec d'autant plus de virulence, que l'on s'attaque, à bon compte et sans preuve, à quelque fautif commodément trouvé pour servir de dérivatif.


Bien plus que l'intrigue elle-même et son suspense somme toute modéré, c'est la manière dont l'auteur réussit à épaissir son ambiance fétide, à décortiquer le processus ravageur de la rumeur, et à faire fermenter les rancoeurs au sein d'un échantillon ordinaire et représentatif de notre société, qui impressionne le lecteur. Car, et c'est bien le plus terrible, tout y est d'une parfaite justesse psychologique et d'une totale crédibilité.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Noires les eaux dans lesquelles est retrouvée Suzy, une jeune fille de 17 ans seul réconfort d'une mère qui essaie de ne pas sombrer dans la grande pauvreté.
Noir le voisinage, quelques personnages qui vivent côte à côte sans vraiment se fréquenter, sans vraiment se connaître.
Noire l'âme des gens de la petite ville, pour qui la mère blessée devient vite pénible avec son envie dévorante de savoir la vérité.
Noirs les mensonges, les non-dits, les cachotteries.
Noire cette enquête de police qui n'avance pas.
Noire l'ambiance générale.

Tout semble fait pour ne pas mettre le voile sur la vérité, une vérité qui ne peut être que noire elle aussi.
Peu à peu on s'enfonce dans cette noirceur, dans la solitude de Joséfa, dans la vie privée des voisins et suspects. On a envie de comprendre qui était cette jeune fille, ce qu'elle a fait, qui elle fréquentait, qui a commis l'acte ultime. On a l'impression que cette disparition tragique ne touche personne en dehors de la mère rejetée, incomprise, terriblement seule. On songe à toutes ces enquêtes pour disparition qui ne sont jamais résolues.

L'écriture nous emporte dans les profondeurs de l'âme humaine et force est d'avouer qu'elle n'est pas jolie jolie l'âme humaine.

J'ai toujours rêvé d'habiter au bord de la mer, dans un coin bien isolé, où il ferait bon vivre, calmement.
Je sens que je vais réviser mes prétentions à la sérénité.

Une très bonne lecture, à débuter de préférence quand on n'est pas trop morose.
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Dans son dernier roman noir, Estelle Tharreau entraîne son lecteur dans des eaux ô combien fangeuses. Dans cette Baie des Naufragés, près d'Yprat, quelques habitants pataugent dans une boue pétrie par les secrets, les jalousies et les non- dits. C'est le meurtre de la jeune Suzy, dix- sept ans, qui va remuer cette bourbe et faire tomber bien des masques.

« Tout était dit. Tout était fait. Sans le savoir, Jo venait d'entrer dans l'engrenage du malheur et de la culpabilité. Elle n'en était qu'au commencement. » Jo, diminutif de Joséfa, est la mère de Suzy. Déjà affectée quelques années auparavant par le décès de son mari, la voilà effondrée par la disparition de sa fille ; et la découverte du corps de celle- ci rejeté peu de temps après par la mer.

« Plus tard, bien plus tard, les faits allaient montrer à Jo à quel point elle avait eu tort ce jour- là comme tant d'autres jours qui restaient à venir. Victime ou pas, ils allaient lui montrer que tout peut s'effacer dans les paroles, mais que rien ne disparaît dans les esprits. » Jo découvre peu à peu la véritable nature de ses voisins. Elle sent qu'on lui cache des choses et que déjà, des rumeurs inadmissibles, à son sujet ou à celui de sa fille, circulent. L'assassin demeure introuvable. Jo se désespère et se renferme sur elle- même. En qui faire encore confiance ?

« Coupable d'avoir laissé sa fille seule la nuit.
Coupable de ne pas avoir compris qu'elle devenait femme.
Coupable de s'être réfugiée dans une confiance aveugle.
Coupable d'avoir laissé faire pour ne pas déplaire.
Coupable d'avoir eu peur d'être abandonnée.
Coupable d'un égoïsme meurtrier. »
Les mois passent. L'enquête est au point mort. Mais au fil du temps, les soupçons sont passés d'une maison à une autre au sein de la Baie des Naufragés. Et puis voilà qu'arrive un flic un peu fêlé, Casano. Lui, n'a pas peur de marcher dans la boue, de remuer cette fange de manière à ce que la vérité, même sale, même honteuse, soit mise à jour. Mais Joséfa, elle, sera-t-elle prête à l'accepter ?

