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Citations sur La Langue, la poésie. Essais sur la poésie française contem.. (8)

Je note, dans le carnet 32, page 51

Le souffle, c'est le mouvement ; mais ce mouvement, nous l’avons vu
n'est pas uniquement celui rapporté, par le biais de l'image, d'une vie antérieure
dont nous ne posséderions plus que la trace
ni cette gesticulation cinétique qui, hélas, parcourt l’échine de nombre de réalisations anecdotiques

Le mouvement - le grand mouvement - qui m’intéresse ici
est celui de l’évidence révélée en un être nouveau (une entité nouvelle)
qui n'existe pas en dehors du champ rayonnant de ce souffle
intensément actif

Le souffle est ainsi la signature de cette relation
entre nous, auditeurs
et l’effet que l’image nous fait 2 —

Le souffle, en un sens, chevauche l’image acoustique
voire se confond avec elle — le souffle est le germe de l’image acoustique elle-même lorsqu’elle se saisit et nous saisit au plus haut de son épanouissement

Le souffle advient au sein d’un archipel des relations
au croisement d’un acte d’écriture juste et mesuré
et d’une poétique
jusqu’à dépasser, parfois, les intentions du compositeur : à lui de savoir trouver, désormais
face à cette présence souveraine
la distance nécessaire ; à lui de se situer et d’agir, dans son écriture, où il faut et quand il faut
et de laisser parler, à sa place, un telle exigence venue du dehors
qui deviendra, tout en même temps, le ferment
si ce n’est le principe même
de sa composition

Ce mouvement
en tant que phénomène enfin défait de l’unique plasticité de l’œuvre
parle de lui-même et s'adresse directement à tout notre être
par le biais de notre audition

En nous accordant, auditeurs
à ce mouvement
nous obtenons plus de vie

Ce grand mouvement (un véhicule ?) exprime le dehors voire le représente :
il nous ouvre
à la nécessité de son existence

L’image est en nous ; l’image est ardente, l'image est vivante — et nous la respirons. 3
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Je note, dans le carnet 32, page 49

« Un son enregistré est instantanément détruit en tant que machine. »
Pierre Henry


Si, à l'écoute d'une œuvre de musique concrète
de la place a été laissée vacante pour que s’épanouisse une telle question
c'est que, au sein l'œuvre musicale elle-même
le compositeur aura su laisser filtrer l’intervalle sensible et nécessaire
pour que se manifeste, en toute quiétude, un silence

Il ne s'agit pas, bien sûr, pour le compositeur, de se taire : ce silence
est celui de la présence possible
à l'écoute de l'œuvre
d'un lieu pour respirer - en une croissance manifeste -
afin que l'auditeur puisse partager un souffle vital
détenteur d’une force d’image efficace
plutôt que de se retrouver couvert de bruits, de ferrailles, d'inquiétudes et de tout ce qui étoufferait définitivement son exploration (consciente ou non)
d'un autre être de lui-même
et de ce monde poétique nouveau

Il existe, dans l’art de la musique concrète
un silence actif qui naît lorsque l’œuvre est à sa plénitude

Le silence, dès lors, est partout ; le silence
est une question

Et seul compte ce souffle premier qui l’anime, nous aiguillonne et avec lequel
justement accordés
il nous est donné, par l’œuvre en entier
de respirer.
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3 -

Vendredi 14 janvier 2011
Jardin botanique d’Oslo (Botanisk Hage) - Norvège


Je note, dans le carnet 32, page 47

« Car si Orphée ne sait pas où il va, il doit connaître qui l’y pousse, et ce qui l’inspire. »
Pierre Schaeffer


Nous existons dans une matière entière
une complexité palpable
reliant tous les êtres, les objets alentours (et ce, jusqu’aux confins)
de la même substance —

— et voici que d'un point focal (le haut-parleur)
d'une membrane technique électrique qui claque dans l’air de notre atmosphère
se délivre un espace nouveau - comme en une catastrophe -
bousculant les règles habituelles de notre perception auditive

Y aurait-il d'autres mondes enchâssés dans notre monde ?

