Tu m'en fait goûter une? demanda t elle en désignant la crevette qu'il terminait de décortiquer.
Sacha lui glissa le petit crustacé dépouillé entre les lèvres. La laissant dépasser de moitié entre ses dents, elle approcha lentement sa bouche de celle du jeune homme pour la partager. Il croqua dedans à son tour et, tels la Belle et le Clochard avec leur spaghetti. Ils la grignotèrent délicatement jusqu'à finir sur un baiser profond et salé.
Ah! comme la vie ressemblait à un cycle sans cesse renouvelé. Un accident avait cessé de faire de lui un enfant pleurnicheur, quinze ans plus tard, un autre accident, plus terrible encore car il n'en été pas la victime directe- avait rappelé des larmes cachées au fond de son cœur, celles que les adultes pensent avoir enfouies à jamais mais qui sont là, en dedans, tapis derrière l'écran de fumée de la dignité, et qui ne demandent qu'à briser la digue de la fierté, de la fausse pudeur des adultes.
Ne fait pas l'idiot, Sacha. Je suis très sérieuse. J'aimerais être celle qui vous offre ce bonheur! Parce que, d'une certaine façon je t'aime. Parce qu'aussi j'ai appris, c'est curieux a dire mais, à apprécier ta femme, à compatir à vos désillusions et à vous souhaiter le meilleur. Je vous fait don de ma personne, je vous offre une vie.... Qu'en pense tu?
Elle respirait la joie de vivre, il sentait le rance, la bile et l aigreur