Au final, un roman noir captivant tant la plume de l'auteure est habile pour enserrer son lecteur dans un engrenage malaisant. Les chapitres sont courts et donnent un rythme parfait aux brusques changements de direction que prennent les enquêtes successives. Les personnages sont psychologiquement bien élaborés : on les apprécie puis on les déteste et inversement. Bref, un excellent thriller psychologique qui ne lâche le nom du coupable qu'à la toute fin du récit ; ce qui devient rare dans les productions actuelles.
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Un être disparaît et c'est tout l'équilibre précaire d'une commune qui est chamboulée. Des deux côtés des anses de cette ville côtière qui borde la Mer du Nord, l'ambiance est délétère, le règne du soupçon et de la délation a sonné. le meurtre de la jeune Suzy est le facteur qui a tout déclenché, crevant l'abcès de ce climat social et convivial en trompe l'oeil . Tous les coups sont permis pour retrouver l'assassin ou pour jeter le discrédit sur son voisin. Les quelques habitants de la Baie des Naufragés sont potentiellement les derniers à avoir vu vivante Suzy. Aucun d'entre eux ne semblent cependant avoir vu ou entendu quoi que ce soit, à moins qu'ils ne préfèrent garder leurs secrets pour eux-mêmes, se sentant coupables d'autres turpitudes qu'ils souhaitent cacher aux yeux des curieux (et de la Police) ou qu'ils soient tout simplement complices ou auteurs du meurtre. Si la solution ne vient pas du côté de la police dont l'enquête semble piétiner faute de pistes , les révélations sans filtre et à charge d'un corbeau risquent de raviver un peu plus la tension dans la population au risque d'accuser des innocents et de laisser courir le véritable coupable.

Le style de l'auteur est d'une efficacité redoutable , nous plongeant dès les premiers instants dans cette atmosphère alourdie par le drame de cette disparition qui signe pour Joséfa, la mère de Suzy, le début d'une descente aux enfers. Un climat psychologique extrême où chaque personnage est potentiellement une future victime, un coupable en herbe ou un innocent, coupable de s'être tu. Un quasi huis-clos dans lequel se débattent Cédric,Charly,Dominique,Yvan,Astrid et Alex, chacun détenant une part de la vérité mais préférant se taire par égoïsme ou par lâcheté.
Un scénario qui ne laisse aucune place à la baisse de régime , maintenant ses protagonistes comme ses lecteurs sous pression permanente. le doute est savamment distillé, entretenu, même s'il est par moment insoutenable, afin que le suspens reste intact jusqu'au dénouement final .
Vous l'aurez compris : vous aurez beaucoup de mal à lâcher ce livre addictif bougrement efficace.
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Je vous emmène à Yprat, ville balnéaire bordant la mer du Nord. Ses plages, ses petites cabanes colorées, sa baie des naufragés avec ses carcasses de bateaux. Quatre maisons surplombent la baie. Josefa vit dans l'une d'elle avec Suzy, sa fille de 17 ans. Josefa est veuve et travaille sur un poste de nuit à la station service de l'autoroute. Ces horaires payent mieux et lui permettent de boucler ses fins de mois, même si en contrepartie, cela implique de laisser Suzy seule six nuits par semaine. Mais Josefa a une confiance aveugle en sa fille, calme et raisonnable.

Jusqu'au jour où le corps de Suzy est rejeté par les eaux noires de la baie alors que l'adolescente était censée dormir à la maison…L'engrenage morbide s'enclenche, rien ne pourra l'arrêter. le lecteur est pris dans ce rouage bien malgré lui. Chaque cran précipite personnages et lecteur dans l'effroyable, l'impensable, les entraînant dans les eaux noires de la baie. C'est le genre de lecture dont vous savez pertinemment que la plongée dans l'abîme commence dès le départ et qu'elle ne s'arrêtera qu'après le mot « fin ».

L'enquête piétine, très vite Josefa se rend compte que l'assassin va pouvoir rôder encore longtemps dans le coin sans être inquiété. Estelle nous met devant la douleur d'une mère face à l'inconcevable : le meurtre de son enfant. Josefa va se noyer dans les abysses, ne vivant plus que pour découvrir qui a ôté la vie à sa Suzy. Elle va se mettre à dos tous les habitants, devenir la bête noire de la région, se transformant en loque. Josefa et sa douleur errent non loin des eaux noires de la baie devenue maudite.

