Citations sur Vision et prière et autres poèmes (40)
J’ai tant voulu partir (I have longed to move away)
J’ai tant voulu partir
Loin des sifflements du mensonge passé
Et du cri constant des vieilles terreurs,
Devenant plus atroce à fur et à mesure que le jour
Passe par-dessus la colline dans la mer profonde.
J’ai tant voulu partir
Loin du rituel des salutations
Car il y a des fantômes dans l’air
Et des échos de fantômes sur la page
Et le tonnerre des appels et des notes.
J’ai tant voulu partir mais j’ai peur.
Quelque vie, pas encore usée, pourrait exploser
Hors du vieux mensonge brûlant sur le sol
Et, crépitant dans l’air, me laisser à moitié aveugle.
Jamais dans la peur primale de la nuit,
La séparation du chapeau des cheveux,
Les lèvres serrées devant la radio,
Je ne tomberai sous la plume de la mort.
Et donc je ne m’inquiète pas de mourir,
moitié usage et moitié mensonge.
colline de fougères (Fern Hill)
Alors j’étais jeune et si facile à vivre sous les larges branches des pommiers
autour de la maison mélodieuse, et heureux de voir l’herbe si verte,
la nuit par-dessus
temps me fut laissé de héler et de grimper couvert d‘or dans l’apogée de ses yeux
et honoré parmi des chariots j’étais devenu le prince des villes des pommes
et une fois après quelque temps, majestueusement, je possédais et les arbres et les feuilles
les chemins avec les marguerites et l’orge
la descente des rivières et le fruit de la lumière.
et comme j’étais alors jeune et vert et insouciant, célébré parmi les granges
autour du jardin heureux et je chantais comme si cette ferme était ma demeure,
sous le soleil qui redevenait jeune une fois seulement,
temps me laissa jouer et exister
qu’il soit couvert d’or pour la miséricorde de ses fins,
et vert et or j’étais Chasseur et Berger, les veaux répondaient à mon cor, les renards des collines grognaient clair et froid,
et le sabbat sonnait lentement
dans les cailloux des flots sanctifiés.
Pendant tout le temps du soleil, tout courait, tout était beau, les champs de foin
montaient aussi haut que la maison, les mélodies des cheminées, tout était aérien
et jouant, joliment et fluide
et du feu vert comme de l’herbe
Et nuitée sous les simples étoiles
comme je montais dormir les hiboux avaient transporté la ferme ailleurs,
longtemps j’ai écouté toute la lune, béni au milieu des écuries, les engoulevents volant parmi les meules, et les chevaux clignotant dans le Sombre.
Et puis il fallait se réveiller, et la ferme, comme un blafard voyageur errant avec la rosée, revenait,
le coq sur l’épaule : tout était brillance,
c’était Adam et la toute jeune fille,
le ciel recueillait à nouveau
et le soleil s’arrondissait pour ce jour particulier.
Cela devait donc être après la naissance de la simple lumière
au commencement, lieu en tissage, les chevaux captivés marchant au chaud
hors des hennissements de la verte écurie
sur les chants de la félicité.
Et honoré parmi les renards et les faisans de la gaie maison,
sous le nuage tout neuf et heureux autant que le cœur puisse revenir de si loin
dans le soleil naissant et renaissant encore et encore
j’ai couru dans mes chemins nonchalants
mes désirs dévalaient de-ci de-là au travers de la haute demeure du foin
et rien ne m’importait, face au bleu commerce de mon ciel, puisque ce temps permet avec ses tournants plein de mélodies si rares, de tels chants du matin
avant que les enfants verts et dorés
ne le suivent en tombant hors de la grâce.
Rien ne m’importait, en ces jours blancs comme des agneaux,
ce temps m’emporterait au plus près du grenier peuplé
par l’hirondelle démultipliée par l’ombre de ma main,
dans la lune toujours montante,
Ni dans cette chevauchée vers le sommeil,
je devrais l’entendre voler avec les champs immenses
et réveiller la ferme à tout jamais enfuie du pays des enfants.
Oh comme j’étais jeune et si facile à vivre dans la miséricorde de ses fins,
Le temps me maintient, encore vert et mourant,
Bien que je chantais encore dans mes chaînes comme la mer.
RESTE IMMOBILE, DORS DANS L’ACCALMIE
Reste immobile, dors dans l’accalmie, souffrant avec la blessure
Dans la gorge, qui brûles et fais retour. Toute la nuit à flot
Sur l’océan de silence nous avons perçu le son
Qui venait de la blessure enveloppée dans le drap de sel.
Sous la lune d’un mille au-delà, nous avons tremblé écoutant
Le bruit de l’océan couler comme sang de la blessure criante
Et quand le drap de sel se rompit en un ouragan de chants
Les voix de tous les noyés nagèrent dans le vent.
Ouvre un chemin à travers la triste lente voile,
Ouvres grandes au souffles les portes du bateau errant
Pour que commence mon voyage vers la fin de ma blessure,
Nous avons entendu le bruit de l’océan chanter, et vu le drap de sel scander.
Reste immobile, dors dans l’accalmie, cache la bouche dans la gorge
Ou nous devrons obéir, et chevaucher avec toi entre les noyés.
« Si ma tête lèse le pied d'un cheveu »
« Si ma tête lèse le pied d'un cheveu
Remballe l'os mis à bas. Si la boule vierge de mon
souffle
Heurte un larmier que les bulles jaillissent.
Plutôt choir avec le ver des cordes autour de la gorge
Que rudoyer l'amour malade sur la scène ravaudée.