Et cette fêlure qui paraît si soudainement
semblant nous dégager une passe vers ces régions nouvelles
ne met-elle pas à jour, en un retour de lucidité, cet état de fait qui serait notre appartenance intrinsèque à une telle substance ?

Où entrons nous par cette singulière porte haut parlante
qui bâille
entre souffle
et
gouffre ?

À quoi le haut-parleur, lorsqu’il projette dans l’espace des sons enregistrés et composés
est-il capable de nous révéler ?



Second allumage du feu (qui s’éteindra de lui-même pendant la lecture…)



À l’écoute de certaines œuvres de musique concrète — je pense tout particulièrement à :

La Tentation de saint Antoine de Michel Chion
aux Espaces inhabitables de François Bayle
à Crossing the river de Bernarhd Günter
au Livre des morts Égyptien de Pierre Henry
à La Symphonie pour un homme seul de Pierre Schaeffer et Pierre Henry
à PSI 847 de Éliane Radigue
au Roaratorio de John Cage
à Gaku-no-Michi de Jean-Claude Eloy
à 12 Haïkus de Bernard Fort
à Tabou de Michèle Bokanowski
à Stop ! l’horizon de Christian Zanési
à Apocalypse de Tod Dockstader
à La création du monde de Bernard Parmegiani
à Et si toute entière maintenant… de Luc Ferrari
à Vier Vorspiele de Ralf Wehowsky
à Œuvre désintégrale de François Dufresne
à Messe aux oiseaux de Jacques Lejeune
à Automatic writing de Robert Ashley
à Esprit de sel de Hughes germain
à Il divano dell’orecchio de Walter Marchetti
à Into India de Hildegard Westerkamp
à Hymnen de Karlheinz Stockhausen
à Tract de Yann Mimaroglu
à L'illusion acoustique de Marc Favre
à Week end de Walter Ruttmann
à Red Bird de Trevor Wishart
à Touch three de Phill Niblock
à L'image éconduite de Philippe Mion
à Mantra de Jean-François Laporte
à La mécanique des ruptures de Gilles Gobeil
à Break before make de Gert-Jan Prins
à Flamme de Hervé Castellani
à Paris de Xavier Charles et Jean Pallandre
à La légende d'Eer de Iannis Xenakis
à Image Mirage de Xavier Garcia
à 55 pas… de Michael Gendreau
à Zone sensible de Éric Lacasa
à Un homme à la mer de Nicolas Losson
à 3 scénographies de présences animales de Yannick Dauby
à A blue book de Olivier Capparos
à Des sphères de Jean-Baptiste Favory
à Jamaica Heinekens in Brooklyn de Charlemagne Palestine
à Sous le regard d’un soleil noir de Francis Dhomont
à I am sitting in a room de Alvin Lucier
aux Audio poèmes de Henri Chopin
à Bocalises de Denis Dufour
à Disengage de Jim O'Rourke
à Wind (Patagonia) de Francisco Lopez
à Le luxe de la réflexion de Laurent Grappe
à L'ivresse de la vitesse de Paul Dolden
à Luminétudes de Ivo Malec
à La journée de Dominique Petitgand
à Desert tracks de Michel Redolfi
à The last LP/cd de Michael Snow
à Osorezan de Éric Cordier
aux Field recordings de Toshiya Tsunoda
à Nara de Bertrand Dubedout
à Earflash de Voice Crack
à Kitnabudja Town de Roger de la Frayssenet
à Radio memories de Christian Calon et Chantal Dumas
à Gloire à… de Jérôme Noetinger
à Signal sur bruit de Guy Rebeil
à Corazon road de Kristoff K.Roll
à Le triangle d'incertitude de Cécile Le Prado
à Cuisine sonore de Philippe Blanchard/Lieutenant Caramel
à Kaon de Artificial Memory Trace/Slavek Kwi
à Music from the magnetosphere de Stephen Mac Greevy
à 23 panoramas de fréquences de Emmanuel Holterbach
à Chant de glace de Boris Jollivet
à On the Verge of Redundance de Leticia Castaneda
à Shadow of shadow de Brandon Labelle
aux Field recordings de Dave Phillips
aux Images of the dream and the death de Akos Rozmann
à Outside the circle of fire de Chris Watson
à Walk through resonant landscape de Frances White…