Pourtant, avant, la baie était un endroit charmant où tous les voisins se côtoyaient et se connaissaient. Trop, peut-être. Un corbeau va ajouter sa pierre à l'édifice du mensonge et du doute, exacerbant les tensions entre chaque personnage. Car tout le monde cache des secrets. L'enquête de voisinage n'est pas la bienvenue, vous pensez bien ! Au passage, Estelle nous met en garde sur l'impact qu'une rumeur peut avoir sur la vie de quelqu'un. Ça fait peur.

Une lecture vraiment anxiogène, j'ai souffert aux côtés de Josefa. Je suis une maman, et ma plus grande peur est qu'il arrive quelque chose de grave à mes enfants. le pire dans tout cela, c'est que l'auteure instille le doute quant à nos propres enfants ! Josefa aurait donné le bon Dieu sans confession à Suzy, pourtant, elle portait de la lingerie sexy en dentelle le soir du meurtre. Connait-on réellement nos enfants ? Sont-ils vraiment conformes à l'image qu'ils nous donnent à nous, leurs parents ? Et nos voisins ?? C'est encore pire ! Ne sont-ils pas en train de nous épier, l'air de rien ; seront-ils présents pour nous aider, si jamais … ? Car les voisins de Josefa sont plutôt du genre « tortue qui rentre dans sa carapace à la première tempête ». J'ai cogité pendant cette lecture, j'ai failli devenir dingue.

La plume d'Estelle est fluide, maîtrisée et d'une redoutable efficacité pour restituer une ambiance. L'atmosphère s'alourdit au fil des pages, devenant malsaine, anxiogène. Les eaux noires de la baie sont un personnage à part entière, à la présence malsaine, repoussante, angoissante. Les personnages sont brossés psychologiquement, ils se révèlent tous opaques et mystérieux. Certains sont touchants, d'autre m'ont étonnée.

Un mot de la fin ? Elle est éblouissante. Je n'aurais jamais penser à cela. Bravo !

Un thriller noir et sombre, qui joue sur la corde des sentiments et des ressentis du lecteur, à découvrir sans tarder !

« Elle contemplait avec attrait et répulsion les eaux noires qui lui faisaient face. Un vaste néant que le vent grossissant faisait frémir à grand-peine. Une soie noire qui provoquait en elle autant d'attraction que de répulsion. Une pulsion morbide de s'oublier dans ces oscillations profondes. »

Je remercie les Éditions Taurnada pour cette lecture.

#LesEauxNoires #EstelleTharreau #Taurnada
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Ma rencontre littéraire avec Estelle Tharreau s'est faite l'an dernier par la découverte de « La peine du bourreau ». J'avais eu un coup de coeur pour ce roman en milieu carcéral, saisissant et surprenant. L'annonce de l'arrivée du nouveau bébé de l'autrice fut donc pour moi une excellente nouvelle.

Le décor et le contexte sont radicalement différents. Même si ce n'est plus un huis clos intérieur, on reste dans l'ambiance d'un lieu isolé du reste du monde. Cette fois-ci, le récit se déroule dans une bourgade au bord de la mer où vit une petite communauté en quasi autarcie. Leur quotidien se déroule sans accroc, en toute discrétion, jusqu'au jour où un drame remet tout en cause. Dès lors, les habitants sortent de leur réserve. Les langues se délient et les secrets remontent à la surface.

L'autrice surfe sur la même veine du thriller psychologique dans lequel l'énigme repose sur les comportements et les décisions des protagonistes. Tout se joue entre les membres de ce petit groupe. Devant la peur de l'inconnu et le désir de sécurité, les personnages cherchent à tout prix à désigner un coupable. Une recherche de la transparence est lancée. Les modes de vie sont décortiqués et on laisse libre court aux idées reçues et raccourcis. L'autrice met en marche un engrenage difficile à arrêter.

La force de ce roman ne repose pas sur l'intrigue, qui est somme toute assez classique. le comportement des personnages et leur faculté à trahir sont au centre de cette aventure. Grâce à sa magnifique écriture, l'autrice accule ses acteurs afin d'observer leurs réactions. La nature humaine apparaît alors sous son jour le plus intraitable et féroce.