« Toutes les phrases d'attaque épousent le cercle de ton
combat de coqs :
Je peignerai les forêts piégées avec un gant sur une
lampe,
Picorerai, m'élancerai, danserai sur les fontaines et esqui-
verai le temps
Avant que pelotonné je précipite le fantôme au marteau,
l'air,
Frapperai la lumière, et ensanglanterai une chambre de
cris.
p.96
Clown sur la lune
Inédit posthume attribué à Dylan Thomas
Mes larmes dérivent comme
Les pétales d’une rose magique
Et toute ma douleur coule
De la faille des cieux et de neiges sans nombre.
Je pense que si je retombais
Sur terre, je m’effriterais ;
C’est si triste et beau
C’est le tremblement d’un rêve.
Vingt-quatre ans
Vingt-quatre ans me rappellent les larmes de mes yeux
(Enterrez les morts de peur qu’ils ne marchent vers la tombe en cours)
Je suis recroquevillé en tailleur dans la porte naturelle de l’aine
cousant un linceul pour un voyage
à la lumière du soleil carnivore.
Habillé pour la mort, la pavane sensuelle a commencé,
avec mes veines rouges débordantes d’argent,
dans la direction finale de la ville élémentaire
j’avance aussi longtemps que l’éternité.
Adaptation personnelle
Dans l’autrefois c’était la couleur du dire (Once It Was The Colour Of Saying)
Dans l’autrefois c’était la couleur du dire
trempant ma table du côté le plus laid de la colline
avec un chavirement d’un champ où une école se tenait tranquille
et une nappe noire et blanche de filles jouait toujours plus;
les doux toboggans du dire je dois les anéantir
pour que les noyés jeteurs de charme se lèvent comme coq et tuent
quand je sifflais avec les garçons farceurs à travers le réservoir du parc
où la nuit arrivée nous lapidions les froids les cinglés
amants dans la saleté de leur lit de feuilles,
l’ombre de leurs arbres devenait mot à plusieurs ombres
et une lampe d’un éclair pour les pauvres dans la nuit;
Maintenant mon dire doit être ma ruine,
et toute pierre je la déviderai comme une bobine.
Le dialogue de la prière (The conversation of prayer)
Le dialogue des prières sur le point d’être dites
Par l’enfant qui va au lit et l’homme dans l’escalier
qui monte vers son aimée mourante dans la haute chambre,
L’un indifférent envers qui il ira dans son sommeil
l’autre plein de larmes si jamais elle était déjà morte
Passe de l’un à l’autre dans l’obscur le son qu’ils savent devoir s’élever
depuis le sol vert jusqu’aux cieux questionnant,
De l’homme dans l’escalier et de l’enfant dans son lit.
Le son sur le point d’être dit dans les deux prières
pour un sommeil dans un pays protégé et pour un amour qui meurt
Sera le même chagrin qui s’envole. Qui consolera-t-il ?
L’enfant dormira-t-il indemne ou l’homme va-t-il pleurer ?
Le dialogue des prières sur le point d’être dites
s’échange entre le vif et le mort, et l’homme dans l’escalier cette nuit
ne la trouvera en train de mourir mais vivante et chaude
au feu de son amour dans la haute chambre.
Et l’enfant indifférent vers qui va sa prière
se noiera dans un chagrin aussi profond que sa tombe toute faite,
et au travers de ses yeux de sommeil il fixera la vague à l’œil sombre,
le traînant en haut de l’escalier jusqu’à celle qui repose morte.
Repose sans bouger, dors apaisé (Lie still, sleep becalmed)
Repose sans bouger, dors apaisé, avec cette blessure
Dans la gorge, te consumant et te retournant. Toute la nuit surnageant
sur l’océan silencieux nous avons entendu le son
Qui venait de la blessure enroulée dans le drap du sel.
A un mille sous la lune nous avons tremblé en écoutant
la houle sonore de l’océan comme sang de la blessure bruyante
et quand le drap du sel se déchira en un orage de chants
Les voix de tous ceux qui se sont noyés remontèrent dans le vent.
Ouvre un sentier au travers de la lente et triste voile,
Jette au grand large du vent les portes du bateau errant
Pour qu’enfin commence mon voyage au bout de ma blessure,
Nous avons entendu chanter la houle sonore de l’océan, nous avons vu
Le drap du sel se raconter. Repose sans bouger, dors apaisé, cache la bouche dans la gorge,
Ou nous devrons obéir, et avec toi chevaucher au travers des noyés.
N’étant que des hommes, nous marchions dans les arbres
Effrayés, abandonnant nos syllabes à leur douceur
De peur d’éveiller les freux,
De peur d’arriver
sans bruit dans un monde d’ailes et de cris.
Enfants nous nous serions penchés
Pour attraper les freux endormis, sans briser de brindilles,
Et après une douce ascension,
Élevant nos têtes au-dessus des branches
Nous nous serions émerveillés des étoiles inaltérables.
Loin de la confusion, telle est la voie
Tel est le prodige que l’homme sait
Loin du chaos parviendrait la joie.
Cela est la beauté, disions-nous,
Enfants émerveillés par les étoiles,
Cela est le but, cela est le terme.
N’étant que des hommes, nous marchions dans les arbres,
Laisse-moi fuir
Être libre (Du vent pour mon arbre !
De l’eau pour ma fleur)
Vivre de soi à soi
et noyer les dieux en moi
Ou écraser leurs têtes vipérines sous mon pied.
pas d’espace, dis-tu, pas d’espace
Mais tu ne m’y incluras pas
Même si ta cage est robuste.
Ma force sapera ta force;
Je déchirerai l’obscur nuage
Pour voir moi-même le soleil
Pâle et déclinant, pousse atroce