À l’écoute de certaines œuvres de musique concrète, donc — la liste reste ouverte…
le sonore (composé et transformé par les diverses manipulations du support via les mains artisanes du compositeur, comme en un creuset) nous est à chaque fois rendu
- tel est l’un des enjeux de cet art de la reproduction des sons enregistrés -
en une nature nouvelle

En tant qu’auditeur ne sommes-nous pas au plus proche, désormais (et selon notre disponibilité)
de ceux ou de celles qui, eux-mêmes
sont arrivés, par leur art, jusqu'au seuil d’une révélation
et ce, quand bien même leurs compositions (ci-dessus nommées)
n’œuvrent, en aucun cas - ceci n’est pas incompatible -
dans les mêmes territoires stylistiques ou poétiques ?

Par révélation je n’entends pas, ici, me lover sous une mystique
agrippée à je ne sais quelle religiosité ; je parle cependant d’une liaison possible
par un art révélé (une discipline à l’aube de sa maturité) avec ce qui, du monde
lors d’une alliance sensible et évidente
représente, selon moi, l’essentiel
à savoir le contact ressenti
face à face
avec un équilibre premier (qui lui ne s’explique pas)
mais qui, lorsqu’il est mis à jour, devient un formidable générateur de forces
de vigueur
de sens pour notre existence
et sourd, magnifiquement, à l’écoute de toutes ces œuvres
en un silence - une tranquillité - proche des profondeurs

Par l’intermédiaire de ces compositions concrètes, le souffle et son mystère (j’aurais envie de dire : la beauté) devient presque palpable —

— la beauté se manifeste
tout en étant ceinte de l’étrangeté et de la gravité nécessaire mise en œuvre
(voici le chantier véritable)
comme une gigantesque et prodigieuse question frayant librement dans l’espace intérieur de chaque composition et qu’il nous est donné
selon la relation que nous entretenons avec elle
d’apprécier sensiblement, éventuellement de déchiffrer
dans tous les cas de côtoyer
et en laquelle nous avons confiance

Et cette question (une invocation ?) ne signe-t-elle pas, en définitive
un champ artistique propre qui serait celui d’une discipline musicale permise par la fixation des sons de l’air ?
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Je note, dans le carnet 32, page 44

« […/…] des sons qui semblent posséder leur propre autonomie, exister d’eux-mêmes des choses organiques comme des bacilles qui se promènent
sous la lunette d’un microscope. »
Bernard Parmegiani


Qu’est-ce qu’une poétique ?

Une poétique, pour le compositeur de musique concrète
s’impose lorsque chaque son (puis chaque complexe de sons)
se déplie, dans ses mains
à la manière d’une présence - une entité - qui en dit plus
que de strictement être une image ; une entité qu’il considère comme vraie
qui bientôt n’existe que par elle même, déjà lui échappe
prend son indépendance et finalement l’abandonne (sans le renier)
pour aller vivre, à sa manière, au cœur de chacune ou de chacun d’entre nous

Une poétique a peu à faire avec l’imagier (la simple collection
d’images) quand bien même elle sait y puiser la sève nécessaire ;
une poétique est plutôt cette verdeur qui fraye
au sein d’un éclat (habilement saisi par le compositeur)
et, de là, elle émerge
et elle ouvre
tant la composition que la perception de l’auditeur
qui trouve, en ces régions, une source vive, crue, exubérante
nourrissante et épanouissante
lui permettant de lire autrement le monde

Une poétique est ce qui accorde l’auditeur avec le monde
tout en lui offrant une nouvelle lecture de ce monde

Une poétique, lorsqu’elle est à sa plénitude
- et ce, quelle que soit sa visée esthétique ou son champ d’expérimentation -
nous laisse libre, en tant qu’auditeur, d’être nous-même
et de cheminer sur les plus hautes crêtes de notre existence.
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Je note, dans le carnet 32, page 43