Moins puissant que le précédent, « Les eaux noires » confirme tout de même l'incroyable talent d'Estelle Tharreau. Je considère qu'elle fait partie des grandes écrivaines du noir. Il ne tient plus qu'à vous de le découvrir !
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Chronique d'une disparition au bout du monde … cependant bien en France, dans une partie du littoral délaissée par les touristes et les autorités compétentes comme on dit. Seules quelques cabanes de plages égaient le paysage où se situe le drame de Jo. Suzy, sa jeune fille, ado et presque femme, disparait et son corps est retrouvé quelques jours plus tard. Nous assistons à la descente de Jo, aux enfers du désarroi. Elle aurait pu recueillir le soutien de ses quelques voisins, mais tous sont des bons clients pour alimenter la liste des suspects. Alors il lui reste la traque, d'abord accompagnée de ses anciennes amours, de ses anciens amis puis seule car les policiers locaux ne font pas preuve de zèle mais plutôt de solidarité masculine … ou pas, jusqu'à ce que la mutation du responsable de l'enquête lui ouvre de nouveaux horizons.
Un roman très noir, psychologique à souhait, où le lecteur est immergé d'une façon radicalement différente de celle utilisée dans le précédent roman d'Estelle Tharreau. Cette fois, elle ne bouscule pas nos consciences mais alerte de façon efficace sur les dangers qui entourent les jeunes filles, les jeunes femmes et sur le repli sur soi de ceux qui font de l'isolement un mode de vie. Les copines de Suzy lâchent vite prise, les voisins de Jo se replient, elle est alors seule pour quérir la vérité, aidée par un corbeau bienvenu.
Un huis clos en plein air, fouetté par le vent et les idées reçues, confronté à l'immobilisme des suspects plus troublants les uns que les autres. Une angoisse qui monte au long de ces 252 pages. Un fait divers ? Non, un roman bien actuel sur l'indifférence et la perversité sur fond de contexte économique précaire. Un très bon moment de lecture.

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Depuis le décès de son mari Joséfa élève seule sa fille Susy, elle a trouvé un travail de nuit et vivent toutes les deux isolées sur la Baie des Naufragés. Lorsque le corps de la jeune fille est retrouvé sur la plage, Joséfa va sombrer dans la culpabilité, les questions sans réponses mais surtout dans l'obsession de trouver l'assassin. Peu à peu quelques informations filtrent et la rumeur se met en route. Entre les messages d'un corbeau, les non- dits et les petits secrets des uns et des autres, la vie au village va devenir infernale, s'apprêtant à broyer quiconque aura le malheur de sortir du rang. La solitude de Jo, son désespoir sont très bien rendu et ses rapports avec ses collègues de travail ont de quoi donné la chair de poule, on a l'impression d'être dans un monde déshumanisé.
Estelle Tharreau nous propose un enchainement dramatique qui n'est pas sans rappeler le dérapage du cas du petit Grégory. Un engrenage que nul ne peut arrêter se met en marche, sans que l'on parvienne à faire la lumière sur l'assassin. La construction de cette montée en tension est soignée et diablement efficace. J'ai beaucoup aimé le style de l'auteure et sa façon de monter en épingle le moindre événement.
Les jeux entre les différents personnages sont savoureux, tant de haine, tant de ressentiment. On nage en pleine tragédie et déjà on pressent que la fin sera en apothéose. Les voisins proches de Joséfa seront les premiers touchés par le climat délétère qui s'instaure. La psychologie des personnages est dense et nous donne un bel aperçu du talent de l'auteure pour tous les faire vivre. Géographiquement j'ai eu une impression de bout du monde et d'huis-clos tant l'endroit semble inhospitalier et isolé, ce qui ajoute encore à l'ambiance dramatique. Un excellent thriller qui en dit beaucoup sur la nature humaine. Bonne lecture.

Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Ce fut pour moi une lecture un peu éprouvante, l'atmosphère est particulièrement lourde, étouffante, parfois malaisante. Mais c'est justement très réussi ! La psychologie des personnages est vraiment approfondie, les émotions très fortes, très marquées. L'ambiance est telle que très vite on se sent comme aspiré, submergé. C'est un tourbillon, un engrenage, une descente aux enfers, et c'est magnifiquement bien décrit. du côté de l'enquête en elle-même, le suspense reste entier jusqu'au bout, en tout cas je n'avais rien deviné jusqu'à la révélation finale.
Objectivement, je mets donc 4 étoiles.
En revanche, je n'ai réussi à m'attacher à aucun des personnages malheureusement, pas même à Josefa (ce fût même plutôt le contraire), ce qui m'a manqué.
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