Le souffle, le gouffre —

Le souffle, selon moi, est cette danse de l'air et des éléments qui s'agitent
depuis le haut-parleur (le son reste dans tous les cas une matière
qui va jusqu’au contact avec le corps) bientôt théâtre de nouvelle vitalité —

— vitalité mère qui ne se manifeste, cependant
que lorsque le compositeur concret s'attelle à une poétique
et qu’il la tient, jusqu’à l’extrême de son écriture avec les sons enregistrés

Le compositeur sait que ce sont en ces régions que l'ouvert à des chances de se manifester

L’ouvert est le champ où fraye ce souffle nécessaire ; l’ouvert est le lieu
d’une telle fraîcheur

L’ouvert est ce qui respire et fait respirer —

De même, le compositeur sait que le souffle, s'il est compris en terme d’une telle vigueur
entretient et emporte avec lui cette force d’image
- déjà plus qu’une image -
qui, dès lors, sera toujours présente à l'écoute
tout comme lors des nouvelles écoutes et ce, quelles que soient les conditions techniques ou technologiques de la diffusion de ses sons

Un son (un complexe de son) né du haut-parleur, lorsqu’il possède ce souffle
est ainsi capable de faire fleurir une fleur sur des récifs 1

Un son (un complexe de son) né du haut-parleur, s’engage dès lors dans une interdépendance avec l’auditeur : n’est-ce pas sous le signe de cette relation
que l’image agit, véritablement ?

Le compositeur n’ignore pas, enfin, que l'utilisation d'un son enregistré
et diffusé par le haut-parleur
permet un art sonore spécifique - un art musical concret : l'art des sons fixés (Michel Chion) -
lui ouvrant un nouveau champ d'expression
et, surtout, les possibilités illimitées d'y insuffler une poétique
que seul ce médium permet.
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Je note, dans le carnet 32, page 41

À l'écoute d'un son né du haut-parleur (plus précisément
d’un son enregistré et travaillé pour être perçu
et exister
par l’intermédiaire d’une projection haut-parlante)
le monde
et notre perception auditive intimement accordée à ce monde
subtilement (parfois brutalement) se scinde ;
le monde se coupe
et s'ouvre
sur un infini dedans

Par monde, j’entends tout d’abord cet intime théâtre qui naît
lorsque l’on accepte, les yeux fermés
de s’ouvrir à la nuit auditive et à son chapelet d’images
mais, tout particulièrement, je pense à ce rapport
au-delà du sensible et de l’imaginaire
entre notre être d’équilibre et l’avènement soudain d’un autre être de nous-même
qui pourrait surgir, en ces parages (seul ou accompagné)
puisque soutenu - voire porté - par cette mise en scène si spécifique des sons enregistrés
que nous propose l’art de la musique concrète
Un espace autre, c’est un fait, à l’écoute d’un son haut-parlant
tout à coup se dégage —

Un espace qui se déploie depuis une fente auditive nouvelle
à l'allure diaphane (pour ne pas dire irréelle)
néanmoins bien audible et qui n’est pas sans nous faire penser à certains édifices
paradoxaux
comme à autant d’assemblages impossibles

Un espace qui est à la fois un gouffre qui aspire
et qui pourrait nous perdre si nous ne restons pas sur nos gardes
car ce gouffre acoustique effraye voire affole
et parfois repousse celles ou ceux qui le ressentent comme tel et qui s'y refusent —

— ne risquent-ils pas, après tout, de se trouver nez à nez avec cet étrange reflet d’eux-même
abîmé, déformé, grimaçant
éminemment capable de les emporter au-delà de leur sensibilité habituelle ?

Un espace qui est à la fois le lieu d'un souffle venant vers nous
nous recouvrant - parfois jusqu’à la coïncidence - de ses multiples rendus phénoménaux
et qui se mue (si l’œuvre en porte le germe) en une substance fine
nous ouvrant à l’énergie tout comme à l’exubérance
du grand dehors.
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2 -

Lundi 9 janvier 2011
Parc de la Tête d’or (jardin d’hiver ; en observant un parterre de Sarracenia leucophylla) - Lyon

Premier allumage du feu (qui s’éteindra de lui-même pendant la lecture…)


« […/…] le flux, un vent, une température, un mouvement qui parcourt l’espace, le définit, l’enveloppe, le représente. »
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LIONEL MARCHETTI L'ASSIETTE BLEUE

« Concret ou abstrait ?
J’aime l’abstrait où subsiste un souvenir de substance ; le concret qui s’affine aux frontières du vide.»

Kenneth White

L'image, le souffle, le gouffre

1 -

Mardi 3 janvier 2011
Musée des Beaux-arts de Yokohama - Japon

Je regarde une toile de Paul Cézanne
L'assiette bleue (1879/1882) ; je note, dans le carnet 32, p.27

Les fruits
comme de formidables sources lumineuses
attirent
puis dévorent notre regard
Deux mouvements, deux lectures ici se croisent :
allons-nous, de nous-même, vers la toile
attirés et intrigués par un suc qui bientôt devra vivre dans nos veines ?
Ou est-ce la peinture en entier qui nous appelle (à moins que ce ne soit un simple point
sur la toile ?) nous détournant de notre chemin ordinaire et qui se décide
de lui-même, au bon moment, à venir nous chercher
voire à nous attraper ?

Je m’approche
je me déplace ; je regarde —

L'œil de l'une des deux pommes me suit ; le jaune
du citron m'embrasse ; la pêche
râpe silencieusement mes lèvres depuis le scintillement de ses duvets
et, surtout, la profondeur coupante de l'assiette bleue
me rappelle ces fonds marins
observés depuis une grève où s'entremêlent
galets, roches et algues laminaires
mélangés aux âpres odeurs océaniques…

Nature morte, sur assiette — composition
minuscule
en un coin de table ;
composition picturale (un peu d’eau, un peu d’huile
un peu de couleurs) qui ouvre, pourtant
l'esprit sur des confins

Quelques fruits peints
déjà passés ; les peaux se fripent, se dessèchent
mais l’effet que me fait cette image est d’être atteint
au plus profond de moi-même
par le réel

Si le réel est donné, au travers de l’œuvre, dans sa simplicité
et ses splendeurs (à cette expresse condition que l’artiste jouisse d’une technique
ayant dépassé la technique)
il nous en dit plus que toute tentative de le décrire
de l'extérieur

De la vie nous est donnée —

De la vie est donnée à la vie (à qui accepte, bien sur
de recevoir la vie) au travers d'une main artiste
active et riche - compréhensive -
par l'intermédiaire d'un œil qui, pourtant, c’est un fait
a déformé le dehors pour nous le ramener

Un œil qui a vu —

De la vie : affirmée au plus haut
par une pensée, par une technique et surtout
une poétique

Une poétique ayant su se saisir de la réalité de la façon la plus juste qui soit ;
réalité en quelque sorte conduite jusqu'ici, sur cette toile
- à moins qu’il n’ait été à proprement parler engendrée ? - et pour toujours
(puisque la peinture est définitivement fixée en tant qu'image)
et ce, en se servant d'un simple pinceau de soie
d'un morceaux de drap, de tissu, de bois ou de carton
et d'un peu de couleurs
sciemment mélangées et agencées

De la vie qui autrement (sans une telle facture
associée à un regard authentique
ou plutôt à un cœur artiste ne se nourrissant que de l’essentiel)
serait restée sans vie — inutile copie
aussi creuse qu'une assiette à soupe strictement utilitaire

Mais quelle est la disponibilité de celle ou de celui qui regarde
pour apprécier cela ?

Et surtout : qui est-il celui qui a trouvé une telle passe
dans sa palette (la palette précise de ses gestes
accolés au filet de sa sensibilité) ? Qui est-il
pour laisser se ramifier, puis se propager, dans son œuvre
- entre nous et son œuvre -
un tel souffle ?

N’est-ce pas cette circulation enfin advenue entre les choses - entre les êtres -
et portée par un geste artistique exact
qui révèle, avec un magnifique accent d’évidence
(et non sans que nous devinions qu’une telle expérience
nous accole aux vertiges d’un gouffre) ce qui, dans l’art
- lorsqu’il y a œuvre - est primordial : à savoir
la faculté de laisser émerger le vivant ?
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